Les nouvelles mesures prises par l’Etat concernant la lèpre, pose le débat de la situation épidémiologique de la maladie au Sénégal. Un focus sur la maladie démontre que les spécialistes avaient, en effet, affirmé que ces villages de recasement non plus leur raison d’être.
Au Sénégal, la lèpre est une maladie sous contrôle. Elle a été éliminée en tant que problème de santé publique en 1995, selon la norme de l’Organisation mondiale de la santé. L’OMS stipule que tout pays qui enregistre moins d’un cas pour 10 000 habitants, a éliminé la maladie.
Il faut tout de même souligner la nuance entre l’élimination et l’éradication. Il existe encore des cas de lèpre dans le pays, avait expliqué le docteur Louis Hyacinthe Zoubi, Coordonnateur du Programme national d’élimination de la lèpre.
Selon lui, il existe une disparité avec certaines régions qui notifient beaucoup plus de cas que d’autres. L’isolement des lépreux était dû à la monothérapie et bien qu’on prenait la molécule, on était toujours contagieux. C’est dans ce sillage que les Etats qui avaient des cas avaient pris la décision de parquer les malades.
Aujourd’hui, ces villages de recasement n’ont pas lieu d’exister. Depuis 1982, avec de nouvelles molécules, on peut guérir les malades de la lèpre. C’est sans doute pour cette raison que la loi a été abrogée. Les villages de recasement des lépreux sont désormais membres des collectivités territoriales. Le Sénégal a connu des performances, du point de vue sanitaire, si on se réfère aux normes de l’OMS.
«Ces villages viennent d’être intégrés dans les collectivités territoriales. Il était temps d’abroger cette loi pour impliquer ces villages dans ce qu’on appelle le commun vouloir de vivre-ensemble», avait souligné le ministre Abdoulaye Diouf Sarr, au lendemain d'un Conseil des ministres.
Selon le ministre de la Santé, continuer à les appeler "villages de recasement" serait synonyme de verser dans la stigmatisation.
Situation épidémiologique et contraintes
La situation épidémiologique montre, à ce moment, une situation partielle en 2020. En 2019, note le coordonnateur, 189 nouveaux cas ont été enregistrés. Cela, sur la base de la stratégie du dépistage passif. Autrement dit, le personnel de santé va à la recherche de nouveaux cas au niveau des populations. La nouvelle stratégie de l’OMS, qui est un manuel de référence pour les pays membres, vise à avoir un pays exempt de lèpre. Il faut noter que les 189 sont pris en charge au niveau des centres de prise en charge. Les médicaments sont donnés gratuitement aux malades de la lèpre. C’est l’OMS qui les offre aux pays.
Mais des contraintes existent. Surtout du côté de la sensibilisation. "Pour ne pas perdre les acquis, il faut toujours continuer à sensibiliser les populations, même si on est à la phase élimination. L’hygiène individuelle et collective, parler de la prévention et des comportements à adopter quand on chope la maladie. Il faut aussi que les gens comprennent que quand on est avec un malade de la lèpre, on peut ne pas être contaminé. Seulement, un contact étroit et prolongé peut être dangereux. Si le malade est traité à temps, au bout de 48 heures, il n’est plus contagieux. C’est pourquoi une tache au niveau de la peau doit être très tôt suivie par un spécialiste. Sinon, les mutilations sont à vie. Prendre les médicaments à temps pendant six mois peut être la solution. Malgré tout, l’optimisme d’éradication demeure le sentiment le mieux partagé.
4 Commentaires