Plusieurs femmes rencontrées à l’hôpital régional de Ourossogui après avoir subi une intervention chirurgicale de la fistule obstétricale, ont accepté de se confier en racontant le calvaire qu’elles vécu avant cette opération réparatrice, avec parfois une répudiation pour certaines d’entre elles.
En ce jour, une atmosphère particulière règne à l’entrée de cet hôpital régional. Plusieurs dizaines de femmes, certaines portant leur enfant à bout de bras, font des va-et-vient pendant que d’autres, le regard hagard, attendent d’être consultées ou opérées.
En tout, elles sont plus d’une dizaine à profiter de cette 4ème campagne de réparation des fistules (27-30 nov), entièrement prise en charge cette année par le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) et l'Association pour la médecine et la recherche en Afrique (AMREF).
En raison de la sensibilité du sujet, les femmes qui ont accepté de se confier ont préféré garder l’anonymat.
Pour certaines d’entre elles, en effet, la plupart des membres de leur famille ne sont même pas au courant de la maladie, alors que d’autres ont tout simplement choisi de la cacher à toute leur famille.
Une façon pour elles d’éviter d’être stigmatisées, car ici comme ailleurs, la fistule obstétricale est une ‘’maladie de la honte’’.
Par exemple, cette jeune femme âgée d’une trentaine d’année avoue avoir caché sa maladie à son mari. Mère de trois enfants, elle dit avoir commencé à en souffrir à la naissance de son premier enfant.
‘’Je ne retenais plus mes urines. Avant même d’arriver aux toilettes, c’était trop tard pour moi. C’était très fréquent, mais je n’ai jamais osé en parler à mon mari, de peur de me faire répudier. Seule ma mère était au courant’’, a-t-elle indiqué.
Cette autre patiente habillée en tenue traditionnelle dit avoir été atteinte de la fistule à l’âge de 16 ans. A 40 ans, elle vient de subir sa quatrième intervention chirurgicale.
‘’Mon premier enfant est mort né et sur les sept enfants que j’ai eus, seulement deux ont survécu’’, a-t-elle révélé avant d’ajouter que son mari a fini par l’abandonner à son sort et que seule sa famille a continué à la soutenir.
A 30 ans, une autre patiente qui parait plus vieille que son âge, révèle son seule enfant est décédée après un accouchement difficile. ‘’Mon mari m’a quittée dès qu’il a deviné ce qui m’arrivait’’, a-t-elle expliqué, avouant qu’elle n’avait jamais fait de visite médicale.
Ces femmes, dans la majorité des cas, pensaient ne jamais pouvoir guérir de la fistule. Voilà sans doute pourquoi elles préféraient garder le silence sur leur maladie, pour aussi éviter, peut-être, le rejet social.
Aujourd’hui, l’espoir est comme une auréole qui brille au dessus de leur tête, car ces opérations vont leur permettre ''de retrouver leur dignité'', selon Aboubacrine Ndiaye, expert régional de l'UNFPA.
Selon les experts, la fistule obstétricale est une communication anormale entre le vagin et la vessie et/ ou le rectum qui résulte d’un accouchement prolongé, difficile sans intervention médicale rapide, entrainant une perte permanente d’urines ou de selles.
Pour le coordinateur de l’ONG WHEPSA à Matam, Ibrahima Hady Sow, ‘’ 80% à 90 % des femmes porteuses de fistules sont des femmes répudiées par leur mari’’.
4 Commentaires
Ditout
En Décembre, 2013 (17:17 PM)Ndarois
En Décembre, 2013 (19:03 PM)Fistule
En Décembre, 2013 (08:49 AM)Timz
En Janvier, 2014 (15:49 PM)Participer à la Discussion