Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt! Cet adage, Mamadou se l’est approprié. Tôt le matin, après la prière de l’aube, il enfile sa tenue de travail. Echarpe au cou, ses pacotilles de marchandises à la main, notre marchand ambulant se livre à son exercice habituel. Flairer une artère où les bouchons font rage. Objectif, vite écouler sa marchandise auprès des automobilistes qui rongent leur frein dans les embouteillages. «Le matin, je suis au bloc des madeleines, le soir, au rond point Nord foire. Nous y restons de 17 h à 21 heures. Parfois, il m’arrive d’aller à Mermoz. Nous cherchons les lieux où il y a des embouteillages», nous lâche Mamadou Faye.
«Je risque ma vie pour presque rien»
Et ce matin, c’est sur la corniche ouest que notre homme a jeté son dévolu. Feu rouge et embouteillages aidant, Mamadou a juste quelques demi-heures pour draguer et vendre aux automobilistes ses chargeurs de portables, ses batteries, ses écouteurs et autres ersatz, avant que la circulation ne redevienne totalement fluide. Ce travail, notre marchand ambulant le fait et le répète à longueur de journée, tous les jours ouvrables et durant les fêtes. «Que faire ? Il n’y a pas de boulot, on se démène comme des diables au niveau des feux rouges et dans les embouteillages pour nous en sortir», nous balance-t-il, pressé. Risqué, ce job l’est. Et il est très peu rentable. Les seuls avantages: «Pas de local à louer, pas de taxe à payer et une mobilité parfaite». Les inconvénients : «c’est un boulot très risqué. Vous pouvez facilement vous faire renverser par un véhicule. Nous risquons nos vies pour presque rien. Chaque jour, nous mettons en jeu notre vie», confie le jeune sérère à la noirceur très prononcée. Un de ses collègues, vendeur de cartes de crédit, fut même agressé un jour vers 22 heures et dépouillé de toute sa recette du jour.
«La police nous «ramasse» et nous fait payer 6000 f»
Et ce n’est pas tout. Mamadou et ses collègues, qui vendent illégalement leurs produits sur la voie publique, font l’objet de rafles fréquentes de la police. C’est pourquoi, les lieux où se positionnent les agents de la police, sont méticuleusement rayés de leur carte. «A Dakar par exemple, chaque jour on nous interpelle. Ils (les policiers) vous attrapent et vous font payer 6000 francs Cfa, alors que vous vendez difficilement une telle somme par jour», fulmine Mamadou Faye. Car, les bénéfices n’atteignent que très rarement les 8000 francs Cfa par jour. Parfois même, notre marchand ambulant rentre chez lui bredouille. «Quand tout se passe bien, vous pouvez avoir 7000 à 8000 francs Cfa de bénéfices la journée. Mais il peut aussi vous arriver des jours où vous ne vendez absolument rien. Ca arrive», nous dit-t-il.
Mais, qu’à cela ne tienne. Notre jeune sérère de 28 piges, est obligé de faire face. Marié depuis six mois, Mamadou doit subvenir aux besoins de son épouse et de ses deux frères cadets, qui sont tous à sa charge. «Rien que le loyer me prend 30 000 francs Cfa par mois. Et parfois, tout ce que je réunis durant le mois me permet à peine de faire face à mes charges. L’électricité, l’eau, je dois tout régler. Autant vous dire que ce n’est pas une sinécure», nous confie Mamadou, le ton empreint de tristesse.
L’instinct de survie, en attendant mieux
Si aujourd’hui notre jeune sérère revend de la marchandise achetée auprès de grossistes «baol-baol», ce n’est pas l’ambition de quitter ce métier qui lui manque. Son rêve, se reconvertir dans l’informatique. Donc, son objectif d’aujourd’hui c’est économiser. Même si un tel exercice reste quasi impossible. «Je rêve de faire autre chose. Vendre des ordinateurs portables, des Dvd et autres. Car je m’y connais un peu en informatique. Et j’économise pour. Mais c’est difficile d’économiser car parfois ce qu’on récolte ne suffit qu’à couvrir nos frais journaliers».
En attendant que l’État ne trouve une solution plus efficace à la création massive d’emplois pour les jeunes, la voie publique sénégalaise sera envahie par des centaines voire des milliers d’autres Mamadou Faye. Ces jeunes sénégalais désespérés, qui bravent les intempéries. Qu’il pleuve ou vente, qu’il fasse chaud ou froid, ils sont là, bien décidés à obtenir leur pitance. «Le froid (qui sévit présentement à Dakar) nous fatigue. Mais, c’est la vie d’un homme. On doit se battre pour survivre et réussir», clame notre homme.
6 Commentaires
Vive La Paix
En Janvier, 2015 (14:01 PM)Dof Bi
En Janvier, 2015 (14:06 PM)Non Sono Charly
En Janvier, 2015 (14:17 PM)Charlot
En Janvier, 2015 (14:19 PM)Le lait Bledina en question!
Job
En Janvier, 2015 (17:18 PM)Ricco
En Janvier, 2015 (19:26 PM)Participer à la Discussion