« Nous pressons les autorités de s’assurer que l’enquête sera indépendante, impartiale et complète, et que les responsables rendent des comptes », a déclaré mardi le Haut-Commissariat de l’ONU pour les droits de l’Homme (HCDH) dans un communiqué diffusé suite au massacre de 23 personnes (dont deux femmes enceintes et 15 enfants) dans le village de Ntumbo, dans la région anglophone du Nord-Ouest, vendredi 14 février. Avant d’ajouter : « Nous appelons le gouvernement à s’assurer que les forces de sécurité se conforment au normes légales internationales applicables quand elles mènent des opérations».
Ce communiqué survient après qu’une partie de l’opposition camerounaise, mais aussi de nombreuses personnes interrogées par des ONG, ont accusé des militaires camerounais d’être à l’origine de cette tuerie. Des témoins ont notamment rapporté à l’ONU que « 40 hommes armés, dont des membres des forces de défense et de sécurité » avaient attaqué le quartier de Ngarbuh « tirant sur les habitants et brûlant des maisons».
Des accusations démenties par l’armée camerounaise dans un communiqué lundi, qui invoque « un malheureux accident » et décrit un tout autre scénario. Elle affirme que six militaires patrouillant dans le village ont été la cible de tirs nourris de « terroriste s» et que les combats ont entraîné l’explosion de réservoirs de carburant, provoquant un incendie qui a tué « une femme et quatre enfants ». L’armée assure aussi avoir « mis hors d’état de nuire sept terroristes ».
Pour rappel, un conflit meurtrier oppose depuis près de trois ans les forces de sécurité camerounaises à des groupes armés anglophones séparatistes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, peuplées principalement par la minorité anglophone camerounaise.
Ce conflit a fait plus de 3000 morts et forcé près de 700 000 personnes à fuir leur domicile. Selon les ONG internationales, les populations sont les premières victimes de ce conflit, les deux camps étant accusés de perpétrer des crimes et des exactions contre les civils.
Pression internationale
Après presque trois ans d’inaction, Yaoundé s’était résolu, sous la pression internationale, à organiser en octobre dernier un Grand dialogue national pour tenter de mettre fin à la crise. Boycotté par les groupes armés, il n’a pas permis de ramener la paix dans ces deux régions. Pis, les violences se sont multipliées, selon les rapports de plusieurs ONG, notamment avant la tenue le 9 février dernier des élections législatives et municipales.
« Les violences n’ont pas cessé », ont déploré lundi seize évêques catholiques de différents pays du monde, dans une lettre adressée au président Paul Biya, 86 ans dont 37 au pouvoir. Ces derniers exhortent son gouvernement à participer à des pourparlers avec les séparatistes. «Il n’y aura pas de victoire militaire pour aucun des côtés», écrivent-ils. «Une solution durable doit venir d’un processus de médiation qui inclut autant les groupes séparatistes armés anglophones que les représentants de la société civile non violents», ajoutent les évêques, appelant Yaoundé à participer aux discussions proposées par la Suisse.
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