Wal Fadjri : Avez-vous déjà signé un accord de rapatriement avec le Sénégal ?
Miguel Àngel Moratinos : Comme vous le savez, une délégation espagnole est en ce moment au Sénégal. Nous y travaillons mais, pour le moment, rien n’a été encore signé. Nous sommes en train de discuter sur tous les points ayant trait à l’émigration clandestine et à l’émigration tout court d’une manière générale. C’est dire qu’il ne s’agit pas seulement de dialoguer sur un accord de réadmission. On ne peut pas voir l’émigration seulement sous l’angle des rapatriements. C’est un problème complexe qu’il faut prendre dans sa globalité. Ce qui implique des discussions dans des domaines certes variés, mais liés comme la coopération policière, la sécurité des frontières, le partenariat économique et financier et l’aide au développement. C’est sur tous ces éléments que nous sommes en train d’échanger aussi bien avec le Sénégal qu’avec des pays comme le Mali, le Niger et d’autres pays subsahariens, afin de déboucher sur un accord global. Lequel accord nous permettra de contrôler les flux migratoires dans le respect strict des droits humains des candidats à l’émigration clandestine. Et nous pensons atteindre cet objectif avec l’aide de nos partenaires africains aux rangs desquels le Sénégal figure en bonne place.
Wal Fadjri : Est-il vrai que le président du Sénégal Abdoulaye Wade vous a posé des conditions économiques, avant de parapher un accord de rapatriement ?
Miguel Àngel Moratinos : J’ai eu l’occasion de discuter avec le président Wade à Paris lorsqu’il recevait le prix Houphouët Boigny pour la paix. Il a fait montre d’une volonté manifeste de trouver une solution à ce drame qui frappe non seulement le Sénégal, mais beaucoup de pays subsahariens. Cette volonté de coopération est aussi manifeste chez mon collègue des Affaires étrangères du Sénégal. Un pays qui a toujours fait partie des priorités du Royaume d’Espagne en matière de coopération bilatérale. N’empêche que nous allons augmenter la part de l’aide au développement allouée au Sénégal, pour qu’ensemble nous puissions assister à son développement économique, synonyme de meilleures opportunités et de perspectives économiques heureuses pour sa jeunesse.
Wal Fadjri : Que comptez-vous faire de ces milliers d’émigrés qui continuent d’arriver sur les côtes canariennes ?
Miguel Àngel Moratinos : Ces émigrés, qu’ils soient Maliens, Nigériens, Mauritaniens ou Sénégalais seront rapatriés. Il faut qu’on soit clair sur cette question : tous ceux qui entrent illégalement en Espagne, seront expulsés. Comme vous le savez, les Sénégalais qui vivent en Espagne, ont eu à bénéficier des bienfaits du dernier procesus de régularisation des sans-papiers. Ils vivent dignement dans notre pays et donnent entière satisfaction aux entreprises qui les emploient. Mais une fois de plus, je tiens à affirmer que tous ceux qui sont arrivés en Espagne d’une manière illégale seront retournés à leur pays d’origine, tout en tenant compte de leurs droits en tant qu’individus.
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