Au début, c’était une relation heurtée entre Dié Maty Fall et le directeur général, Yaxam Mbaye. Mais depuis hier, l’affaire a pris la tournure d’un clash entre la section du Soleil et les organisations de la profession.
L’affaire Dié Maty Fall du nom de la journaliste du Soleil qui se dit harcelée moralement par le directeur général se poursuit. Mais cette fois-ci, ce n’est pas un clash entre Yaxam Mabye et Bamba Kassé. Il s’agit plutôt d’un duel entre le Synpics, le Cored et la Convention des jeunes reporters d’une part, et d’autre part la section Synpics de la boîte.
Tout est parti d’un communiqué conjoint des 3 organisations ci-devant citées destiné à apporter un soutien à la journaliste, victime d’une mise à pied de 7 jours actée le 13 octobre par Yaxam Mbaye. « Cette décision, de nature disciplinaire faisant suite à une demande d’explications que nous avons parcouru est surprenante, avilissante et disproportionnée en ce qu’elle sanctionne dans les faits, un retard de 30 minutes à une réunion de rédaction et le refus de l'intéressée de couvrir l’actualité politique nationale, malgré l’invocation par ses soins de sa clause de conscience », mentionne le communiqué.
Les organisations dirigées par Bamba Kassé, Mamadou Thior et Ibrahima Baldé rappellent que Dié Maty Fall a informé sa hiérarchie de sa décision d’invoquer la clause de conscience pour ne plus traiter l’actualité nationale du fait qu’elle est porte-pale adjointe du Parti socialiste.
Ces 3 entités estiment ainsi que la concernée par son acte ‘’se conforme à l’esprit et à la lettre de la Charte Internationale du Journaliste de Munich (article 3 des droits), du Code de la Presse du Sénégal (article 6), de la Convention Collective du secteur des Médias (article 17) et de l’Accord d’entreprise du Soleil (;) »
Précisons que la charte du journalisme, en son article 3 dispose : ‘’Le journaliste ne peut être contraint à accomplir un acte professionnel ou à exprimer une opinion qui serait contraire à sa conviction ou sa conscience’’. Mais c’est dans l’interprétation de cette disposition qu’il y a eu avis divergents. Yaxam Mbaye estime que la clause de conscience doit être liée à un changement de ligne éditoriale.
Quoi qu’il en soit, le Synpics, le Cored et la Cjrs pensent qu’il ne manque pas de rubriques au Soleil dans lesquelles Dié Maty peut proposer des articles. Ainsi, partant de ça, ces organisations de presse « dénonce avec la plus grande énergie cette décision en ce qu’elle nie au journaliste sa liberté de conscience qui est centrale dans l'exercice du métier ».
En plus de marquer leur solidarité à Dié Maty et de demander à Yaxam Mbaye de travailler pour apaiser le climat social, Bamba et Cie encouragent les camarades du Soleil à continuer à défendre les droits et libertés au sein de la boîte.
La réplique de la section Soleil
Seulement, sitôt ce communiqué est publié qu’un autre est venu du Soleil avec un son de cloche totalement différent. En fait, il s’agit de la section Synpics de la maison qui ‘’dénonce avec vigueur’’ la démarche conjointe du bureau national, du Cored et de la Cjrs.
« Nous sommes au regret de noter une immixtion à outrance du Ben du SYNPICS dans les affaires de la Section/Le Soleil. Il est hors de question que le Ben du SYNPICS nous supplée avant qu’il ne soit saisi par nos soins », protestent les syndicalistes du Soleil qui pensent que les 3 organisations violent les prérogatives de la section de la boîte.
Le Synpics du Soleil dit avoir toujours géré ses problèmes dans la sérénité et la responsabilité. Et elle pense qu’aucune entité n’est mieux placée qu’elle pour défendre les intérêts des travailleurs. « Nous ne pouvons point accepter que des individus, agissant en solo, prennent prétexte des affaires du Soleil pour régler des comptes personnels en faisant fi de notre avis et de notre position sur des affaires qui concernent la vie de notre entreprise », prévient la section, faisant sans doute référence à Bamba Kassé, secrétaire général du Synpics qui a eu récemment une ‘’empoignade’’ avec Yaxam Mbaye.
Sur l’affaire Dié Maty Fall, à proprement parler, le synpics/Soleil semble dire que la dame a tort dans sa démarche sur la forme. D’abord parce que, selon Maguette Ndong et Cie, elle n’a déposé la correspondance que le dimanche 11 octobre dernier. Même si, dit-on, elle dit avoir saisi son supérieur hiérarchique par mail, le 3 septembre dernier.
Pas besoin du soutien du Cored et Cjrs
Et là aussi, il y a à redire, estime la section Soleil. « En vérité, pour sa première lettre, elle s’est trompée de destinataire, car son supérieur hiérarchique n’est pas habilité à se prononcer sur cette question. C’est une prérogative exclusive du Directeur Général du Soleil », rectifie l’entité.
Malgré tout, la section assure que la négociation est en cours avec la direction et elle ne désespère pas que Dié Maty Fall puisse bientôt changer de service. La section invite par la même occasion le DG à privilégier le dialogue et à Dié Maty Fall de porter d’abord ses revendications au syndicat maison avant de solliciter l’aide extérieure.
Au Cored et à la Cjrs, la section Synpics indique qu’elle n’a pas besoin présentement de son soutien, même si elle n’écarte pas de les solliciter dans des combats futurs.
La contre-attaque de Bamba Kassé
Mais à peine ce communiqué est tombé que la réplique de Bamba Kassé lui a emboité le pas. A la section du soleil, le secrétaire général a fait savoir qu’il n’a pas besoin de son aval pour trancher. « Les prises de position du BEN du Synpics dépassent les réalités internes vécues par les adhérents au sein des entreprises de presse. Toutefois, le BEN du Synpics conformément aux textes du Syndicat, renvoie habituellement toute requête aux sections et, le cas échéant décide librement », rétorque-t-il.
Si l’on en croit Bamba Kassé, Dié Maty Fall a d’abord informé la section du Soleil. Mais c’est parce qu’elle n’a pas eu un accusé de réception qu’elle s’est tournée du côté du bureau national. A propos du Cored et de la Cjrs, Bamba Kassé précise que c’est parce qu’il est question ici de clause de conscience que ces deux entités se sont exprimées. Car, dit-il, ça interpelle tout journaliste libre et toute organisation de défense de la profession.
« Le journalisme n’est pas de création sénégalaise et sa pratique ne date pas du 21e siècle. Les principes qui guident à son exercice ne sauraient être tropicalisés à l’aune de rapports que l’on souhaite cordiaux, avec un employeur », tacle Bamba Kassé qui, en dépit du ton, invite ses camarades à plus de responsabilité pour préserver le legs historique.
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