Certaines ONG dénoncent ''le manque de considération'' de l'Etat à l'égard de la diaspora sénégalaise. Une communauté qui pourtant, participe grandement au développement socio-économique du pays, notamment grâce à l'envoi de fonds. Mais du côté du gouvernement, on estime que des efforts conséquents ont été faits et que des projets sont en cours de réalisation. Cette diaspora, est-elle suffisamment impliquée dans le processus de développement du pays ? Seneweb a posé la question à des spécialistes et acteurs autour de la migration.
Selon le dernier rapport de la Banque mondiale sur le transfert d'argent de la diaspora africaine dans leurs pays d'origine, les ressortissants sénégalais ont envoyé 2,6 millions de dollars au pays en 2020, soit une hausse de 1,8% par rapport à 2019. Malgré ces chiffres, la diaspora sénégalaise semble être mise de côté dans le processus de développement surtout en ce qui concerne la politique de retour. "Vu aujourd'hui le poids électoral et économique de la diaspora sénégalaise, elle doit devenir une composante organique vecteur de développement. Car elle regorge de potentialités malheureusement inexploitées par le gouvernement", déplore Boubacar Seye, président de Horizon Sans Frontières. Un constat d'échec balayé d'un revers de main par les proches du pouvoir. D'après Babacar Ba, conseiller technique auprès du ministère des Affaires étrangères, les allégations du président de Horizon sans frontières sont infondées. ''Les conclusions de Boubacar Seye ne reposent sur aucun indicateurs pertinent de suivi. l'État du Sénégal a mis en place des mesures institutionnelles pour prendre en compte cette diaspora dans la définition des politiques publiques'' assène-t-il, lui qui est aussi un ancien émigré qui a séjourné pendant 25 ans en Europe.
"La diaspora sénégalaise doit pouvoir saisir les opportunités''
Des cadres ont été mis en place pour les ressortissants sénégalais selon Mohamed Moctar Sougou, conseiller technique au Conseil Économique Social et Environnemental (CESE) qui estime que le problème se trouve ailleurs : "A mon avis, la diaspora est impliquée. Après, il y a être impliqué et s'impliquer'', dit-il. Avant de poursuivre: ''Le Fonds d'appui à l'investissement des Sénégalais de l'extérieur (FAISE) a connu une augmentation conséquente de son budget sous l'ère du président Macky Sall sans compter les organismes mis en place pour faciliter l'ouverture d'entreprises au Sénégal. Ce sont des facilités que tous Sénégalais y compris la diaspora doivent saisir tout comme des investisseurs étrangers le font.'' conclut-il.
Concernant le FAISE, son budget a connu une hausse considérable et est passé de 300 millions à 3 milliards de FCfa. Des avancées significatives pour Babacar Ba qui théorise la présence de l'État auprès de sa diaspora :''Le Sénégal est le seul pays en Afrique qui a aidé financièrement sa diaspora dans le plan de riposte à la Covid-19, le Sénégal a décaissé une somme de 12,5 milliards de FCFA à l'endroit des émigrants sénégalais.'' rappelle le conseiller technique.
Des efforts insuffisants ?
Pour Souleymane Diallo, président de l'association Otra-Africa, des actes sont posés mais il faut en faire plus. Il souhaite qu'un cadre de concertations et de dialogue soit mis en place par l'État pour les Sénégalais de l'extérieur. ''Le gouvernement devrait avoir une liste des partenaires au développement constituée d'associations de la diaspora sénégalaise. Cela va permettre aux Sénégalais de l'extérieur d'apporter leurs contributions dans le développement du Sénégal'' pense le président de Otra-Africa. Un avis partagé par Boubacar Seye qui estime qu'avec la nouvelle dimension que va prendre le Sénégal grâce à l'exploitation des ressources pétrolières et gazières, l'État se doit de faire appel à ses fils :"Quand vous allez par exemple dans la ville de Lyon (France), il y a énormément d'ingénieurs sénégalais. Il faut faire la cartographie des compétences de la diaspora à travers le monde et les solliciter au besoin'' lâche le président de l'ONG. Sur ce dernier point, Babacar Ba affirme que des travaux ont été faits à ce niveau au sein du secrétariat chargé des Sénégalais de l'extérieur dirigé par Moïse Sarr :"Nous travaillons d'abord afin de recenser les Sénégalais de la diaspora et à les scinder en 3 catégories : Combien sont-ils, où sont-ils et que font-ils ? A partir de ces 3 briques de base, nous voulons aller vers la mobilisation des talents de la diaspora et particulièrement de la diaspora scientifique hautement qualifiée afin de les engager pour qu'ils participent au financement du développement.'' renseigne-t-il.
La réinsertion des migrants de retour et leur mobilisation au service du pays semble être l'un des objectifs principaux du Président Sall. ''Cela obéit à la vision du "Reverse Brain Drain", la fuite des cerveaux inversée, telle que théorisée par le Président Macky Sall dans son programme "Rendez-vous avec l'Avenir" pour le retour des compétences de la diaspora pour servir le pays.'' renchérit Amadou François Gaye, Ambassadeur, Directeur Général des Sénégalais de l’extérieur
Quid de la non-participation de la diaspora aux municipales
Le Sénégal se rapproche d'un rendez-vous important, avec les élections locales prévues le 23 janvier 2022. Tous les Sénégalais seront appelés aux urnes, tous sauf... La diaspora. Selon Souleymane Diallo, la donne doit changer : ''Les Sénégalais de l'extérieur ont le savoir et les compétences et même des relations pouvant aider les collectivités dans la quête de fonds'' suggère le président de Otra-Africa. Une situation qui pourrait frustrer les ressortissants sénégalais et jeter un froid entre eux et le gouvernement, que nenni ! ''La diaspora vote à la présidentielle et aux législatives de manière très active. Mais le fait qu'elle ne vote pour les locales est une décision antérieurement (prise) au régime du Président Macky Sall. Et je pense que ça ne peut pas créer une tension entre les Sénégalais de l'extérieur et l'État.'' argumente Mohamed Moctar Sougou.
Autre point mis en lumière pour évoquer la considération de l'État du Sénégal vis-à-vis des émigrés sénégalais, la présence de 15 députés de la diaspora au sein du parlement. ''Plusieurs pays africains se sont inspirés de cette pratique qui est, disons-le, une réussite'', affirme Babacar Ba, conseiller technique auprès du ministère des Affaires étrangères.
4 Commentaires
Poupe Fall
En Septembre, 2021 (10:08 AM)Ben
En Septembre, 2021 (10:16 AM)Il ne faut pas se leurer.
Les senegalais de l'exterieur dont la plupart viennent de familles pauvres sont la-bas pour assurer les depenses quotidiennes pas industrialiser le pays car la France fait tout pour n'industrialiser aucune de ses colonies.
Amadou
En Septembre, 2021 (13:32 PM)Participer à la Discussion