SAHARA OCCIDENTAL - Trente ans de conflit : Pas de solution en vue
Le Front polisario, qui lutte contre l’occupation marocaine du Sahara occidental, célébrait, hier, le 30e anniversaire de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) proclamée avec le soutien de l’Algérie lors du retrait de l’Espagne de sa colonie largement désertique.
Bien que membre à part entière de l’Union africaine depuis 1982 et dotée d’institutions gouvernementales, la Rasd reste très largement un Etat sans territoire puisque, depuis 1975, le Maroc est retranché fermement dans ce qu’il appelle le «Sahara utile».
Celui-ci comprend notamment les principales agglomérations et les mines de phosphates, protégées depuis le début des années 1980 de la guérilla sahraouie par un «mur» de sable de 1 500 km hérissé de barbelés, miradors, radars et autres dispositifs de sécurité.
Les festivités du 30e anniversaire de la Rasd se déroulent donc, en présence de délégations étrangères, à l’extérieur du «mur», dans la petite localité sahraouie de Tifariti, 300 km au sud-ouest de la ville algérienne de Tindouf, autour de laquelle se trouvent les camps du Polisario. Hébergeant depuis leur exode de 1975-76 quelque 160 000 réfugiés qui dépendent à 95% de l’aide internationale, ces campements ont été dévastés il y a une dizaine de jours par des inondations qui ont fait 50 000 sans-abri et détruit nombre d’infrastructures de constructions précaires comme les écoles et dispensaires.
«Cette catastrophe montre une fois de plus que la question sahraouie doit être résolue au plus tôt. Le moment est venu de faire pression sur le Maroc pour qu’il accepte un référendum, seule et unique solution», a déclaré à Reuters le chef du Polisario et président de la Rasd, Mohamed Abdelaziz.
Une telle consultation, visant à offrir à la seule population originaire du Sahara occidental de trancher entre l’indépendance ou le rattachement au Maroc, était au cœur d’un plan de l’Onu accepté par les deux parties il y a une quinzaine d’années.
«INALIENABLE ET INDIVISIBLE»
Sous l’égide des Nations-Unies, une trêve est intervenue en septembre 1991 afin de favoriser la consultation sereine des Sahraouis authentiques sur la base du dernier recensement de l’administration coloniale espagnole.
La trêve tient toujours. Mais, devant les difficultés de sa mise en œuvre, notamment les désaccords entre les parties sur la population appelée à voter, le référendum a été régulièrement reporté par le Conseil de sécurité. Certains de ses membres le jugent aujourd’hui irréaliste.
Le roi Mohamed VI du Maroc, qui a succédé en 1999 à son père Hassan II, auteur du coup de poker de la «marche verte» qui avait contraint en 1975 l’Espagne à évacuer sa colonie en catastrophe, exclut désormais que l’hypothèse même de l’indépendance soit formulée.
En visite à El Ayoune, le 6 mars 2002, le jeune monarque a affirmé à ses compatriotes : «Le Maroc ne renoncera jamais à un seul pouce du territoire de son Sahara inaliénable et indivisible.»
Le Conseil de sécurité s’apprête à faire une nouvelle fois le point du dossier en avril, et il jugera de l’opportunité de proroger le coûteux mandat de la Mission des Nations-Unies pour un référendum au Sahara occidental (Minurso).
Celle-ci est composé de 230 observateurs, militaires et policiers, qui, telle la garnison du Désert des Tartares, attendent en vain depuis 15 ans de superviser un improbable référendum. Le Maroc a fait savoir qu’il présenterait dans deux mois au Conseil de sécurité un plan pour une «large autonomie» de ses «provinces sahariennes recouvrées». Le Polisario a récusé par avance tout projet excluant l’option de l’indépendance pour les quelque 400 000 natifs du Sahara espagnol.
Trente ans après son déclenchement, le conflit du Sahara occidental continue à défier tous les efforts de médiation et de paix régionaux, africains et internationaux, entretenant entre les pays du Maghreb une tension nuisible à leurs ambitions d’intégration régionale.
Le Polisario rappelle très régulièrement qu’il n’exclut pas de reprendre la guérilla armée en cas de prolongation du déni du droit à l’autodétermination des Sahraouis, dernier peuple du continent africain n’ayant pas bénéficié d’un processus de décolonisation en bonne et due forme.
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