L'avocat belge Sven Mary n'assurera en fin de compte pas la défense de Salah Abdeslam lors du procès français sur les attentats de Paris, qui débutera le 8 septembre, confirme-t-il dans un entretien publié par De Morgen et Het Laatste Nieuws ce mardi.
Me Mary, 49 ans, affirme avoir donné la priorité à ses filles. Lors du précédent procès concernant son client Salah Abdeslam à Bruxelles, ces dernières avaient été placées sous protection policière. "L'aînée (NDLR: Louisa) a 12 ans et est encore très angoissée. Elle a peur quand quelqu’un sonne à la porte. Elle a peur que quelqu’un s’en prenne à moi”, explique l'avocat, pour qui le procès à Paris, qui doit durer huit mois, ne serait pas non plus tenable d'un point de vue pratique et financier.
“Une finale de Ligue des Champions”
“Bien sûr que ça m’a rongé", confie Sven Mary à nos confrères d’Het Laatste Nieuws. “Pour un avocat pénaliste, ce procès, c’est comme une finale de Ligue des Champions (...) Mais je n’y plaiderai pas. J’ai pris la décision lors de mes vacances en Espagne. Elle est mûrement réfléchie (...) Quand j’ai promis à ma fille Louisa que je n’y irais pas, elle m’a sauté au cou. Elle était si heureuse. Je ne peux pas trahir ma parole, mes enfants ne le comprendraient pas”. Noa, un an plus jeune que sa soeur, est également “ravie aussi de ne pas être privée de son père pendant 8 mois”, ajoute-t-il.
Plus important que la célébrité
Sven Mary est conscient qu'il passe à côté d’une opportunité professionnelle unique: l’occasion d’entrer dans l’histoire de la justice en tant qu’avocat du seul membre survivant du commando des attentats de Paris. “Lors des prochains mois, j’aurais multiplié les interventions sur les grands plateaux de télé français. Une position à laquelle de nombreux avocats ne sont pas insensibles et qui flatte l’ego. Mais en regard du bien-être de ses enfants, le compte est vite fait”, tranche-t-il.
Un intérêt personnel, pas financier
“Le dossier Salah Abdeslam m’intéresse au plus haut point. Pourquoi les gens commettent-ils de telles atrocités au nom de leur religion? L’aider ou ne pas l’aider n’a jamais été une question d’argent pour moi. Mais nous parlons d’un procès qui va durer huit mois. Huit mois durant lesquels je suis donc censé loger à l’hôtel (...) D’autre part, j’ai également des affaires à défendre en Belgique. Cela n’aurait pas été possible depuis Paris”.
Pas une rupture définitive
Sven Mary a fait part de sa décision par courrier à Salah Abdeslam, 31 ans, qui ne se retrouve pas sans défense pour autant. Il est représenté par les avocats français Olivia Ronen et Martin Vettes. Il n'est pas non plus question d'une rupture définitive. "Abdeslam sait qu'il peut compter sur moi durant le procès en Belgique sur les attentats de Zaventem et Maelbeek", déclare Me Mary. “Mes enfants seront plus âgés d’ici là. Peut-être qu’ils seront alors capables de mieux assumer la situation. Je pense aussi qu’il y a beaucoup à dire sur le plan juridique, peut-être même plus que sur le dossier parisien (...) Mais ce sera à Salah Abdeslam de décider s’il veut toujours de moi comme avocat”, conclut Sven Mary
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