Le Pape Benoît XVI s’est inquiété de la montée des tensions religieuses et confessionnelles. Lors de la prière de l’Angélus à la Place Saint Pierre, le chef de l’Eglise Catholique a exhorté les croyants de s’abstenir de toute violence et plaidé avec insistance pour le respect de toutes les religions. Il a incité les chrétiens à être des artisans de paix.
ROME - Le pape Benoît XVI s’est inquiété hier de la montée des tensions religieuses dans le monde et a condamné les violences commises au nom de Dieu, embrassant dans une même réprobation la "guerre des mosquées en Irak" et les affrontements entre chrétiens et musulmans au Nigeria. Durant la prière de l’Angélus place Saint-Pierre, le pape a demandé à tous les croyants de s’abstenir de toute violence en soulignant que "Dieu créateur, père de tous, demandera des comptes de manière plus sévère à ceux qui ont versé en son nom le sang de leurs frères". "J’exprime avec fermeté ma condamnation de la violation des lieux de culte", a déclaré le souverain pontife, se référant aux "attentats contre des mosquées" en Irak et à "la destruction d’églises et de mosquées" au Nigeria.
En Irak, la destruction d’un mausolée chiite à Samara le 22 février a entraîné de meurtrières représailles antisunnites et la destruction de plusieurs mosquées. Au Nigeria, dans la région d’Onitsha (sud), des violences entre chrétiens et musulmans ont fait plus de trente morts, des mosquées et des églises ont été incendiées. Le pape a aussi déploré qu’en Irak, affrontements et attentats "sèment le deuil, alimentent la haine et entravent gravement l’œuvre déjà difficile de reconstruction du pays". Il a uni dans sa prière toutes les victimes de ces violences. Durant le mois écoulé, marqué notamment par l’affaire des caricatures de Mahomet, Benoît XVI a plusieurs fois exprimé son inquiétude devant la montée des violences à motif religieux. Soucieux d’éviter tout ce qui pourrait alimenter un choc des civilisations et des religions, il a aussi plaidé avec insistance pour le respect de toutes les religions et incité les chrétiens à être des "artisans de paix".
Le 6 février, au lendemain du meurtre d’un prêtre catholique dans le nord de la Turquie, il a ainsi exprimé sa "ferme condamnation de toute forme de violence" et souhaité que la mort du père Andrea Santoro serve à "construire une authentique fraternité entre les peuples".
Le 20 février, alors que les manifestations contre les caricatures de Mahomet secouaient quotidiennement le monde musulman, le pape a jugé "nécessaire et urgent que les religions et leurs symboles soient respectés". Le croyants ne doivent pas faire l’objet "de provocations blessant leur démarche et leurs sentiments religieux", a-t-il déclaré. Il a souligné que "l’intolérance et la violence ne peuvent jamais se justifier comme des réponses aux offenses, car ce ne sont pas des réponses compatibles avec les principes sacrés de la religion". Aux évêques de Bosnie venus lui parler de la situation difficile de la minorité catholique dans ce pays encore marqué par les conséquences de la guerre, le pape a demandé samedi d’être des "artisans de paix" et de travailler à la réconciliation entre toutes les confessions.
Le 16 février, en recevant le Premier ministre libanais Fouad Siniora, Benoît XVI a aussi souligné l’engagement du Saint-Siège à travailler avec les autorités libanaises à la réconciliation et à la paix "dans le respect des droits humains et en particulier de la liberté religieuse". Mais le pape a de même souhaité que les Etats musulmans assurent aux chrétiens les mêmes libertés que ceux accordés aux musulmans dans les pays occidentaux. "Pour les croyants comme pour tous les hommes de bonne volonté, la seule voie qui peut conduire à la paix et à la fraternité est celle du respect des convictions et des pratiques religieuses d’autrui, afin que, de manière réciproque dans toutes les sociétés, soit réellement assuré pour chacun l’exercice de la religion librement choisie", a-t-il déclaré le 20 février.
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