La Covid-19 est une maladie qui n'est pas prête d'être oubliée, notamment au Sénégal où elle a chamboulé les rites les plus respectés : les fêtes religieuses. Au cours de cette année 2020, nombre de manifestations religieuses ont été soit différées ou tout bonnement annulées pour éviter des rassemblements susceptibles déconseillés voire interdits en ces périodes d'épidémie. Seneweb revient sur la célébration de ces événements auxquels la Covid aura imprimé ses marques.
Le Mahdi célébré à la maison
La célébration de la 140e édition de l'appel de Seydina Limamou Laye a aussi subi un coup en cette année de Covid. Un évènement qui était célébré dans la ferveur et dans la communion et ce, depuis 1981. De Cambérène à Yoff en passant par Diamalaye, la décision du guide Seydina Ablaye Thiaw Laye a été respectée à la lettre par les fidèles. Ces derniers se sont contentés d'une simple "ziara" au niveau du mausolée de Seydina Issa Rouhou Laye à défaut de tenir une cérémonie en grande pompe.
Le Daaka de Médina Gounass
À Médina Gounas, la Daka, un moment de retraite spirituelle devait se tenir du 14 au 20 mars. A l'époque, le Sénégal enregistrait 22 cas de Covid. Il s'agissait de la 79e édition qui a été annulée suite à la décision du Chef de l'État d'arrêter toutes manifestations publiques pendant 30 jours. Ceci dans le but d'endiguer la propagation de la maladie. Une décision historique car le Daaka de Médina Gounass a toujours été un moment de ferveur qui, malgré plusieurs périples (des incendies notamment), s'est toujours tenu à date échue.
Un Kazou Rajab autrement
"Que chacun reste chez soi pour célébrer le magal en récitant le saint Coran et les khassaides de Serigne Touba". Il s'agissait, ici, des mots qui allaient confiner les talibés mourides. Le magal de Kazou rajab était une occasion pour les mourides de commémorer la naissance de Serigne Fallou Mbacké. Ce dernier fut le deuxième khalife de Serigne Touba. Le magal devait se tenir le 22 mars de cette année. En lieu et place d'une annulation, les autorités mourides ont préféré parler d'un "magal autrement". Covid est passé par là et le risque devait être évité. A appeler qu'à l'époque, sur les 56 cas que comptait le pays, les 15 étaient enregistrés à Touba.
Pas de pèlerinage à Popenguine
Le pèlerinage marial de Popenguine a été tout bonnement annulé par l'église catholique du Sénégal. Une décision prise afin de ne pas "mettre en péril la vie des fidèles tant que le danger sera là", justifie-t-on.
Une Korité inédite
La fête de l'aïd-el-fitr restera gravée dans les mémoires de certains Sénégalais bien plus que d'autres. Dans une situation d'État d'urgence et de couvre-feu, ceux qui étaient censés célébrer les fêtes en famille ne pouvait se résoudre à l'idée de déroger à la règle. Pour certains, tous les moyens sont bons pour rejoindre le domicile familiale vu que les déplacements interurbains étaient interdites. L'on se rappelle ces charretiers arrêtés à Diourbel. Ces derniers avaient quitté la capitale pour rejoindre leurs familles. Les transporteurs en ont pris un coup qu'ils ne sont pas prêt d'oublier.
Et comme si les lois étaient faites pour être transgressées, certains fêtards se sont retrouvés derrière les barreaux pour avoir violé le couvre-feu.
Retenons par contre que la Covid aura tout réussi sauf le défi de faire célébrer la fête le même jour chez les musulmans du Sénégal.
Les portes de la Mecque fermées aux étrangers
L'Arabie Saoudite a longtemps tergiversé. Mais finalement la décision est tombée le 22 juin. À cause du coronavirus, les musulmans résidents hors des frontières du royaume seront privés de Hajj, cette année, une première dans l'histoire moderne depuis la création du Royaume en 1932.
Le pèlerinage annuel à La Mecque, ville sainte et capitale de la province de la Mecque en Arabie saoudite, se tient fin juillet avec "un nombre très limité de fidèles".
Sur le site internet du ministère saoudien du Hajj, les services traditionnellement proposés sont d'ailleurs indisponibles.
Tabaski 2020 la fête du mouton masqué
Contrairement à la fête de Korité, pour la fête de Tabaski, les déplacements entre régions étaient autorisés. C'était le rush dans les points de départs tels que la gare routière des Baux Maraîchers. Par contre l'État continuait de faire des recommandations afin que les citoyens respectent les mesures barrières. Des recommandations qui semblaient tomber dans l'oreille d'un sourd. En effet, après la Tabaski, les cas de contaminations ont augmenté d'une manière exponentielle. La transmission communautaire est passée par là.
Le ministre de l'élevage, avait lui réussi son pari de fournir suffisamment de moutons aux Sénégalais. En effet, plusieurs moutons sont restés invendus après la fête. Et les éleveurs étaient dans l'obligation de brader leurs produits pour au moins récupérer leur investissement à défaut d'avoir un bénéfice.
Un Magal à tout prix
Touba est resté dans sa logique dans la gestion de la Covid. Après avoir choisi de ne pas fermer ses moquées, les autorités mourides ont célébré le traditionnel Magal de Touba. L'évènement commémore le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba. Ce fut le premier grand rassemblement dans le pays depuis l'arrivée de la pandémie. Et pour éviter les risques de contaminations, le "ndigueul" du Khalife Serigne Mountakha Mbacké a été respecté par bon nombre de disciples. Et c'était sans mentionner le coup de communication des organisateurs. Ils ont misé sur la photo du khalife portant le masque : la pédagogie par l'exemple. Et malgré toutes les craintes, le Magal s'est tenu sans embuche, à la surprise générale.
Un Gamou dans la division
La célébration de la naissance du Prophète en période de Covid a fini de mettre au grand jour la scission dans la famille Sy de Tivaouane. Au moment où le Khalife Serigne Babacar Sy Mansour demande aux disciples Tidianes de célébrer le Gamou dans leurs maisons, son neveu Serigne Moustapha Sy, guide des moustarchidines, a convié ses disciples à Tivaouane. Un fait qui a choqué plus d'un si l'on se souvient des graves accusations que le fils de Serigne Tidiane Sy Al Mactoum a portées envers son oncle lors de cet événement religieux.
Par ailleurs, Médina Baye ainsi que d'autres cités religieuses de moindre envergure ont fait le choix de célébrer le Gamou dans le respect des mesures barrières.
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