Donald Trump souhaite qu’un procès en destitution (“impeachment”) ait lieu au Sénat parce que le président américain bénéficiera alors d’une procédure régulière et il s’attend à ce que le candidat à l’investiture démocrate Joe Biden figure parmi les témoins, a dit jeudi la Maison blanche.
Cette annonce intervient huit jours après le début des auditions publiques au Congrès dans le cadre de l’enquête préalable à une éventuelle mise en accusation du président républicain.
L’ambassadeur américain auprès de l’Union européenne, témoin clé de l’enquête, a déclaré mercredi avoir collaboré avec Rudy Giuliani, avocat personnel de Donald Trump, sur les ordres de ce dernier, dans l’”affaire ukrainienne”.
Les démocrates estiment que Trump est passible d’une destitution pour avoir demandé à un dirigeant étranger, le président ukrainien Volodimir Zelenski, que Kiev enquête sur Joe Biden, ex-vice-président de Barack Obama et favori de la course à l’investiture démocrate que Trump pourrait donc affronter lors de l’élection présidentielle de novembre 2020.
Dans un communiqué, un porte-parole de la présidence américaine indique que Donald Trump veut la tenue d’un procès au Sénat “parce que c’est clairement la seule chambre (du Congrès) où il peut compter sur l’équité et bénéficier d’une procédure régulière en vertu de la Constitution”.
“Nous nous attendrions à entendre enfin des témoins qui ont réellement été témoins et ont peut-être pris part à la corruption - comme Adam Schiff, Joe Biden, (son fils) Hunter Biden et le soi-disant lanceur d’alerte, entre autres”, dit Hogan Gidley, en référence notamment au président démocrate de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, figure centrale de l’enquête visant Donald Trump.
La Maison blanche refuse de coopérer avec l’enquête, qu’elle a par le passé décrite comme “illégitime” et anticonstitutionnelle, dénonçant une manoeuvre politique des démocrates en vue du scrutin de l’an prochain.
Le chef de file de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a déclaré plus tôt dans le mois que si un procès avait lieu dès à présent au Sénat, Donald Trump ne serait pas destitué de ses fonctions.
La procédure a été formellement lancée le 24 septembre par Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, avant que la Chambre vote formellement le mois dernier la poursuite de la procédure.
Il appartiendra à la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, de se prononcer au terme de l’enquête sur la mise en accusation de Donald Trump.
Si l’impeachment franchit l’obstacle de la Chambre - la majorité simple suffit pour cela -, un procès de déroulera alors au Sénat, où les républicains sont majoritaires et où la majorité qualifiée des deux tiers est nécessaire.
Pour que la procédure aboutisse, il faudrait donc qu’au moins 20 des 53 sénateurs républicains votent la destitution de Trump, en plus de la totalité des 45 élus démocrates et des deux indépendants.
Cette enquête a été ouverte après qu’un membre des services du renseignement américain a lancé l’alerte sur une conversation téléphonique le 25 juillet dernier entre Trump et Zelenski, accusant le président américain d’avoir fait pression pour que Kiev ouvre une enquête à des fins personnelles.
Eric Beech; Jean Terzian pour le service français
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