Non loin du rond point de Sandaga, à l’angle des avenues Lamine Guèye et Georges Pompidou, en face du magasin "Kandji et Frères", une gigantesque croix verte est implantée sur le poteau d'un bâtiment peint en vert. On est à la «Phamarcie Guigon ». Des fleurs poussent tout au long de la petite clôture. Sur la baie vitrée, est floquée l’inscription « ouvert ».
L’atmosphère à l’intérieur n’est point comparable au climat chaud qui sévit dehors. L’air glacial du cadre et l’odeur des médicaments - qui disputent les étagères aux parfums et crèmes cosmétiques - se font sentir. Deux petites corbeilles sont réservées aux préservatifs. L’une d’être elle est vide. En effet les condoms féminins sont en rupture de stock.
Raïssa Dieng, déléguée médicale de son état, vante bien les mérites du préservatif féminin : « Quand je serai mariée, je compte utiliser les préservatifs féminins. Surtout pour mieux contrôler les naissances. Mais avant, j’en parlerai à mon mari sinon cela pourrait provoquer un manque de confiance à mon égard. J’encourage les femmes à acquérir ces préservatifs car cela peut contribuer à leur bien être, surtout avec les hommes qui deviennent de jour en jour plus égoïstes».
Debout, devant l’un des rayons consacrés aux produits pour bébés, la jeune K. F., en blouse rose est chargée d’orienter les clients. Piercing au nez, cette fille d’une vingtaine d’années ne voit pas d’inconvénients quand au port du préservatif. « Les femmes ne devraient pas compter uniquement sur les hommes pour être protégées lors des rapports sexuels. Le fait de mettre en place les préservatifs féminins interpelle les femmes sur leur responsabilité face à leur devenir. Une fois au foyer, après ma première grossesse, je compte me préserver après en avoir longuement discuté avec mon mari ».
Crée vers les années 1990, le préservatif féminin reste un grand mystère pour certains tels que Sego Ferdinand, étudiant en architecture et urbanisme, à la recherche de produits cosmétiques. « J’ai déjà entendu parler de ce préservatif, mais je n’ai jamais eu l’occasion de voir à quoi il ressemble. Ma copine ne l’a jamais utilisé et je ne crois pas que l’idée l’ait traversée l’esprit », avoue Ferdinand. Tenant un flacon de parfum, il demande à la vendeuse de lui donner un préservatif féminin afin de voir à quoi il ressemble. Cette dernière lui oppose un refus poli.
Derrière l’étagère sur laquelle sont installées les crèmes éclaircissantes, se dresse une porte qui laisse entrevoir le bureau du médecin généraliste de la pharmacie, Ibrahima Sané. Vêtu d’une blouse blanche sur laquelle sont brodés son nom et sa fonction, stéthoscope autour du cou, docteur Sané admet que « le port du préservatif reste un véritable problème chez les personnes concernées. Les hommes mariés interdisent l’utilisation du préservatif féminin à leurs femmes. J’ai reçu des femmes qui voulaient que je leur fasse une ordonnance qui atteste qu’elles doivent se protéger. Je l’ai fait ! Malgré cela les maris s’y opposent. Pourtant, c’est bénéfique pour les deux partenaires. Cela évite des grossesses non désirées, et mêmes des infections sexuellement transmissibles ». D’après ce médecin, il y a une catégorie de femmes d’une certaine classe sociale qui en utilisent. « Ce sont plutôt des femmes mûres et instruites qui achètent des préservatifs qui leurs sont destinés et cela après avoir convaincu leur époux ». « Il faut reconnaître que sur ce sujet, la communication n’est pas bien établie. Les gens en entendent parler sur internet ou les chaines étrangères et cela s’arrête là. Il faut vraiment soigner la communication avec les campagnes de sensibilisation », poursuit le docteur Sané.
Sur la question du mode d’emploi de l’anneau contraceptif vaginal ou préservatif féminin, le médecin avoue : « son emploi est délicat. Il a certes la même forme que le préservatif masculin, mais chez la femme il est introduit au plus profond du vagin trente minutes ou plus avant l’acte sexuel. Il consiste à recueillir le sperme de l’homme. Par la suite le retirer du corps car il est à usage unique comme celui de l’homme".
Si certaines personnes envisagent le port du préservatif féminin, d’autres comme Alioune Badara, client de la pharmacie Guigon n’ose même pas y penser. « Ce n’est pas une bonne chose que la femme porte un préservatif. Si elle est honnête avec son homme, elle ne doit pas en mettre. Si c’est pour la prévention des grossesses, elle doit se rapprocher des spécialistes pour apprendre à calculer son cycle. Par contre celles qui pourraient en utiliser ce sont les travailleuses de sexe. Mais si cela ne dépendait que de moi, ces protections féminines n’auraient pas lieu d’être », argumente Alioune Badara.
Chacun est appelé à prendre ses responsabilités face aux infections sexuellement transmissibles et surtout au VIH.
5 Commentaires
Paa
En Juillet, 2012 (00:56 AM)Tef
En Juillet, 2012 (01:00 AM)Khaque
En Juillet, 2012 (01:28 AM)Blessing
En Juillet, 2012 (09:39 AM)pour entrER dans le vif du sujet je demande préservatif nous perverse contre quoi juste pour savoir?
Blessing
En Juillet, 2012 (09:43 AM)Participer à la Discussion