La France s'est figée lundi à midi pour une minute de silence en mémoire des 84 victimes du tueur de Nice, court répit dans une atmosphère politique empoisonnée par une vive polémique sur l'efficacité de la lutte antiterroriste. Sur la Promenade des Anglais, théâtre du massacre du 14 juillet, des milliers de personnes se sont rassemblées à midi pour rendre hommage aux victimes, dont dix enfants et adolescents, mais au silence et à l'émotion ont succédé des cris de colère inédits depuis que la France est la cible d'attaques.
Le Premier ministre Manuel Valls, venu participer à l'hommage à Nice, a été hué à son arrivée et à son départ, et des appels à la démission ont retenti dans la foule. Cet incident illustre la tension régnant en France, frappée pour la troisième fois depuis janvier 2015 par des tueries de masse qui ont fait plus de 250 morts, et où le climat d'unité nationale qui avait prévalu au lendemain des premières attaques n'existe plus.
84 personnes ont été tuées et plus de 300 blessées jeudi soir à l'issue des célébrations de la fête nationale, fauchées par le Tunisien Mohamed Lahouaiej-Bouhlel au volant d'un camion. Les motivations et le profil du tueur restent encore mystérieux, même si le groupe djihadiste Etat islamique a revendiqué l'attentat. Mais alors que l'enquête se poursuit -le procureur de Paris, patron des magistrats antiterroristes, doit tenir une conférence de presse lundi après-midi-,
le climat politique se détériore, l'opposition de droite et d'extrême-droite accusant sans relâche les autorités de n'avoir pas assez fait pour prévenir de nouvelles attaques. "Tout ce qui aurait dû être fait depuis 18 mois ne l'a pas été", a ainsi asséné dimanche soir l'ex-chef de l'Etat Nicolas Sarkozy, évoquant "une obligation de moyens pour assurer la sécurité des Français". "Obligation de dignité" Répondant implicitement aux attaques, le chef de l'Etat François Hollande a invoqué lundi matin "une obligation de dignité et de vérité dans la parole publique", lors d'un Conseil de défense et de sécurité à l'Elysée.
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a de son côté refusé "la polémique" mais les autorités se défendent depuis plusieurs jours de tout laxisme dans la lutte antiterroriste. Selon les autorités, "100.000 policiers, gendarmes et militaires sont mobilisés pour assurer la sécurité" en France. "Nous continuerons à mener une lutte implacable contre Daech (acronyme arabe de l'Etat islamique) à l'intérieur et à l'extérieur", a répété le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian à la sortie du conseil de défense, indiquant que la France, membre de la coalition internationale anti EI, poursuivait ses frappes en Irak et en Syrie.
MM. Valls et Cazeneuve ont également affirmé, dans un communiqué commun, que l'action "résolue" de l'exécutif "donne des résultats", déclarant que "16 attentats ont été déjoués sur notre sol depuis 2013". Quatre jours après l'attaque, l'enquête n'a toujours pas permis d'établir des liens entre le tueur Mohamed Lahouaiej-Bouhlel et "les réseaux terroristes", selon le ministre de l'Intérieur. Lundi, six personnes étaient toujours en garde à vue. Parmi elles, un Albanais de 38 ans, arrêté dimanche, est soupçonné d'avoir fourni au tueur son pistolet 7,65 avec lequel il a tiré sur des policiers avant d'être abattu. Trois des six personnes interrogées ont été transférées dans les locaux de services de renseignement près de Paris.
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