Le poète, dramaturge et critique musical Amiri Baraka, militant de la cause des Africains-Américains, est décédé jeudi à Newark (New Jersey) à l’âge de 79 ans des suites d’une longue maladie, annoncent plusieurs médias et sites Internet américains citant son agent.
L’activiste, auteur de l’ouvrage de référence ‘’Le peuple du blues’’ (1963), tire sa révérence, après une vie de combats artistiques, culturels et politiques dont beaucoup ont été à l’origine de polémiques et controverses. Il était à la fois poète, éditeur, critique musical et enseignant.
Né le 7 octobre 1934 à Newark, dans le New Jersey, Everett LeRoi Jones (nom que lui donnent ses parents), il se révèle à la fin des années 1950 lorsqu’il fonde (1958) la maison d’édition ‘’Totem Press’’, qui édite des ouvrages d’Allen Ginsberg, de Jack Kerouac, des auteurs de la Beat Generation, un mouvement de poètes. De 1958 à 1963, il coédite avec Hettie Jones, sa première épouse, le magazine littéraire ‘’Yugen’’.
Jones a étudié la philosophie et la religion aux universités Rutgers, Columbia et Howard, sans toutefois obtenir de diplôme. Il rejoint en 1954 l’US Air Force où il atteint le grade de sergent. En 1964, Jones remporte un grand succès avec ‘’Dutchman’’ (Le Néerlandais), une pièce de théâtre écrite dans le contexte de la ségrégation raciale, et qui lui vaut à la fois un prix (Obie Award), l’admiration et le respect d’intellectuels et d’artistes du monde entier.
Il a aussi publié en 1961 Preface to a Twenty Volume Suicide Note (Préface à une Note de Suicide en 20 Volumes). Celui-ci est suivi, en 1963, de ‘’Blues People : Negro Music in White America (Le Peuple du Blues : une musique noire dans une Amérique blanche). Cet ouvrage est aujourd'hui encore considéré comme une référence incontournable dans les travaux sur le Blues et le Jazz dont il donne sa lecture politique et sociale de l’évolution.
En 1965, à la suite de l’assassinat de son ami Malcolm X, il rompt les potes de la Beat Generation, change son nom en ‘’Amiri Baraka’’ quand il se convertit à l’islam, déménage à Harlem et crée le Black Art Movement. ‘’Nous voulons des poèmes qui tuent’’, écrit-il dans le texte fondateur de ce mouvement qui a joué un rôle important dans la diffusion de la culture noire aux Etats-Unis et dans le combat contre la ségrégation raciale.
A partir de 1967, Amiri Baraka a enseigné dans de prestigieuses universités américaines, dont la San Francisco State University. Il est arrêté à Newark en 1968 pour port d’armes, après sa participation aux émeutes ayant suivi l’assassinat du pasteur et militant des droits civiques Martin Luther King. Il est condamné à trois ans de prison ferme mais acquitté en appel.
L’engagement et le militantisme de Baraka ont influencé des générations d’artistes noirs, notamment dans le milieu hip-hop. C’est tout naturellement que le groupe ‘’The Roots’’ le laisse poser sa voix sur “Something In The Way Of Things” (In Town) de l’album ‘’Phrenology’’, sorti en 2002.
En 2003, un peu moins de deux ans après les attentats du 11 septembre 2001, un vers de son poème ‘’Somebody Blew Up America’’ crée polémique et controverse. Il y pose la question suivante : ‘’Qui a dit aux 4.000 juifs travaillant normalement au World Trade Center de rester chez eux’’, le jour où les avions ont détruit les tours jumelles? Amiri Baraka s’était défendu d’être antisémite.
Amiri Baraka apparait avec Youssou Ndour, Moncef Genoud, Idris Muhammad, notamment, dans le film documentaire ‘’Retour à Gorée’’ réalisé en 2006 par le Suisse Pierre-Yves Borgeaud. Il a reçu en 2010 le prestigieux American Book Award.
3 Commentaires
Thiessois
En Janvier, 2014 (21:59 PM)Héhé
En Janvier, 2014 (02:24 AM)Il a toujours cultivé l'ouverture tout en rappelant à chaque occasion ses racines.
RIP Amiri Baraka.
Faye Chine
En Janvier, 2014 (10:16 AM)Participer à la Discussion