La recrudescence des actes de piraterie maritime, bien au-delà des côtes somaliennes -cinq embarcations prises d’assaut par les hors-la-loi et passés sous leur contrôle, corps et biens, ces dernières 72 heures - révèle toute l’impuissance de la communauté internationale à juguler un phénomène dangereux. Que cette dernière n’arrive pas à relever ce défi que lui ont lancé clairement, depuis deux ans, ces hommes venant d’un pays classé parmi les plus pauvres de la Planète est inquiétant. C’est un principe fondamental, celui de la libre circulation des marchandises et des hommes sur une route maritime internationale très fréquentée qui est bafoué.
Le commerce international risque d’en être profondément affecté. Gouvernants, négociants, armateurs et assureurs en ont perdu le sommeil.
Nul ne peut prétendre pourtant, que les Etats du monde n’aient rien tenté pour annihiler ce fléau surgi du fond des âges, ayant ses racines dans la préhistoire de la navigation et qui sévit toujours dans d’autres aires maritimes telles que la Mer de Chine, le Golfe de Guinée.
En envoyant des navires et des avions au large de la Somalie, pour les besoins d’Atalante, l’opération anti-piraterie, les Etats-Unis, la France, le Japon, la Turquie, l’Inde, la Chine, etc., semblaient avoir pris la pleine mesure de ce péril et avoir trouvé la bonne solution. Mais, à l’épreuve du théâtre d’opération, cette armada est loin d’être la force de dissuasion massive idéale. Elle a vite montré ses limites.
Traquer du pirate dans cette immensité maritime équivaut, pour elle, à chercher une aiguille dans un sac de son. Ses navires et ses hélicos ne seraient donc que des jonques de papier. On peut, du reste, s’étonner que la communauté internationale n’ait pas pris des mesures plus énergiques encore, comme elle l’a fait dans sa lutte contre le terrorisme international. Sur le plan de la législation, le droit maritime international est resté en l’état.
Dans les eaux internationales, des bateaux de guerre d’Atalante hésitent à apporter une riposte musclée aux vedettes-pirates ayant attaqué un bateau marchand, à les fouiller ou même, parfois, à arrêter leur équipage. Cela, d’autant plus que les questions sur le lieu de détention des pirates capturés et de leur jugement ne sont toujours pas tranchées. Celle du trafic d’armes encouragé par certains pays bien connu et qui jettent ainsi de l’huile sur le brasier somalien, ne l’est pas, non plus. Pendant combien de temps les nouveaux « frères de la côte » vont-ils continuer à sévir ? Tout le monde sait que la piraterie dans cet espace maritime est favorisée par l’instabilité en Somalie et l’absence d’un Etat fort au Puntland, ce territoire somalien autonome ayant fait sécession au début de la guerre civile en Somalie. Faute d’avoir su imposer la paix dans cette Somalie qui se débat dans la violence et l’anarchie, tous les pays dont les bateaux marchands ou de plaisance passent par l’océan Indien, la Mer Rouge, ou entre Suez, le Yémen et le Cap de Bonne Espérance, ou encore, comme ces derniers jours, au sud du Kenya, courront le risque de subir la loi de ces flibustiers. Avec les rançons que ceux-ci et leurs bailleurs obtiennent en échange de la libération de leurs prises et de leurs otages, le crime organisé prospérera sur les mers dans cette parie du monde.
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