Le jeune homme de 22 ans est décédé quelques heures après une injection du vaccin Pfizer, mais le principal suspect est une "allergie alimentaire".
SCIENCE - Alors que la campagne de vaccination continue d'accélérer en France, la mort, lundi 26 juillet, d'un jeune homme de 22 ans à Sète, quelques heures après une première injection du vaccin anti-Covid Pfizer, est au centre de toutes les attentions.
Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, son père explique que Maxime Beltra a été vacciné à 14 heures et qu'il est décédé d'un "choc allergique" à 23 heures, après que les pompiers et médecins ont "tout essayé pour le sauver".
Une information judiciaire "en recherche des causes de la mort" a été ouverte mercredi 28 juillet, a précisé le parquet de Montpellier à France Info. Plusieurs figures politiques opposées au vaccin et au pass sanitaire, notamment Florian Philippot et l'eurodéputé Gilbert Collard, ont fait écho à cette affaire.
Contacté par Le HuffPost, le responsable du centre de pharmacovigilance de Montpellier, le professeur Jean-Luc Faillie, explique qu'une enquête est en cours et qu'un dossier sera transmis à l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) "dans la journée".
Une probable allergie alimentaire
Les centres de pharmacovigilance n'ont pas pour habitude de communiquer sur les dossiers en cours, mais vu la portée médiatique de ce décès, le professeur a souhaité préciser que l'enquête "s'oriente beaucoup vers un problème d'allergie alimentaire qui ne semblerait pas être en relation avec la vaccination".
En effet, selon Jean-Luc Faillie, Maxime Beltra avait des antécédents allergiques importants. "Il y a probablement eu une exposition à un allergène qui a eu lieu après la vaccination", explique-t-il.
On connait plutôt bien les effets indésirables provoqués très rarement par le vaccin Pfizer, notamment le "choc anaphylactique", une urgence qui demande un traitement très rapide. Dans l'un des derniers rapports de l'ANSM, il est précisé que 247 cas ont été enregistrés depuis le début de la campagne de vaccination. Seul l'un de ces cas a été suffisamment grave pour "menacer la vie" et nécessiter un traitement spécifique. La personne a été hospitalisée.
Surtout, tous ces cas surviennent dans les quelques minutes suivant la vaccination. C'est pour cela qu'il est nécessaire de rester 15 minutes dans le centre de vaccination. Dans le cas de Maxime Beltra, "les éléments chronologiques ne sont pas en faveur d'un effet vaccinal", pointe Jean-Luc Faillie. En clair: le choc anaphylactique très rarement provoqué par la vaccination a lieu au bout de quelques minutes, alors qu'il semble s'être écoulé plusieurs heures entre la vaccination et le décès du jeune homme.
Ne pas tirer de conclusion hâtive
"L'enquête est encore en cours, mais à l'heure actuelle, on s'éloigne beaucoup de l'imputation du vaccin", déclare Jean-Luc Faillie. Une fois l'enquête finalisée, c'est l'ANSM qui se chargera de préciser si le décès peut être relié au vaccin.
Comme dans tous les pays, la France suit avec attention tout problème médical survenant après l'injection d'un vaccin. Et comme près de 40 millions de Français ont reçu une dose, il y a de très nombreuses remontées. C'est logique: tous les jours, des personnes font des allergies, des crises cardiaques, des AVC, etc. Il est donc normal, avec 60% de la population vaccinée, que certains aient un problème de santé après avoir reçu une dose.
Sauf que cela ne veut pas dire que le problème est lié au vaccin. Si quelqu'un a un accident de voiture en sortant d'un centre de vaccination, on ne va pas penser que le vaccin est en cause. Si c'est un problème cardiaque, allergique ou respiratoire, il peut également n'avoir rien à voir. Mais il faut évidemment vérifier si le symptôme serait survenu quoiqu'il arrive ou si le vaccin a pu le provoquer. En clair, si la corrélation (A arrive après B, possiblement par hasard) est en fait une causalité (c'est à cause de A que B est arrivé).
On sait que le vaccin Pfizer provoque, dans de très rares cas, divers effets indésirables, tel le choc anaphylactique juste après l'injection, ou encore des myocardites chez les jeunes hommes. Le lien a été prouvé par des enquêtes comme celle actuellement en cours, sur plusieurs personnes. À l'inverse, dans la majorité des cas, aucun lien n'a pu être prouvé entre la survenue d'un problème de santé spécifique et le vaccin.
L'ANSM devrait être en mesure de préciser avec plus de détail, dans les jours qui viennent, si le décès de Maxime Beltra est lié au vaccin ou totalement indépendant. Pour l'instant, la vaccination n'est pas le suspect N°1.
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