Valérie Trierweiler, qui se rêvait en "First Lady journaliste", n'a pas tardé à faire la "une" de l'actualité mais la Première dame de France a surtout réussi à faire l'unanimité contre elle avec son tweet en forme de couac.
En formulant mardi des encouragements au dissident socialiste opposé à La Rochelle à Ségolène Royal, la compagne de François Hollande a fait plus que brouiller la campagne des élections législatives et ajoute aux difficultés de la mère des enfants de François Hollande, en position délicate.
Selon un sondage Ifop réalisé partiellement après la diffusion du tweet, la présidente de la région Poitou-Charentes est créditée de 42% des voix contre 58% à Olivier Falorni et pourrait donc dire adieu à la présidence de l'Assemblée dont elle a fait son objectif officiel.
A l'origine du premier accroc dans une présidence que l'homme dont elle partage la vie voulait "normale", le bref message composé par Valérie Trierweiler sur le réseau social pose une question claire : peut-elle jouer un rôle politique ?
La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a souligné que le sujet n'avait pas été évoqué lors du conseil des ministres, tout en rappelant la position de François Hollande.
Valérie Trierweiler "a le droit d'exprimer une opinion personnelle. Il faut la distinguer du soutien très clair, qui ne laisse pas place à la moindre ambiguïté, apporté par le président de la République et le Premier ministre et le gouvernement et le PS à la candidate Ségolène Royal à La Rochelle", a-t-elle déclaré lors du compte rendu.
"Mme Trieweiler est une femme libre et moderne, qui s'exprime librement", a-t-elle ajouté.
Pour le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, elle peut le faire, mais "c'est un rôle discret qui doit être le sien, et qui n'est pas facile à trouver".
"Chacun doit être à sa place", a ajouté Jean-Marc Ayrault dans l'émission Questions d'info LCP/Le Monde/AFP/France Info.
Nombreux sont ceux au Parti socialiste qui partagent son avis tandis que l'opposition se délecte de ce cadeau inespéré et que certains profitent de ce "tweetgate" à la française pour relancer le débat sur le statut de Première dame.
"La première gaffe de France", titre mercredi Libération, pourtant bien disposé envers le pouvoir socialiste mais embarrassé par cette intrusion du vaudeville dans la politique.
L'expression fortement médiatisée de la relation difficile entre Valérie Trierweiler et la mère des quatre enfants du chef de l'Etat évoque en outre la confusion entre vie privée et vie publique qui avait marqué les premiers faux-pas du quinquennat de Nicolas Sarkozy.
MÉLANGE DE GENRES
Le mélange des genres pratiqué par celle qui avait affirmé à Reuters voir la fonction de Première dame de France comme un "second rôle" interpelle à droite comme à gauche.
"On ne sait pas si Valérie Trierweiler s'exprime comme compagne du président de la République, s'exprime comme militante socialiste ou s'exprime comme journaliste engagée", a fait valoir Nathalie Kosciusko-Morizet.
"Si demain on a la même confusion pour un sujet majeur pour la France, pour l'image de la France dans le monde, il se passe quoi ?" a ajouté l'ancienne ministre de l'Ecologie sur RMC et BFM-TV.
A gauche, où l'on aurait préféré débattre des relations dangereuses entre l'UMP et le Front national à l'approche du second tour des législatives, le malaise est également perceptible.
A la question de savoir si Valérie Trierweiler était sortie de son rôle, François Rebsamen, un proche du chef de l'Etat, a répondu : "Oui, je le pense."
"C'est un message personnel qui répond a des considérations personnelles alors même qu'il faut, je crois, qu'elle prenne la réserve qui doit être la sienne en tant que compagne du président de la République", a ajouté le sénateur-maire de Dijon sur France Info. "Il faut qu'elle apprenne à tenir la place qui est la sienne, c'est-à-dire la réserve".
Pour Claude Bartolone, Valérie Trierweiler à commis "une faute" en témoignant son amitié pour Olivier Falorni alors que Ségolène Royal dispose du soutien du Parti socialiste comme du président de la République.
DE CHAIR ET DE SANG
"Un tweet ça va, deux tweets, bonjour les dégâts !", a dit le député de Seine-Saint-Denis sur Canal+.
"Si nous n'étions pas en campagne électorale, qu'il puisse y avoir une nouvelle fois la démonstration que la politique est faite par des femmes et des hommes de chair et de sang, avec leurs haines, leurs amours et leurs passions, cela ne me dérangerait pas. Mais actuellement c'est d'une chose beaucoup plus importante est question", a-t-il ajouté.
Si, pour le patron de l'UMP, Jean-François Copé, il s'agit d'"un sujet people et pas institutionnel", d'autres ont un avis différent, comme l'UMP Patrick Ollier, ancien ministre et ancien président de l'Assemblée nationale, qui réclame carrément une loi pour définir le statut de première dame.
"Parce que le législateur doit se mettre au rythme de la société, il faut une loi organique pour définir le statut de Première dame de France", écrit ce dernier dans un communiqué.
"Le tweet de Valérie Trierweiler est à l'évidence une faute car lorsque l'on est conjointe, compagne ou épouse du premier magistrat de France, on ne doit pas avoir de prises de parole s'immisçant dans le débat politique, quelle que soit la forme (...) à moins d'être soi-même un élu", ajoute-il.
Plus cruelle encore est la présidente du Front national, Marine Le Pen, qui évoque dans le Télégramme de Brest un "débat entre socialistes" avant de lâcher :
"Ce qui est sûr, c'est qu'on peut constater que Mme Trierweiler est peut-être la Première dame, mais elle n'est certainement pas une grande dame".
Patrick Vignal, avec le service France, édité par Yves Clarisse
3 Commentaires
Tarwallé
En Juin, 2012 (19:30 PM)Sean
En Juin, 2012 (00:15 AM)Ndiayede
En Juin, 2012 (09:27 AM)Participer à la Discussion