Les Sénégalais ayant envahi les Iles Canaris d’Espagne en 2006 comme «pêcheurs» avec des pirogues, pour une vie meilleure, commencent à voir le bout du tunnel. La plupart d’entre eux ont commencé à avoir le privilège de déposer ou de retirer leur permis de séjour. Ils ont profité de la loi favorable à ceux qui ont trois (3) années de résidence en territoire espagnol sans antécédents. Reportage à Madrid.
Des milliers de Sénégalais, qui avaient pris les pirogues en destination d’Espagne en 2006, ont commencé à recevoir leurs permis de séjour. Rencontrée il y a quelques jours à l’aéroport de Madrid, une Sénégalaise, originaire de Yarakh, raconte le périple qui l’a menée de Dakar en Espagne. Vêtue d’un grand boubou teint en «bleu ciel», elle s’apprêtait à embarquer pour Dakar. Elle confie avoir débarqué en 2006 aux côtes des Iles Canaris avec une grossesse de deux (2) mois. «Un vendredi soir du mois de janvier 2006, mon frère, sa copine et bon nombre de personnes, dont la plupart des jeunes des ASC de Kipp et Kassanga (ASC de la Zone 7 A de Yarakh Hann devenues aujourd’hui Xam Xam de la Ligue 2) sont partis en Espagne avec l’aide des piroguiers de la plage de Yarakh. Tout le quartier était mis au parfum. La semaine suivante, mon mari m’a fait savoir qu’il y a une autre pirogue en partance pour l’Espagne et que beaucoup de jeunes du quartier vont partir», selon la dame qui a requis l’anonymat. Son mari n’ayant pas d’argent, le couple est allé voir les responsables des pirogues qui, au lieu des 500 mille FCfa requis par voyageur, lui auraient fait un prix forfaitaire de 750 mille FCFA. «En jetant un coup d’œil sur les places disponibles pour le 3e départ, j’ai été surprises de voir beaucoup de jeunes filles sur la liste de ceux qui doivent partir le 3e vendredi du mois de janvier 2006. C’est ainsi que j’ai risqué ma vie pour voyager avec mon mari laissant notre petite fille, qui n’avait pas encore deux (2) ans, à la maison sous la surveillance de ma maman. Cette dernière n’était pas au courant, j’ai prétexté un voyage en Gambie pour des activités commerciales», révèle notre interlocutrice.
Rendez-vous à Dakar
Elle admet qu’à l’arrivée en Espagne, le couple avait «des difficultés pour être ensemble». «Tous les Sénégalais que nous connaissons avaient dégagé leur responsabilité en nous disant clairement que les contrôles étaient fréquents à ces moments-là où les pirogues débarquaient presque tous les jours», poursuit la dame. «Ce qui nous a finalement sauvés, c’est le fait que je traînais une grossesse de deux mois», qui m’a fait bénéficier d’une prise en charge médicale à partir du 3e mois de grossesse. Pendant, ce temps, son mari, qui avait peur d’être pris et rapatrié, a gagné l’Italie pour rejoindre son oncle. «Jusqu’à présent, il n’a pas de papier. On ne s’est pas vu durant tout le temps que nous avons passé en Europe. On s’est donné rendez-vous à Dakar pour faire un mariage officiel (mairie pour disposer de papiers) avant de procéder à un regroupement familial pour pouvoir revenir et rester en Espagne sans problème», indique la femme originaire de Yarakh.
Au centre-ville de la capitale espagnole, nous sommes tombés sur deux Sénégalais accompagnés de leur avocat qui se rendait à la Police de l’immigration pour procéder aux dépôts de leurs demandes de permis de séjour après trois années de résidence. «Nous avons passé sept (7) jours dans la mer. Quand on a foulé le sol espagnol, les gens nous parlaient de refoulements. La peur et l’inquiétude se lisaient sur les visages des uns et des autres. Nous avons connu des débuts très difficiles. N’eut été ma première copine espagnole, j’aurai pu être victime des contrôles fréquents à l’époque», à en croire l’un d’eux, Alioune Badara Ndiaye. Dans le train à destination de Barcelone, une jeune femme sénégalaise, en compagnie de son mari, nous renseigne que son frère et sa cousine, qui avaient embarqué de la plage de Thiaroye-sur-mer, ont reçu leurs permis de séjour après trois années de séjour dans la ville catalane.
Par contre, des «clandestins» Sénégalais, qui n’ont pas trois années de résidence en terre ibérique ou qui ont versé dans le trafic de la drogue, broient du noir. C. Mbaye a frôlé le pire, il a été hébergé à ses débuts par des dealers. «Moi, je ne connais pas la drogue. Je n’ai jamais vu la drogue. Seulement, j’ai eu la malchance d’avoir des problèmes… Je ne veux pas entrer sur les détails», se défend-il, ajoutant que «l’essentiel, c’est que mon avocat m’a fait savoir que mon dossier est en bonne voie et dans les prochains jours, on va ensemble déposer les papiers». D’autres sont dans l’attente des trois (3) années de résidence nécessaire pour suivre la procédure, s’ils ne sont pas chopés d’ici là par la Police de l’immigration.
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