Le président Bachar el-Assad a limogé jeudi 11 juin son Premier ministre au moment où la Syrie, ensanglantée par la guerre depuis 2011, est confrontée à une aggravation de la crise économique avec une forte dépréciation de la monnaie nationale.
Nommé en 2016, Imad Khamis, 58 ans, a été relevé de ses fonctions et remplacé par le ministre des Ressources en eau, Hussein Arnous, qui dirigera le gouvernement jusqu'aux élections législatives prévues le 19 juillet, a indiqué la présidence dans un communiqué.
Tout comme son prédécesseur, le nouveau Premier ministre fait l'objet depuis plusieurs années de sanctions imposées par les Etats-Unis et l'Union européenne contre le régime d'Assad.
Le limogeage de Imad Khamis intervient au moment où le gouvernement est critiqué pour sa gestion de la crise, aggravée par une forte dépréciation de la livre syrienne, outre la multiplication des mesures d'austérité.
« Loi César »
Si le taux de change officiel est actuellement de 700 livres pour un dollar, au marché parallèle le cours de la monnaie nationale a dépassé récemment les 3 000 livres pour un dollar. Avant le début de la guerre, le dollar s'échangeait à 48 livres au taux fixé par la Banque centrale.
Lors d'une séance parlementaire dimanche à Damas, le député Achwaq Abbas a fustigé les « mauvaises politiques du gouvernement », tandis qu'un autre élu a exigé une action immédiate de la Banque centrale.
Pour des experts, la dépréciation en cours s'explique notamment par la frilosité du monde des affaires avant l'adoption mi-juin de nouvelles sanctions américaines prévues par la « loi César ». Le texte, promulgué en décembre par le président Trump, prévoit un gel de toute aide à la reconstruction pour les autorités syriennes ainsi que des sanctions contre le gouvernement de Bachar el-Assad ou des entreprises collaborant avec celui-ci.
Ses prérogatives [celles du Premier ministre, Ndlr] sont relativement limitées, et elles concernent principalement l’économie. C’est pour cela qu’Imad Khamis a été limogé. C’est à mettre en relation avec la situation économique catastrophique que traverse la Syrie aujourd’hui. (…) On se sert du Premier ministre comme bouc-émissaire ou comme fusible. C’est en tout cas le message que veut envoyer Bachar el-Assad à la population.
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