Au cœur de la procédure: le coûteux achat d'un immeuble de prestige à Londres dans le cadre des activités d'investissement du Saint-Siège.
Le procès pour divers délits financiers du cardinal Becciu et de ses coprévenus, qui avait débuté fin juillet, reprend mardi 5 octobre au Vatican, où pour la première fois un religieux de si haut rang est jugé. Dès son ouverture le 27 juillet, le procès avait été renvoyé à octobre, le tribunal ayant accédé à la requête de la défense de bénéficier de temps supplémentaire pour se préparer. Au centre de ce procès hors normes devant le tribunal du plus petit État du monde se trouve Angelo Becciu, démis de ses fonctions et privé de ses privilèges de cardinal par le souverain pontife en septembre 2020. Au cœur de la procédure: le coûteux achat d'un immeuble de prestige à Londres dans le cadre des activités d'investissement du Saint-Siège, dont le patrimoine immobilier est considérable.
Deux ans d'enquête sur le rôle d'Angelo Becciu mais aussi d'autres hauts responsables de l'administration vaticane, de sociétés offshore et d'intermédiaires ont débouché sur la mise en cause de dix protagonistes qui doivent notamment répondre de fraude, détournement de fonds, abus de pouvoir, blanchiment, corruption, extorsion... L'instruction a décrit un imbroglio «quasi inextricable» de fonds d'investissement spéculatifs avec effet de levier, de banques, d'institutions de crédit, de personnes physiques et juridiques... L'affaire a mis en évidence l'utilisation imprudente du Denier de Saint-Pierre, la grande collecte annuelle de dons dédiés aux actions caritatives du pape. Avec un prix d'achat surévalué, une hypothèque cachée, et un Saint-Siège longtemps privé de tout contrôle, voire victime d'extorsion, l'acquisition est devenue un cauchemar pour la réputation de l'Église.
À la barbe du Vatican
Sur les dix prévenus, la moitié travaillait dans la Cité du Vatican lors de l'achat en deux temps de l'immeuble de 17.000 m² situé au 60 Sloane Square, dans le chic quartier londonien de Chelsea. En 2013-2014, la Secrétairerie d'État emprunte plus de 200 millions de dollars (166 millions d'euros de l'époque, notamment au Crédit Suisse) pour investir dans le fonds luxembourgeois «Athena» d'un homme d'affaires italo-suisse, Raffaele Mincione. La moitié de la somme est destinée à l'achat de 45% de l'immeuble londonien, l'autre moitié à réaliser des placements boursiers.
Raffaele Mincione utilise l'argent de l'Église pour «des opérations spéculatives», comme le rachat de banques fragiles. En conflit d'intérêts, pointent les magistrats, il finance aussi ses propres projets. Le Saint-Siège, qui essuie des pertes et n'a aucun contrôle sur le choix d'investissements pas forcément éthiques, décidera quatre ans plus tard, fin 2018, de mettre un terme au partenariat. Un nouvel intermédiaire londonien, l'Italien Gianluigi Torzi, est alors choisi pour négocier la rupture avec Raffaele Mincione - qui va obtenir 40 millions de livres sterling - et la pleine propriété de l'immeuble par le Vatican. Gianluigi Torzi s'adjugera toutefois le contrôle du bien (à travers des actions avec droits de vote) à la barbe du Vatican.
Deux personnes auraient particulièrement aidé les deux intermédiaires londoniens, contre rémunération: Enrico Crasso, de nationalité suisse et un ex-banquier du Credit Suisse, pendant des décennies un consultant financier de la Secrétairerie d'État du Vatican, et Fabrizio Tirabassi, un employé italien de cette section. Quant à Angelo Becciu, il était en 2014 «Substitut de la Secrétairerie d'État», numéro deux et l'équivalent d'un ministre de l'Intérieur en contact constant avec le pape François. Seront également appelés à comparaître son ancien assistant, le père Mauro Carlino, ainsi que les deux ex-dirigeants du gendarme financier du Vatican (AIF, depuis lors restructuré et renommé), le Suisse René Brülhart et l'Italien Tommaso Di Ruzza.
Sans lien avec l'achat londonien, une femme, Cecilia Marogna, affirme pour sa part avoir été employée par le cardinal de 73 ans pour des activités de renseignement visant à faire libérer des religieux enlevés, et a perçu 575.000 euros de la Secrétairerie d'État sur un compte slovène. Enfin, le procès se penchera sur un autre dossier lié aussi au cardinal Becciu: le financement à hauteur de 825.000 euros de l'entreprise de son frère pour des activités possiblement non caritatives.
Le procès pour divers délits financiers du cardinal Becciu et de ses coprévenus, qui avait débuté fin juillet, reprend mardi 5 octobre au Vatican, où pour la première fois un religieux de si haut rang est jugé. Dès son ouverture le 27 juillet, le procès avait été renvoyé à octobre, le tribunal ayant accédé à la requête de la défense de bénéficier de temps supplémentaire pour se préparer. Au centre de ce procès hors normes devant le tribunal du plus petit État du monde se trouve Angelo Becciu, démis de ses fonctions et privé de ses privilèges de cardinal par le souverain pontife en septembre 2020. Au cœur de la procédure: le coûteux achat d'un immeuble de prestige à Londres dans le cadre des activités d'investissement du Saint-Siège, dont le patrimoine immobilier est considérable.
Deux ans d'enquête sur le rôle d'Angelo Becciu mais aussi d'autres hauts responsables de l'administration vaticane, de sociétés offshore et d'intermédiaires ont débouché sur la mise en cause de dix protagonistes qui doivent notamment répondre de fraude, détournement de fonds, abus de pouvoir, blanchiment, corruption, extorsion... L'instruction a décrit un imbroglio «quasi inextricable» de fonds d'investissement spéculatifs avec effet de levier, de banques, d'institutions de crédit, de personnes physiques et juridiques... L'affaire a mis en évidence l'utilisation imprudente du Denier de Saint-Pierre, la grande collecte annuelle de dons dédiés aux actions caritatives du pape. Avec un prix d'achat surévalué, une hypothèque cachée, et un Saint-Siège longtemps privé de tout contrôle, voire victime d'extorsion, l'acquisition est devenue un cauchemar pour la réputation de l'Église.
À la barbe du Vatican
Sur les dix prévenus, la moitié travaillait dans la Cité du Vatican lors de l'achat en deux temps de l'immeuble de 17.000 m² situé au 60 Sloane Square, dans le chic quartier londonien de Chelsea. En 2013-2014, la Secrétairerie d'État emprunte plus de 200 millions de dollars (166 millions d'euros de l'époque, notamment au Crédit Suisse) pour investir dans le fonds luxembourgeois «Athena» d'un homme d'affaires italo-suisse, Raffaele Mincione. La moitié de la somme est destinée à l'achat de 45% de l'immeuble londonien, l'autre moitié à réaliser des placements boursiers.
Raffaele Mincione utilise l'argent de l'Église pour «des opérations spéculatives», comme le rachat de banques fragiles. En conflit d'intérêts, pointent les magistrats, il finance aussi ses propres projets. Le Saint-Siège, qui essuie des pertes et n'a aucun contrôle sur le choix d'investissements pas forcément éthiques, décidera quatre ans plus tard, fin 2018, de mettre un terme au partenariat. Un nouvel intermédiaire londonien, l'Italien Gianluigi Torzi, est alors choisi pour négocier la rupture avec Raffaele Mincione - qui va obtenir 40 millions de livres sterling - et la pleine propriété de l'immeuble par le Vatican. Gianluigi Torzi s'adjugera toutefois le contrôle du bien (à travers des actions avec droits de vote) à la barbe du Vatican.
Deux personnes auraient particulièrement aidé les deux intermédiaires londoniens, contre rémunération: Enrico Crasso, de nationalité suisse et un ex-banquier du Credit Suisse, pendant des décennies un consultant financier de la Secrétairerie d'État du Vatican, et Fabrizio Tirabassi, un employé italien de cette section. Quant à Angelo Becciu, il était en 2014 «Substitut de la Secrétairerie d'État», numéro deux et l'équivalent d'un ministre de l'Intérieur en contact constant avec le pape François. Seront également appelés à comparaître son ancien assistant, le père Mauro Carlino, ainsi que les deux ex-dirigeants du gendarme financier du Vatican (AIF, depuis lors restructuré et renommé), le Suisse René Brülhart et l'Italien Tommaso Di Ruzza.
Sans lien avec l'achat londonien, une femme, Cecilia Marogna, affirme pour sa part avoir été employée par le cardinal de 73 ans pour des activités de renseignement visant à faire libérer des religieux enlevés, et a perçu 575.000 euros de la Secrétairerie d'État sur un compte slovène. Enfin, le procès se penchera sur un autre dossier lié aussi au cardinal Becciu: le financement à hauteur de 825.000 euros de l'entreprise de son frère pour des activités possiblement non caritatives.
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