Les maladies cardio-vasculaires touchent de plus en plus les femmes. La fréquence de l’infarctus a ainsi augmenté de 5% par an chez les femmes âgées de 45 à 54 ans ces dernières années. La faute aux comportements à risque qui ne sont plus l’apanage de la gent masculine.
En France, les femmes meurent davantage de défaillance cardiaque que de toute autre maladie. Alors que le cancer suscite beaucoup plus de crainte, sournoisement c’est le cœur qui emporte le plus souvent les femmes. Les maladies cardiovasculaires tuent en effet huit fois plus de femmes que le cancer du sein. Elles représentent 42% des décès chez les Européennes contre 27% pour les cancers.
Les jeunes femmes aussi
Parmi ces atteintes, l’infarctus du myocarde est la première cause avec 18% de décès féminins, suivi de l’accident vasculaire cérébral (AVC) 14%, puis 10% pour les autres pathologies vasculaires. C’est ce que nous apprend une étude que vient de publier le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) qui sert de vigie en France sur la santé.
Dans ce travail, on relève que « la progression du nombre d’hospitalisations pour un infarctus chez les femmes jeunes s’est accrue de manière significative ». Ainsi poursuit l’étude, « chez les femmes de 45 à 54 ans ce nombre est passé de +3% par an entre 2002 et 2008 à +4,8% par an entre 2009 et 2013 ».
Ce problème de santé publique reste néanmoins dans l’ombre, tant les idées reçues sur la santé cardiaque sont tenaces. Pour la présidente de la Fédération française de cardiologie (FFC) il y a « urgence à bouleverser nos cultures sociétales qui considèrent encore que les femmes jeunes sont protégées des maladies cardiovasculaires par leurs hormones ».
La preuve qu’il faut revoir nos certitudes, poursuit Claire Mounier-Vehier, l’épidémie à laquelle nous sommes confrontés, notamment chez les femmes jeunes, « s’explique essentiellement par l’évolution de leur mode de vie avec l’adoption depuis 30 ans, des mêmes comportements à risque que ceux des hommes ».
Vivre comme les hommes et mourir comme eux
Lorsqu'on suspecte un problème cardiaque, un électrocardiogramme (ECG) est le premier examen à faire pratiquer pour enregistrer l'activité électrique du cœur, nécessaire à ses contractions.
On peut tester facilement dans son entourage la persistance de la croyance qui veut que ce soient les hommes qui souffrent le plus souvent de problèmes cardiaques. Or, les statistiques le démentent sans ambiguïté : sur les 157 000 personnes qui décèdent chaque année en France d’une maladie cardiovasculaire, 54% sont des femmes.
Donc de plus en plus de femmes sont concernées et le sont de plus en plus jeunes. Selon la FFC, actuellement, plus de 11% des femmes victimes d’un infarctus ont moins de 50 ans. Elles n’étaient que 4% en 1995. La faute au tabagisme, au stress, à la sédentarité, aux mauvaises habitudes alimentaires et, plus récemment, à l’alcool, constatent les spécialistes pour qui c’est l’accumulation de ces facteurs qui crée le risque. « Mais le tabagisme constitue un facteur de risque majeur de l’infarctus du myocarde chez la femme jeune », souligne la FFC.
Les femmes ont aujourd’hui les mêmes contraintes professionnelles que leurs compagnons auxquelles s’ajoutent de multiples tâches qui alimentent leur stress. Enfin, la prise d’œstrogènes de synthèse en contraception, la grossesse puis la ménopause sont autant de facteurs hormonaux spécifiquement féminins qui influencent la manière d’appréhender la santé cardiaque des femmes.
Des signaux d’alerte différents
Les cardiologues insistent aussi sur les signes d’alerte d’une crise cardiaque. Chez les femmes en effet les signes précurseurs d’une attaque sont souvent différents de ceux présents chez les hommes. Si les deux sexes peuvent être alertés par une vive douleur dans la poitrine qui irradie dans le bras de gauche jusqu’à la mâchoire, chez les femmes ce n’est pas toujours aussi net.
Les signes avant-coureurs chez les femmes peuvent se manifester aussi par un essoufflement lors d’un effort, des migraines importantes, des maux d’estomac ou des douleurs dorsales… Autant de manifestations que les femmes ou leur entourage associent rarement à une crise cardiaque. Ce qui explique qu’en moyenne l’infarctus du myocarde de la femme est pris en charge une heure plus tard que celui de l’homme. Avec comme conséquence, rappelle la FFC, que 53% des accidents cardiaques sont fatals pour elles, contre 43% pour les hommes.
Même les médecins ne sont pas toujours au fait comme le montre une étude menée auprès de 4 000 personnes dans 32 pays. On y découvre que lorsque les femmes se plaignent de douleurs thoraciques, elles ont 20 % de chance en moins que les hommes de se voir proposer une consultation médicale. On attribue encore trop souvent à tort ces signes au stress ou à la fatigue.
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