Le talc en cosmétique est parfois sujet à controverse. Il est soupçonné d'être irritant pour les voies respiratoires voire cancérigène. Malgré les inquiétudes, le talc demeure-t-il un ingrédient sûr ?
Le talc, c’est quoi ?
Le talc est un minéral naturel de la même famille que l’argile. Il est obtenu par réduction en poudre du silicate de magnésium. Le talc est utilisé dans bien des domaines : en céramique, pour le revêtement des toitures, dans la nourriture (dans le riz ou les chewing-gums notamment)... En cosmétique, il est surtout utilisé pour ses propriétés absorbantes.
Pourquoi utiliser le talc en cosmétique ?
Son pouvoir absorbant et matifiant en fait un actif prisé en cosmétique pour les soins matifiants, anti-transpirants. Il confère aux produits un toucher soyeux, améliore la rétention des parfums, offre une meilleure adhérence des textures et assure une bonne dispersion des pigments. C’est par ailleurs un actif bon marché, inodore, blanc et inerte qui peut être facilement mélangé aux autres ingrédients. C’est pourquoi le talc en poudre ou mélangé à une huile ou un beurre entre dans la composition de bon nombre de cosmétiques : déodorants, poudres de maquillage, ombres à paupières, produits pour l'hygiène féminine, soins pour bébés, poudres pour le corps, et dans une moindre mesure dans des crèmes, des rouges à lèvres, shampoings...
De manière générale, c’est un talc relativement pur (à 95 %, 98 %) qui est utilisé dans les cosmétiques et poudres pour bébé.
Talc : quels sont les risques ?
Malgré de nombreux soupçons et de nombreuses études, l’évaluation des effets du talc semble compliquée car d’autres minéraux peuvent entrer dans sa composition. Car même si le talc cosmétique est censé être le plus pur, certifié sans fibres d’amiante (non asbestiforme), il peut parfois être contaminé.
Les Etats-Unis ont été les premiers à lancer l’alerte, ils commercialisent d'ailleurs de plus en plus de cosmétiques estampillés "talc free". Pourquoi ? Parce que comme le souligne l’ANSES dans un rapport de 2012, on ne peut exclure la présence de fibres d’amiante dans certains gisements. Le talc naturel peut contenir "selon les différents gisements de production dont il est issu, d'autres minéraux fibreux ou non fibreux. En particulier (…) des fibres minérales ayant des structures chimiques analogues à celles des six fibres minérales classées comme des fibres d'amiante au sens réglementaire".
Le talc en poudre peut être irritant
Certaines études de cas on fait état d’irritation des voies respiratoires chez des enfants dont les fesses avaient été talquées. Par ailleurs, des études expérimentales ont montré que le talc non fibreux était un minéral capable d’entrainer des lésions respiratoires non malignes.
Parce qu’il peut être toxique par inhalation, le talc en poudre doit être utilisé avec précaution. Sur les produits à destination des enfants de moins de 3 ans, la mention "Tenir à l’écart du nez et de la bouche de l’enfant" doit figurer sur le packaging.
Le talc potentiellement cancérigène
En cause, la présence potentielle d’amiante ou de fibres d’amiante. Une enquête sur la composition des talcs cosmétiques du marché italien a été réalisée en 1984. "Les auteurs ont montré que l'amiante était présent dans 6 des 14 échantillons de talc provenant de la pharmacopée européenne." Une étude réalisée au Pakistan rapportée par le CIRC en 2010 mettait en évidence la présence de chrysotile, de trémolite et d’anthophyllite, asbestiformes (ayant la forme d'amiante) et non asbestiformes*, ainsi que de quartz. L’origine du talc serait donc prépondérante dans le niveau de risque. En France, nous possédons l’un des gisements de talc le plus important au monde. Les différentes données recueillies sur place révèlent l’absence de risque significatif pour les cancers broncho-pulmonaires et les mésothéliomes, le talc extrait de ce gisement étant de bonne qualité.
Sur la question des risques de cancer liés au talc cosmétique, les autorités semblent partagées : "le talc asbestiforme (sous forme d’amiante) est classé potentiellement cancérogène par le CIRC (Centre National de Recherches sur le Cancer) et la FDA (Food Drug Administration)", mais l’ANSES dans son rapport affirme que pour l’heure "les études épidémiologiques et toxicologiques n’ont pas permis de se prononcer sur la cancérogénicité du talc contaminé par des fibres d’amphiboles (ATA) non asbestiformes (fragments de clivage)."
Des avis divergents dus à des conclusions contradictoires. De nombreuses études de cas réalisées au cours des 30 dernières années dans les pays anglo-saxons et scandinaves ont fait le lien à des degrés divers entre exposition au talc cosmétique et hausse du cancer des ovaires chez la Femme. Il semblerait que les produits d’hygiène féminine et les serviettes périodiques en contact avec la zone du vagin joueraient un rôle dans des cas d’inflammation des ovaires (selon la Société Américaine contre le Cancer le talc en poudre peut remonter par l’utérus et les trompes de Fallope). Une présence qui pourrait entrainer des inflammations des muqueuses intimes et mener à une hausse du risque de cancer.
Toutefois, une méta-analyse de 2007 (qui compilait les résultats de nombreuses études) est venue contredire ces conclusions. L’étude n’a en en effet trouvé aucun lien entre utilisation du talc sur les zones intimes et hausse significative du cancer des ovaires...
Si la toxicité sur les voies respiratoires du talc en poudre semble avérée, des études sont encore nécessaires pour confirmer ou infirmer les risques réels de cancer chez les femmes utilisant des produits à base de talc pour leurs zones intimes. En attendant, le principe de précaution semble de mise. Il est préférable d’éviter d’utiliser des produits contenant du talc sur la zone des parties intimes et de ne pas utiliser de talc en poudre libre notamment pour les fesses des bébés.
* D'après l’ANSES, "le talc brut peut contenir des fibres minérales qui ont la même structure que les 6 fibres minérales classées comme fibres d’amiante : le chrysotile, l'actinolite, l'anthophyllite, la trémolite, l'amosite, et la crocidolite. (…) Ces fibres d’amiante sont aussi appelées asbestiformes (en forme d’amiante)."
1 Commentaires
Anonyme
En Avril, 2016 (10:26 AM)Participer à la Discussion