Le chef de la diplomatie française est arrivé jeudi en Libye pour une visite-éclair destinée à soutenir les efforts de l‘Onu en faveur d‘une transition politique qui s‘enlise et étudier les moyens de faire face plus efficacement à la crise migratoire. Jean-Yves Le Drian devait s‘entretenir avec le chef du gouvernement libyen d’union nationale (GNA) Fayez Seraj, soutenu par l‘Onu mais non reconnu par le Parlement libyen, et le ministre de l‘Intérieur libyen, puis se rendra dans un camp de migrants près de Tripoli.
Il fera ensuite étape à Benghazi, où il rencontrera le maréchal Khalifa Haftar, l‘homme fort de l‘Est libyen dont les succès militaires lui ont valu les faveurs des puissances occidentales. L‘Onu, sous l’égide de son représentant spécial Ghassan Salamé, s‘efforce de relancer le processus politique libyen sur la base des accords de Skhirat de décembre 2015, que Khalifa Haftar juge désormais caducs.
Le Conseil de sécurité a rappelé que ces accords, qui ont théoriquement expiré le 17 décembre dernier, restaient le seul cadre viable pour régler la crise politique, avec la perspective d‘une élection présidentielle en 2018. “C‘est une période charnière pour la Libye. Le ministre soulignera que nous sommes tous calés sur la médiation des Nations unies”, indique-t-on de source diplomatique française.
Jean-Yves Le Drian évoquera en outre avec des représentants de l‘Onu sur place les moyens de faire face à la crise migratoire qui déstabilise un peu plus la Libye, plaque tournante pour les candidats à l‘exil tentant de rejoindre l‘Europe par la mer.
TRAITE D‘ESCLAVES
Les passeurs exploitent le chaos qui règne dans le pays depuis l‘intervention de l‘Otan et la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Un reportage de la chaîne de télévision américaine CNN diffusé mi-novembre a provoqué un émoi mondial en montrant un marché aux esclaves, près de Tripoli, où étaient vendus aux enchères des migrants d‘Afrique subsaharienne.
L‘Onu et plusieurs ONG venant en aide aux réfugiés ont alerté sur les conditions de détention “inhumaines” de dizaines de milliers de migrants et les exactions des garde-côtes libyens, que l‘Union européenne forme à l‘interception des bateaux qui se livrent au trafic d’êtres humains. Amnesty International, dans un récent rapport, accuse les gouvernements européens d’être complices “de la torture et des abus endurés par des dizaines de milliers de réfugiés et de migrants détenus par les services libyens de l’immigration dans des conditions épouvantables en Libye”.
Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a annoncé mardi son intention d’évacuer en 2018 entre 5.000 et 10.000 réfugiés jugés “très vulnérables” vers des pays tiers. La France a accueilli lundi un premier groupe de 19 migrants évacués de Libye. L‘Union européenne, l‘Union africaine et l‘Onu sont tombées d‘accord fin novembre sur la mise en place d‘une “task force” visant à démanteler les réseaux de passeurs.
John Irish, version française Sophie Louet, édité par Yann Le Guernigou
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Anonyme
En Décembre, 2017 (12:12 PM)Participer à la Discussion