La disculpation d'un deuxième policier blanc ayant tué un Noir a provoqué émoi et manifestations mercredi.
Eric Garner avait 43 ans. Petit revendeur à la sauvette de cigarettes dans les rues de Staten Island, l'un des cinq comtés de New York, il avait l'habitude de se faire contrôler par les patrouilles de police agacées par son petit trafic au grand jour. Mais le 17 juillet dernier, les choses ont mal tourné.
Excédé d'être ennuyé au quotidien, Garner résiste et le ton monte. Deux policiers en civil s'efforcent alors de maîtriser cet Afro-Américain au gabarit imposant, plutôt débonnaire à l'accoutumée, mais maintenant très agité. L'un des deux agents en civil, Daniel Pantaleo, le saisit alors par le cou, le retourne d'une clé de bras, le maintenant au sol les deux mains appuyées sur sa tête, tandis que quatre de ses collègues le menottent.
«Je ne peux pas respirer», gémit onze fois Garner, de plus en plus faiblement, avant de suffoquer littéralement, puis d'expirer sur le bitume.
La scène a été intégralement filmée sur un écran de téléphone portable par un proche de Garner, qui se trouvait à ses côtés avant d'être poussé à l'écart de ce qui constituait désormais une scène de crime.
Comme dans le cas de l'officier Darren Wilson, innocenté après avoir abattu Michael Brown, 18 ans, le 9 août à Ferguson (Missouri), Daniel Pantaleo a été disculpé mercredi par un grand jury populaire. Comme Wilson, Pantaelo est blanc. Comme Brown, Garner était noir.
Et comme dans le Missouri, des foules compactes sont descendues dans la rue sitôt connue la décision du grand jury, pour protester contre ces méthodes policières supposées racistes. Mais, cette fois, aucun débordement n'a été signalé, hormis la paralysie, neuf heures durant, des grandes artères de Manhattan, de ses ponts et de Times Square par des milliers de manifestants scandant les derniers mots de Garner, en guise de leitmotiv: «I can't breathe (je ne peux pas respirer)».
«Je ne fais aucune confiance aux juges et à la police, affirme ce jeudi Esaw Garner, la veuve d'Eric, sur CBS. Je n'ai pas ressenti une once de compassion de leur part depuis le premier jour.»
«Le plus blanc des cinq comtés»
«Staten Island est un endroit particulier, avance sur CNN Jeffrey Toobin, ancien procureur, pour expliquer cette nouvelle décision de justice controversée.
Il est le plus blanc des cinq comtés new-yorkais, de nombreux policiers de la ville y résident. Je ne pense pas qu'un grand jury serait parvenu à la même conclusion dans le Bronx ou à Brooklyn.»
L'accumulation d'incidents avec la police met «en péril la confiance placée par les citoyens dans les forces de l'ordre du pays», a déclaré mercredi le ministre de la Justice, Eric Holder, rappelant que «cette histoire ne concerne pas seulement New York ou Ferguson, mais toute l'Amérique», et que «toutes les vies doivent être respectées».
Il a ordonné mercredi soir le lancement par le juge Loretta Lynch, sa future remplaçante en 2015, d'une enquête fédérale indépendante.
«Les vies noires ne comptent pas pour rien», a renchéri le maire de New York, Bill de Blasio, lui-même marié à une Afro-Américaine, père de deux enfants métis, qui a multiplié les appels au calme.
La sanction ultime à l'encontre de l'officier Pantaleo, relégué derrière un bureau sur Staten Island, pourrait cependant venir du NYPD, la police de New York, souvent accusée de contrôles au faciès. Le haut-commissionnaire Bill Bratton, légende de la police de la ville, a indiqué qu'une enquête administrative avait été lancée en parallèle.
Si Pantaleo est reconnu coupable d'avoir violé les procédures internes, en appliquant un type d'étranglement formellement proscrit, il pourrait être licencié.
Comme dans le cas de Wilson, contraint il y a quelques jours de démissionner de la police de Ferguson, cette modeste mesure punitive ne risque guère d'apaiser les tensions raciales croissantes en Amérique.
6 Commentaires
Ma2doux
En Décembre, 2014 (20:23 PM)Tiédo Fall
En Décembre, 2014 (20:34 PM)Thiessois
En Décembre, 2014 (21:59 PM)Baldwin
En Décembre, 2014 (00:13 AM)@haha
En Décembre, 2014 (06:21 AM)Tu vois ma chere c est cela la difference entre les arabes et les occidentaux. Jamais un pouvoir arabe n oserait s en prendre a des noirs car l Islam l interdit et une bonne partie de leur population le sait. Mais chez tes droit de l hommiste tout depend de leur interet present. S ils savent qu ils risquent de devenir minoritaire ds ce pays, ils reafiront. Les repiblicains ont meme commence a change le system electoral pour tjrs gagne. Haha. Mes propos ne defendent en rien un raciste quelqu il soit c est meme pire s il est arabe car la je n ai plus rien a faire avec lui.
Beuz
En Décembre, 2014 (08:25 AM)Participer à la Discussion