Le parti du chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, a été battu à plates coutures par les anti-système du Mouvement 5 Etoiles (M5S), notamment à Rome et à Turin, dimanche à l'issue du second tour des élections municipales. Ce résultat représente une percée majeure pour le M5S, de l'humoriste Beppe Grillo. Il place aussi en position difficile le président du Conseil, qui a lié son avenir politique aux réformes constitutionnelles qu'il veut faire adopter par référendum au mois d'octobre. A Rome, Virginia Raggi, la candidate du M5S, l'emporte haut la main avec 67% des suffrages exprimés, face au candidat de centre gauche Roberto Giachetti et entre dans l'Histoire en devenant la première femme maire de la capitale italienne. L'intérim de la mairie était assuré depuis fin 2015 par le préfet Francesco Paolo Tronca, le maire de centre gauche Ignazio Marino ayant démissionné pour une affaire liée à ses notes de frais.
"C'est une nouvelle ère qui commence avec nous", a déclaré Virginia Raggi. "Nous travaillerons à redonner légalité et transparence aux institutions de la ville." Consolation pour Matteo Renzi, le Parti démocrate (PD) reste aux commandes à Milan, la capitale financière, ainsi qu'à Bologne, où il a battu ses adversaires traditionnels de centre droit. Matteo Renzi avait exclu de démissionner dans tous les cas de figure. A la place, il s'est engagé à se retirer de la vie politique si ses réformes, qui prévoient notamment la réduction des pouvoirs du Sénat, sont rejetées par les électeurs en octobre. Le chef du gouvernement estime que ses réformes apporteront la stabilité au pays et mettront fin à la valse des gouvernements. Mais les défaites à Rome et Turin suggèrent qu'il pourrait avoir du mal à rassembler l'Italie derrière lui. Les partis d'opposition sont opposés à la réforme. Le Parti démocrate lui-même est divisé sur le sujet
EN POSITION DE FORCE
Arrivé au pouvoir en 2014 sur la promesse d'une revitalisation du pays, Matteo Renzi a du mal à soutenir la croissance économique et la création d'emplois après des années de stagnation. Il a aussi été affecté par des affaires à répétition dans le secteur bancaire. Le PD avait anticipé sa défaite à Rome après les critiques acerbes sur sa manière d'administrer la ville, mais la perte de Turin, bastion traditionnel du centre gauche et berceau du groupe automobile Fiat, constitue un choc. Le maire sortant, Piero Fassino, un poids lourd du PD, a été balayé par la candidate du M5S, Chiara Appendino, 31 ans, qui a remporté 55% des suffrages alors qu'elle était en retard de 11 points à l'issue du premier tour.
Créé il y a sept ans, le M5S ne contrôlait jusqu'à présent qu'une poignée de communes de taille moyenne. S'il arrive à gérer efficacement Rome et Turin, le parti anti-système sera en position de force pour les élections législatives de 2018. L'impétueux Beppe Grillo, 67 ans, s'est retiré de la ligne de front politique ces 18 derniers mois pour laisser la place à une génération de jeunes dirigeants qui ont donné du M5S une image plus modérée et lui ont permis d'élargir son audience. Le M5S continue ses critiques contre la corruption endémique de la vie publique, son fonds de commerce, mais, soulignent les analystes, il s'est démarqué de son image de parti purement contestataire et ses propositions sont désormais prises au sérieux.
Il souhaite notamment mettre en place le revenu universel, renforcer les sanctions contre la criminalité en col blanc et la fraude fiscale, fermer ou privatiser un certain nombre de sociétés du secteur public et réduire la fiscalité des petits entreprises. Quelque 8,6 millions de personnes, soit un cinquième de l'électorat, étaient concernées par ce second tour qui se déroulait dans les 126 communes où aucun candidat n'avait remporté plus de 50% des voix au premier tour, le 5 juin. A Naples, le maire sortant sans étiquette, Luigi de Magistris, semblait en passe de conserver la mairie, face au candidat de droite, le candidat du PD ayant été battu dès le premier tour. Le centre droit ne remporte aucune des cinq plus grandes villes d'Italie dont la mairie était à pourvoir, mais il a réussi à prendre Trieste au centre gauche. Le taux de participation est tombé à 50,5%. Il était d'environ 60% il y a deux semaines.
(Danielle Rouquié pour le service français)
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