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Michel Sapin réaffirme le cap économique du gouvernement

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Michel Sapin réaffirme le cap économique du gouvernement

Le gouvernement français n'a aucune intention d'amender sa politique pour soutenir davantage la demande et va continuer à mener de front soutien aux entreprises et réduction du déficit, a affirmé lundi Michel Sapin.

Le ministre des Finances se rend à Berlin lundi avec son collègue de l'Economie Emmanuel Macron pour y rencontrer leurs homologues allemands Wolfgang Schäuble et Sigmar Gabriel, et à la fois défendre la trajectoire du budget français et plaider pour une politique d'investissements plus ambitieuse.

La France, dont le projet de loi de Finances pour 2015 table sur un déficit public de 4,5%, bien au-delà de l'objectif de 3% prévu par les traités européens et repoussé désormais à 2017, veut convaincre l'Allemagne d'investir plus, au-delà des 300 milliards d'euros envisagés au niveau de l'Union européenne.

Paris prévoit une croissance du PIB de seulement 0,4% cette année et 1,0% en 2015, insuffisant pour redresser une économie atone, marquée par un chômage record et un dérapage des comptes publics.

L'exécutif, qui dit vouloir encore "accélérer" selon le mot employé dimanche par le président François Hollande, dit suivre la seule voie possible malgré les critiques dont sa politique fait l'objet en Europe comme en France, notamment au sein du Parti socialiste.

La maire de Lille, Martine Aubry, a ainsi mené une offensive remarquée dimanche en appelant de ses voeux une réorientation vers une politique plus favorable aux ménages.

Mais le gouvernement n'entend pas changer de braquet, a répondu Michel Sapin. "Le cap est celui-là: appuyer les entreprises, diminuer la dépense publique, on ne changera pas", a-t-il dit sur France Info.

"Nous avons un plan qui consiste à faire baisser les charges des entreprises pour leur permettre d'investir, d'embaucher. Est-ce qu'on va arrêter, faire un tête à queue? La réponse est non", a-t-il ajouté.

"Est-ce nous allons considérer tout à coup que la France ne dépense pas suffisamment, qu'il n'y a pas assez de dépenses publiques et est-ce qu'on va augmenter de je ne sais pas combien, 20 milliards? La réponse est non."

"LA SEULE SOLUTION"

Alors que Martine Aubry estime encore possible d'infléchir la politique menée, en aidant plus directement les ménages et en conditionnant mieux les aides aux entreprises, le ministre des Finances juge pour sa part qu'il est trop tard pour changer.

"Est-ce que c'est à mi-mandat que tout d'un coup on change de cap ? On n'aurait que des inconvénients: ni les avantages de la politique que nous menons, ni les avantages d'une autre politique parce qu'elle n'aurait même pas le temps de se mettre en place", a-t-il dit.

"Donc la seule solution aujourd'hui, c'est de réussir la politique qui est menée et je pense qu'il serait bon que chacun apporte sa pierre pour réussir cette politique", a-t-il insisté.

A l'orée d'une semaine qui, de Berlin à Bruxelles, où se tiendra jeudi et vendredi un sommet européen, va beaucoup tourner autour du projet de budget de la France pour 2015, Michel Sapin a défendu une trajectoire "raisonnable".

"Je lis ou j'entends qu'il faudrait infléchir, il faudrait ralentir le rythme de réduction de nos déficits", a-t-il relevé.

"Qu'est-ce que je fais aujourd'hui? Je dis: il ne faut pas aller à toute force vers une diminution du déficit, il faut ralentir parce qu'il faut être en adéquation avec les besoins de l'économie française et il faut par ailleurs soutenir la croissance", a dit Michel Sapin.

"Donc j'ai le sentiment que la partie sage, raisonnable de ce qui est proposé, nous le faisons aujourd'hui", a-t-il ajouté.

Michel Sapin affirme que la réduction des déficits doit être accompagnée, dans la zone euro, de réformes structurelles mais aussi d'une politique d'investissement forte, "particulièrement en Allemagne", et entend le dire avec Emmanuel Macron, lundi.

Si Michel Sapin assure que les deux ministres ne vont pas à Berlin pour obtenir "un accord je te donne ci, je te donne ça", son collègue de Bercy appelle l'Allemagne à investir 50 milliards d'euros en contrepartie du plan de 50 milliards d'économies prévu par Paris d'ici 2017.

"Ce serait un bon équilibre. C'est dans notre intérêt collectif que l'Allemagne investisse", déclare Emmanuel Macron dans le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung.

(Gregory Blachier, édité par Bertrand Boucey)



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