Au procès des attentats de janvier 2015, un hommage a été rendu lundi à Samuel Paty, professeur décapité à Conflans-Sainte-Honorine, l'avocat de Charlie Hebdo estimant que ce dernier avait "eu raison" de montrer les caricatures de Mahomet à ses élèves.
La cour d'assises spéciale de Paris, où sont jugées 14 personnes accusées de soutien logistique aux auteurs des tueries de Charlie Hebdo, Montrouge et de l'Hyper Cacher, "tient à exprimer son émotion suite à l'assassinat" de M. Paty, a déclaré le président Régis de Jorna. Cet enseignant, tué après avoir montré en classe des caricatures de Charlie Hebdo, est "mort du seul fait d'avoir transmis à ses élèves ce que représentait la liberté de pensée et la liberté d'expression", a poursuivi le président à la reprise des débats.
“Nous avons eu raison de publier ces caricatures, Samuel Paty a eu raison d’en parler”
"Encore une fois, ce sont des caricatures de Charlie Hebdo" qui sont en cause, mais "ce ne sont pas ceux qui les ont dessinées qui sont morts mais ceux qui les ont montrées", a martelé l'avocat de l'hebdomadaire satirique, Me Richard Malka. En France, "il y a une liberté d'expression, il y a une liberté d'enseigner. Nous avons eu raison de publier ces caricatures, Samuel Paty a eu raison d'en parler", a insisté le conseil historique de Charlie Hebdo.
En marge de l'audience, l'avocat a dénoncé "les fascistes islamistes" qui "s'en prennent à tous les fondements de la République".
"Mais ils ne l'ont pas fait seuls", a ajouté Me Malka, en pointant la responsabilité de "complices" qui manient des "accusations d'islamophobie constantes (...) en inventant des faits, comme l'a fait ce père de famille qui appelait à la haine dans une vidéo et dont la fille n'était même pas dans le cours auquel elle était censée avoir assisté.” Samuel Paty avait été qualifié de "voyou" par le père d'une collégienne sur les réseaux sociaux, et avait également été ciblé par le militant islamiste radical Abdelhakim Sefrioui.
Minute de silence
Le professeur a été décapité vendredi vers 17H00 près du collège où il enseignait l'histoire-géographie dans un quartier calme de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). Son assaillant, un Russe tchétchène de 18 ans, a ensuite été tué de neuf balles par la police. Dans un message diffusé sur Twitter, ce dernier a expliqué son meurtre en disant vouloir se venger de celui "qui a osé rabaisser Muhammad". Ce geste a provoqué l'effroi en France, poussant des dizaines de milliers de personnes à se rassembler dimanche.
"Quand un professeur est lâchement et odieusement décapité parce qu'il enseignait la liberté d'expression, nous sommes tous concernés", a estimé l'un des avocats de la défense au procès de Charlie Hebdo, Me Jean Chevais. "Soyons unis le temps d'une minute pour Samuel Paty", a-t-il ajouté. Un message soutenu par Samia Maktouf, avocate de parties civiles, qui a appelé à "la défense de la liberté d'expression et de la liberté de penser".
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