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Opinion

Parlons Francophonie - Par Cheikh Bamba Dièye

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Parlons Francophonie - Par Cheikh Bamba Dièye
Mis à part le bel édifice qu'est le Centre International de Conférence Abdou Diouf (CICAD) et son coût qui fait débat...Que nenni. Même pas un grand discours d’orientation et de rupture qui puisse faire date et que l’histoire pourrait retenir, ou encore moins des décisions fortes à même d’avoir un impact sur le quotidien du citoyen. Ce dernier aurait souhaité que la même attention puisse être apportée à sa langue maternelle pour une meilleure prise en compte de son développement personnel, mais aussi pour le développement de son pays. 

En effet, le président Senghor nous a toujours rappelé les enjeux et l'importance de notre patrimoine linguistique en parlant du rendez-vous du donner et du recevoir. C’était une position de visionnaire ! 

Cependant, depuis les indépendances, nous constatons une déperdition de notre diversité linguistique et la principale politique de promotion linguistique est uniquement dédiée à la langue française, toujours à l'initiative de la France et à travers la francophonie. Nous trouvons que cela n'est pas équitable et comme vision de développement humain pour un Sénégal émergent (et nous ne nous fondons que sur les engagements affichés par notre gouvernement), nous affirmons que le Sénégal peut et doit mieux faire. La preuve en est qu’à l'intérieur de nos États, on observe une formidable résistance du citoyen face à l'hégémonie du français, notamment à travers la radio et la télévision. Partout sur le continent, des voix africaines s'élèvent de plus en plus pour la conservation de notre patrimoine culturel et sur la nature des rapports de coopération étrangère. Cela démontre que le citoyen africain est de plus en plus conscient des enjeux de souveraineté et de l'opportunité des accords de coopération que les gouvernants signent à leur nom. 

Aussi, nous ne sommes pas et ne pouvons pas être contre la Francophonie, car le français est un acquis à conserver et la Francophonie en est l'espace de promotion ; quand bien même elle est un vestige du colonialisme et qu’elle exprime la culture française avant toute chose. Elle a cependant intégrée notre patrimoine suite à une histoire douloureuse, mais que nous avons fini de digérer. Nous l'acceptons, c'est notre histoire. Seulement notre univers des valeurs est en réalité confiné dans d'autres langues qui sont parlées dans nos territoires et qui témoignent de notre véritable identité. 

N'oublions pas que l'oralité africaine et les grands textes sénégalais développés par des virtuoses de la littérature (Serigne Moussa Ka, Khadimou Rassoul, El Hadji Malik Sy) ont exprimé une vision du monde bien sénégalaise à travers nos langues et le Wolofal en arabe classique. L'univers linguistique sénégalais à travers le patrimonial culturel du Baol, du Fouta, de la Casamance ou du Sine Saloum entre autres est confiné dans ces langues de nos terroirs qui font notre richesse et notre véritable apport aux rendez-vous du donner et du recevoir. 

Si nous voulons que ce rendez-vous ait un sens et un contenu, nos langues doivent être reconnues comme patrimoine du monde francophone parce qu’elles sont une partie intégrante de l'identité nationale sénégalaise. 

La Francophonie oui ! Mais sa promotion doit être un axe ou une composante d'une vision politique à notre initiative, plus complète et qui est centrée sur le citoyen sénégalais et ses besoins en développement. Notre politique viserait ainsi la promotion des langues des terroirs depuis nos territoires. Dans cette optique, les vrais territoires du Sénégal, qui devraient renaître de l’Acte III de la décentralisation, seraient ainsi dotés de Centres de Recherche et de Développement Linguistique pour la conservation du patrimoine culturel de nos territoires. 

Parallèlement et bien au-delà de la dimension culturelle, les langues française, arabe et anglaise doivent être considérées comme des langues d'ouverture stratégique. En effet, la question des langues étrangères n'est pas que culturelle, mais bien une stratégie de développement notamment en termes de transfert de technologie, de connaissances et d'échange économique ! Si la langue française est une plateforme d'ouverture, l'anglais l'est encore plus. L'anglais nous ouvre les portes de l'Afrique anglophone et des géants du monde comme l'Inde, la Chine et le continent américain surtout quand nous connaissons l’apport de l’immigration dans la stabilisation des ménages sénégalais du fait de la pauvreté qui ne cesse de s’aggraver. 

Dans une autre perspective, toutes les grandes rencontres internationales génèrent en parallèle des contre-sommets, c'est un signe de vitalité démocratique pour le pays organisateur. A ce titre, l'initiative du contre-sommet de Malick Ndiaye, Malick Noel Seck et Fatima Mbengue marque l'intérêt que le citoyen porte sur l'objet de la rencontre. En plus, le franc parler et la liberté de ton qui caractérisent le contre-sommet auraient eu le mérite de poser les questions qui sont souvent esquivées sur notre politique de langue et notre politique de coopération. 

Tout comme la liberté de marche, la liberté d'expression est un pilier essentiel à une démocratie participative pour une création d'un espace ouvert propice au débat démocratique. Ainsi, au-delà du droit élémentaire de chaque citoyen de faire valoir son opinion, cette initiative est en ce sens louable parce qu'elle a été la voix discordante et diplomatiquement incorrecte que les pays francophones et leurs dirigeants ont besoin d'entendre pour rompre avec les sommets qui se suivent et se ressemblent. 

En somme, la grande messe a réuni les pays ayant en partage le français, mais n’ayant pas forcément une communauté de destins. Pour nous africains, l’avenir est à construire pas seulement sur la dimension linguistique, mais plutôt en étant en phase avec les besoins et priorités, les impératifs de mieux-être et de croissance économique pour nos populations jeunes souvent en avance sur les régimes politiques. Malgré un plaidoyer fort émotionnel, le leadership sénégalais a encore une fois manqué de vision stratégique et d’opportunisme. En effet le Sénégal aurait dû porter la voix de l’Afrique des diversités, la nécessité de la bonne gouvernance, l’exigence d’une solidarité sincère entre pays africains sur les questions de paix et sécurité et surtout du défi de faire croître les échanges économiques avec des principes d’équités. Il faut reconnaître que les procédures dans l'espace francophone sont lourdes et lentes pour un volume de financement très en deçà des montants engagés par les nouvelles puissances économiques et financières. La vérité est que la francophonie pour exister aujourd'hui à besoin de relever le niveau de son jeu pour être à la hauteur des nouveaux enjeux économiques. 

Ainsi, j’ai la conviction que la francophonie sera économique ou ne sera plus. Aujourd’hui, c’est loin d’être une réalité. Quel est l’apport de la francophonie sur le plan économique ? il n’est pas loin d’être nul. J'aurais aimé voir le sommet de Dakar se singulariser dans cette direction, et là, le Président Kagamé n’aurait pas eu de raison de railler le sommet et l'attitude des chefs d'État à Dakar. 

J’affirme sans risque de me tromper que nous sénégalais sommes pour l'enracinement dans une vision progressiste de la francophonie formulée à travers une politique globale de développement humain qui participe à la construction du vrai type d'Africain : enraciné dans ses valeurs des terroirs, abreuvé de l’univers linguistique africain et ouvert aux échanges culturels et économiques. En somme, nous ne devons pas être des réactionnaires à l'histoire douloureuse de la France-Afrique. Nous ne devons pas aussi manquer de réalisme au risque de faillir aux besoins des citoyens. Mais avant tout, nous devons protéger notre marché, nos richesses, nos valeurs et nos terroirs. 

Nous devons être les maîtres de notre projet de développement humain et être sereins face à notre histoire marquée par l’esclavage, la colonisation et les dérives postcoloniales. Mais, plus important encore, nous devons au continent africain et à ses peuples (francophones inclus) une vision prospective du développement social qui repose sur des choix stratégiques qui défendent nos intérêts économiques dans un monde hyper compétitif en permettant aux Africains de demeurer les maîtres de leur identité et de leur destinée en Afrique et dans la Diaspora. 

C’est seulement à ce prix que nous répondrons au rendez-vous de l’histoire. 


Cheikh Bamba Dièye 



15 Commentaires

  1. Auteur

    Diaw

    En Décembre, 2014 (21:37 PM)
    Je trouve ce texte vraiment pauvre en propositions. Monsieur, vous avez ete ministre de la communication pendant presque deux ans, je ne vous ai jamais entendu parle de la promotion de nos langues. Votre interet pour une meilleure consideration semble etre quelque de chose de vraiment recent. Je prefere toujours juger les hommes par leurs actes, je n'en vois aucun de vous allant dans le sens que vous defendez aujourd'hui.



    Continuez donc de parler !
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  2. Auteur

    Abcd

    En Décembre, 2014 (21:59 PM)
    Tout ça pour dire qu'il faut une politique volontariste en faveur de nos langues nationales. Comme le dit Diaw, qu'avez fait Mr Dièye quand vous étiez dans le gouvernent? Marre des discours qui se répètent et se ressemblent, comme vous l'avez dit des sommets.
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    Auteur

    Karda

    En Décembre, 2014 (22:17 PM)
     :sn: 



    J'ai voulu terminé le texte mais ça en finissait plus, alors je me suis lassé.
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    Auteur

    Sentinellesn

    En Décembre, 2014 (22:30 PM)
    TROooooop long akhhh.
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    Auteur

    Demineur

    En Décembre, 2014 (22:34 PM)
    trop peu de lecteurs  :down: 
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    Auteur

    Asbi

    En Décembre, 2014 (22:54 PM)
    ferme ta bouche ta rien a dire pd.de Ndar Ndar
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    Auteur

    Ibrahima Ndiaye

    En Décembre, 2014 (22:59 PM)
    Sur beaucoup de points j'ai la même vision que Cheikh Bamba Dièye, et je le renvoie à ma contribution suite à l'article faisant état de Cheikh Tidiane Gadio qui semble s'offusquer du fait qu'on ait eu à épiloguer sur la nomination d'une noire de la diaspora africaine, mais de nationalité canadienne, comme secrétaire général de l'OIF. C'est vrai que nous sommes entrain de trop perdre du temps, confinés que nous autres africains sommes dans des sphères de débats et de consultations comme l'OIF ou l'UA qui sont plutôt en déphasage avec nos réelles attentes de survie et de développement économique de nos pays africains respectifs.

    L'émergence forte de l'Afrique, si tant est qu'on doit toujours y croire, passera forcément par une rupture inéluctable de la politique de nos chefs d'Etat encore profondément résolus à croire que sans les manoeuvres néo-coloniales de l'impérialisme occidentale, la plupart des pays africains continueront à sombrer au bas-fond des eaux de la pauvreté et du recul endémique ! Le point culminant de leur manque de vision en atteste par l'absence d'une pugnacité et d'un courage qui sachent leur inculquer l'imagination fertile de perspectives devant conduire à une réelle prise en charge de nos propres langues nationales. Senghor ou un autre grand africain cités çà et là, ne sont guère honorés par l'oubli dévastateur de leurs ''fagots culturels et philosophiques'' entretenu inconsciemment par nos dirigeants africains qui pourtant ne cessent de clamer leur fierté pour ce que ces grands d'Afrique nous ont légué. Les perspectives de développement des pays africains n'auront aucune visibilité sans une bonne politique de promotion de leurs langues nationales qui sera le fer de lance de la négation du nihilisme occidental vis à vis des aspirations profondes des africains.
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    Auteur

    Salikh

    En Décembre, 2014 (00:10 AM)
    c'est un bon article. une belle vision voila ce qu'on attend de toi. un opposant objectif des des idées qui vont changer les choses

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    Auteur

    Alassane Oumar Ba

    En Décembre, 2014 (00:12 AM)
    Jeudi 26 juillet 2007. Université .cheikh Anta Diop de Dakar. Auditorium Khaly Amar Fall. C'est ce jour et en ce lieu mythique qu'un président français (Nicolas Sarkozy) avait insulté la jeunesse africaine dans un discours qu'aucun Africain ne devrait oublier



    " Je ne suis pas venu, Jeunes d'Afrique, pour pleurer avec vous sur les malheurs et les misères de l'Afrique.

    Je ne suis pas venu, Jeunes d'Afrique, pour m'apitoyer sur votre sort parce que quel que lamentable soit ce sort, il est d'abord entre vos mains.

    Jeunes d'Afrique, je ne suis pas venu vous parler de repentance parce que de repentance, jamais.

    Je ne suis pas venu, Jeunes d'Afrique, vous donner des leçons car vos cervelets de moineau ne les retiendraient pas.

    Je suis venu vous dire, Jeunes d'Afrique, que le drame de l'Afrique c'est que l'homme africain n'est pas entré dans l'histoire."

    Après une telle insulte, c'est bien au Sénégal qu'un président né après les indépendances (donc jeune) vient de magnifier la langue et la culture françaises.

    Quelle tristesse.

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    Auteur

    Julesdieng

    En Décembre, 2014 (06:06 AM)
    au lieu de critiquer inutilement ,lisez attentivement ce text et vs verrez k tt ce que CBD a dit est une verite absolue.
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    Auteur

    Ouff

    En Décembre, 2014 (06:33 AM)
    Mani wakh touti job lou beuri laniou wakh! On en a marre de vos" beaux discours"

    C'est tout simplement du langage de bois !!  :down:  Passez aux actes way ! Il est temps.
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    Auteur

    Damanééé

    En Décembre, 2014 (23:43 PM)
     :haha:  :haha:  :haha: le niveau et expréssion française a drolement régréssé , or une bonne maitrise du français est un passeport pour une meilleure promotion ou selection aux postes à pouvoir ! vivre notre faire nos cultures régionaux n est pas en opposition avec une bonne maitrise du français ! je trouve ahurissant de voir cité l arabe comme si cette langue n été pas d origine coloniale ou dirais_je ex esclavagiste ! pour ma part faire vivre notre africa
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    Auteur

    Kia

    En Décembre, 2014 (14:13 PM)
    Une très belle contribution. Il était temps qu'une personnalité politique ose se lever et valoriser nos langues nationales. Il était temps qu'une personnalité ose dénoncer lasuprématie de la langue française par rapport à nos langues nationales qui sont si riches. Merci cheikh bamba

    Dieye
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    Auteur

    Claircerveau

    En Décembre, 2014 (14:38 PM)
    Il est temps de rompre avec l'idée selon laquelle les senegalais ont connu la civilisation qu'avec l'arrivée des français. Cette idée est archi fausse. Le senegal est un pays qui a toujours eu une civilistion et des cultures anciennes. Les vestiges sont là pour en témoigner. Et il est temps comme l'a dit cheikh bamba dieye de valoriser nos cultures. Ce qui va être une source de fierté et de développement.
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    Auteur

    Arretons

    En Décembre, 2014 (22:25 PM)
    Les africains doivent arrêter de dépenser des milliards pour accuillir des sommets ou organisatipns qui ne prennent pas en considération leurs intérêts économiques. Déjà que nous ne possedons pas assez de moyens financiers pour subvenir à nos propres besoins mais en plus nous sommes obligés d'acueillir des conférences qui piétinent nos intérêts, nos cultures et nos civilisations. D'où l'intérêt de cette contribution de cheikh bamba dieye qui est d'un apport extraordinaire. Il est temps que les hommes politiques africains refusent les diktats des pays occidentaux
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