Le pouvoir iranien a de nouveau coupé sans explication, depuis lundi 20 février, l'accès à la plupart des messageries et sites Internet étrangers, suscitant une flambée de critiques jusqu'au sein du pouvoir. " Les courriels ont de nouveaux été coupés et la patience des utilisateurs est à bout ", selon l'Iranian Students' News Agency (ISNA), qui a notamment dénoncé " la perturbation apportée aux activités de ceux qui utilisent Internet pour des besoins professionnels ".
Les accès aux messageries Gmail, de Google, Yahoo! et Hotmail, de Microsoft, utilisées par des millions d'Iraniens, ont déjà été interrompus durant plusieurs jours au début de février. Mardi, les médias iraniens sont nombreux à dénoncer l'absence d'explication des autorités. Le pouvoir "joue avec les nerfs des utilisateurs de l'Internet", accuse le quotidien réformateur Shargh à sa une mardi, critiquant le fait que les différents départements du ministère des télécommunications "se renvoient la balle" pour expliquer les nouvelles restrictions.
"La coupure des liaisons Internet a créé de nombreux problèmes pour les usagers", proteste le site Alef.ir du député conservateur influent Ahmad Tavakoli, président du Centre de recherche du Parlement. "Aucun responsable des télécommunications ou des services de sécurité n'a donné d'explication à cette mesure.
Apparemment, ceux qui l'ont prise n'accordent aucune importance à l'opinion publique et au mécontentement créé", dénonce-t-il.
BLOCAGE DES RÉSEAUX PRIVÉS VIRTUELS Les autorités ont également coupé, pour la première fois, tout accès aux VPN (Virtual Private Network, réseau privé virtuel) qui permettait jusqu'alors aux entreprises de contourner les blocages pour travailler avec l'étranger, et aux internautes iraniens de communiquer librement avec le monde extérieur via des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter.
En pratique, le blocage des VPN nécessite la mise en place d'un système de surveillance des flux, des technologies que l'on peut "acheter clef en main sur Internet ou ailleurs", détaille Okhin, un militant du groupe de défense de la liberté d'expression Telecomix. "Le déploiement de ce genre de technique est simple, même si ce n'est pas une opération triviale".
Certains outils de contournement de la censure, comme le réseau Tor, peuvent théoriquementpermettre de contourner ce type de blocage en camouflant la nature des données échangées, mais il s'agit d'un premier test "grandeur nature" pour ce type d'outils.
Le blocage du VPN a été critiqué par le directeur du département des technologies modernes au Parlement, Reza Bagheri Asl, qui a rappelé que beaucoup d'entreprises, "par exemple les banques et les institutions financières, utilisent ce protocole offrant un niveau de sécurité élevé pouréchanger des informations".
Contrairement à ce qu'affirment certains responsables iraniens, "le VPN n'est pas illégal, il n'y a aucun article dans la législation qui le dit", a-t-il souligné. Le ministre iranien des télécommunications, Reza Taghipour, avait affirmé en novembre que l'usage du VPN constituait un "délit".
"Le VPN est illégal et nous avons les outils techniques pour en empêcher l'emploi ", avait-il averti.
LE PAYS DU MOYEN-ORIENT LE PLUS CONNECTÉ Avec plus de 36 millions d'internautes pour 75 millions d'habitants, l'Iran est le pays du Moyen-Orient le plus branché sur le Web, qui a joué un grand rôle dans les manifestations populaires ayant secoué le pays après la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en 2009.
Depuis, les autorités coupent ou réduisent les liaisons internet lorsqu'elles craignent des manifestations de l'opposition.Le régime accuse aussi régulièrement les Occidentaux d'utiliser la Toile pourmener une "guerre non déclarée" visant à le déstabiliser, M. Taghipour allant jusqu'à affirmer que Google et Yahoo! constituaient une "menace pour la sécurité nationale du pays".
Dans cette optique, les autorités ont annoncé la mise en place, à partirde 2012, d'un "internet iranien" devant se substituer progressivement aux serveurs et moteurs de recherche étrangers. Elles ont indiqué fin décembre avoir rapatrié en Iran l'hébergement de 90 % des sites officiels pour des "raisons de sécurité", et encouragé les entreprises àfaire de même.
2 Commentaires
Alphaone
En Février, 2012 (16:32 PM)Clefducoeur
En Février, 2012 (03:59 AM)Participer à la Discussion