En 2016, le jeune homme était décédé dans une caserne de gendarmes, près de deux heures après son arrestation
La cour d’appel de Paris a rejeté jeudi les demandes de la famille d’Adama Traoré, décédé lors d’une intervention des forces de l’ordre en 2016, parmi lesquelles une reconstitution de la séquence ayant conduit à cette mort.
Le 19 juillet 2016, le jeune homme de 24 ans était décédé dans la caserne des gendarmes de Persan, près de deux heures après son arrestation dans sa ville de Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise) et au terme d’une course-poursuite, après avoir échappé à une première interpellation.
Adama Traoré, devenu un des symboles des accusations de violences en provenance des forces de l’ordre, avait été interpellé lors d’une opération qui visait son frère Bagui, suspecté d’extorsion de fonds.
Trois gendarmes ayant procédé à l’arrestation ont été placés sous le statut intermédiaire de témoin assisté et depuis, la défense et la famille se livrent une bataille judiciaire mais aussi médicale autour de deux expertises contradictoires déjà versées au dossier et d’une troisième attendue pour le printemps.
Les juges d’instruction avaient refusé d’organiser une reconstitution complète de la séquence ayant conduit au décès d’Adama Traoré mais aussi d’annuler certaines pièces de la procédure parmi lesquelles l’expertise médicale de synthèse rendue en septembre 2018.
La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a examiné le 30 janvier un appel de la famille contre ces refus. Au cours de l’audience, le parquet général avait demandé de ne pas annuler les pièces, mais s’était dit favorable à une reconstitution partielle. La chambre de l’instruction a donc finalement rejeté toutes les demandes formulées par la famille d’Adama Traoré, a indiqué une source judiciaire.
La famille veut organiser la reconstitution
"Cette décision incompréhensible d’un point de vue juridique n’a aucune incidence sur la suite de la procédure puisqu’une reconstitution aura bien lieu" a indiqué Me Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille Traoré, qui annonce que les parties civiles vont "organiser et financer" elles-mêmes la reconstitution refusée par les magistrats.
"Elle sera bien entendu versée au dossier en vue de la manifestation de la vérité", a-t-il ajouté. "C’est une bonne décision" a de son côté commenté Me Rodolphe Bosselut, avocat de deux des trois gendarmes. "Une reconstitution est inutile et il aurait été quoi qu’il en soit prématuré de la faire à ce moment-là" alors que la troisième expertise n’a pas encore livré ses conclusions
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