Les bureaux de vote ont ouvert dimanche matin en Allemagne pour des législatives à suspense où sociaux-démocrates et conservateurs se disputent la succession d’Angela Merkel, qui va quitter la chancellerie après seize ans de pouvoir. L'Allemagne post-Merkel va-t-elle devenir plus instable? Quel cap pour sa politique? La gauche va-t-elle réussir à s'emparer de la chancellerie aux dépens des conservateurs? Les écologistes et les Libéraux seront-ils dans le prochain gouvernement? Tels sont les principaux enjeux des élections législatives allemandes dimanche, à l'issue très indécise.
Quelque 60,4 millions d’électeurs ont jusqu’à 18H00 (16H00 GMT) pour élire leurs députés. Selon les ultimes sondages, les sociaux-démocrates de l’actuel ministre des Finances Olaf Scholz devancent légèrement, avec 25%, les conservateurs d’Armin Laschet, crédités de 22 à 23%, un score historiquement bas pour le parti de la chancelière sortante.
La fin d'une époque?
Ce scrutin va façonner l'Allemagne de l'après-Merkel. À 67 ans, celle qui gouverne la première puissance économique européenne depuis 2005, ne se représente plus après quatre mandats et 16 ans en poste. Angela Merkel avait fait part de ses intentions dès octobre 2018, suite à un revers électoral dans l'État régional de Hesse de son parti. Elle n'entend pas non plus entamer de carrière dans les institutions européennes ou internationales, comme certains médias lui en prêtaient l'intention.
C'est la première fois depuis 1949 qu'un chef de gouvernement sortant décide de ne pas se représenter.
Sous son règne, l'Allemagne a été synonyme de prévisibilité en Europe. Cela pourrait changer après le scrutin, qui promet un émiettement des voix et un gouvernement à trois partis, par nature instable, pour piloter la première économie européenne.
Les conservateurs en danger?
Au vu des derniers sondages, le camp conservateur de la chancelière risque d'essuyer son plus mauvais score depuis la fondation de l'Allemagne moderne en 1949, avec autour de 23%, contre 32,8% en 2017.
Ils pourraient du coup perdre la chancellerie et même être relégués dans l'opposition pour la première fois depuis 2005.
Les sociaux-démocrates sont placés devant les démocrates-chrétiens - bien que de peu - dans les dernières enquêtes et rêvent de diriger le gouvernement, pour la première fois depuis Gerhard Schröder. Alors qu'ils étaient donnés moribonds il y a un an encore.
Quel score pour l'extrême-droite?
Après être devenue au précédent scrutin de 2017 la première force d'opposition à la chambre des députés, en surfant sur les craintes d'une partie de l'opinion face à l'arrivée de centaines de milliers de migrants, l'extrême-droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) semble plafonner, à environ 11% des intentions de vote. L'immigration faisant moins recette, elle a tenté de se repositionner en défenseur des "libertés" face aux restrictions anti-Covid. Son score sera du coup très suivi.
Écologistes et Libéraux au gouvernement?
Tant les écologistes, crédités de 16% environ, que le parti de droite des Libéraux (FDP), avec environ 11%, pourraient se retrouver en position de "faiseur de roi" dans un futur gouvernement de coalition.
De multiples combinaisons majoritaires devraient toutefois être possibles dans le futur parlement, allant d'une coalition purement de gauche à un gouvernement penchant à droite. Tout cela augure de négociations ardues pour former le prochain gouvernement.
Les partenaires de l'Allemagne redoutent une longue période d'immobilisme, au moment où l'Europe redoute une marginalisation géopolitique.
Quelle politique extérieure?
Le profil final du gouvernement aura un impact important sur la future politique internationale de l'Allemagne, même si les trois grands partis ont fait campagne au centre.
Le pays serait plus enclin à la solidarité financière en Europe avec un gouvernement dominé par les sociaux-démocrates et Verts qu'avec les conservateurs et Libéraux. Ces derniers sont plus favorables à des missions militaires à l'étranger que la gauche.
L'Allemagne pourrait connaître une phase de tensions avec l'Otan si un gouvernement incluant la gauche radicale de Die Linke, qui promeut la dissolution de l'Alliance atlantique, devait voir le jour.
L'évolution du couple franco-allemand, qui a parfois connu des ratés du temps d'Angela Merkel, dépendra de l'équation finale également. Et ce d'autant plus que les Français se rendront également aux urnes, en avril 2022.
Avec l'arrivée d'un nouveau gouvernement, "on attend de l'Allemagne qu'elle soit une force de proposition plus importante au niveau européen", souligne Paul Maurice, du Comité d'études franco-allemandes de l'IFRI.
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