L’association régionale des personnes vivant avec le VIH à Tambacounda "Djigui Sembé" a entamé des visites de proximité auprès des leaders d’opinion et de la presse, dans le cadre d’un plaidoyer contre la stigmatisation et la discrimination dont souffrent les personnes vivant avec le VIH, et qui constituent, selon la structure, des obstacles à l’éradication de la pandémie. Des membres de Djigui Sembé (Espoir, en langue bambara) ont indiqué au correspondant de l’APS qu’ils effectuent des visites de proximité auprès des leaders religieux et politiques, des prestataires de soins et de la presse, avec laquelle l’association souhaite une collaboration ‘’étroite, franche et durable’’, dans le cadre de la lutte contre la stigmatisation et la discrimination envers les personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Créée en 1998, Djigui Sembé, qui revendique environ ‘’une centaine’’ de membres et qui a tenu son assemblée générale en avril dernier, est membre fondateur du Réseau national des associations de personnes vivant avec le VIH, étant l’une des cinq structures qui la composaient à ses débuts, les quatre autres étant basées à Dakar. Accompagnés pour l’occasion d’un responsable du Réseau national en tournée depuis le 19 décembre, dans des régions du pays comme Kaolack, Fatick et Kédougou, quatre membres de la structure, dont sa présidente, ont indiqué que ce plaidoyer qui cible également les autorités judiciaires et les porteurs de voix de manière générale, vise à sensibiliser la communauté sur les méfaits des attitudes discriminatoires et de stigmatisation à l’égard des PVVIH. L’association régionale des personnes vivant avec le VIH souhaite ‘’que les populations puissent savoir que ce sont leurs frères, leurs sœurs, qui vivent avec le VIH et qui peuvent servir le pays aussi’’, a déclaré la présidente, non sans souligner qu’avec la stigmatisation en vigueur, ‘’personne ne va s’afficher comme personne vivant avec le VIH’’. ‘’Si cela cesse, les gens vont sortir’’ et alors pourrons-nous prétendre à vaincre le Sida'', pense la présidente. Loin des images de ‘’personnes squelettiques’’ que beaucoup de gens retiennent des porteurs du VIH, ce sont des personnes qui ‘’vaquent à leurs occupations’’, a relevé le point focal du Fonds mondial. Djigui Sembé veut, à travers ces visites de plaidoyer, contribuer au combat contre le VIH dans un contexte de raréfaction des ressources, avec le retrait progressif de beaucoup de bailleurs. Le Fonds mondial s’apprête à boucler le round 9, dont la suite reste incertaine, a indiqué son point focal au sein du Réseau national. ‘’Le Sénégal est considéré comme n’étant pas une priorité’’ du fait de son faible taux de prévalence, mais si faute de moyen, le pays n’arrive pas à maintenir ce taux à 0,7 %, cela risque d’être une catastrophe pour le pays, a-t-il encore averti. Faute de pouvoir organiser des activités nationales, le Réseau national a signé une convention avec les associations régionales pour leur permettre de faire le travail à l’échelle locale et de capitaliser leurs résultats, a-t-il expliqué. Pour lui, l’objectif zéro discrimination, zéro stigmatisation, zéro nouvelle infection visé d’ici 2015 ne peut être atteint avec cette discrimination. Ce dernier objectif passe par un dépistage des femmes enceintes pour qu’elles soient prises en charge tôt si elles sont infectées, afin de protéger leur enfant. A ce propos, Djigui Sembé invite les maris à y contribuer, en laissant leurs épouses enceintes faire le test de dépistage du VIH. Beaucoup ne suivent pas leur traitement comme il se doit, de peur que leurs va-et-vient entre l’hôpital et leur domicile n’éveillent le soupçon. Certaines femmes qui se voient proposer un dépistage ne reviennent pas. Ce sont les perdus de vue dont on parle, expliquent-ils. La nécessité de trouver des moyens de financement alternatifs propres, pour combler le gap qui sera laissé par les partenaires et venir en appoint à l’action de l’Etat, a été aussi soulignée. Cela, à la suite de l’ ‘’Appel de Dakar’’ lancé par la société civile, pour la mise en place de mécanismes aptes à trouver des financements propres. S’ils estiment que ‘’beaucoup de choses ont changé’’ par rapport à la discrimination et à la stigmatisation dont sont victimes les personnes vivant avec le VIH, comme en témoigne la possibilité pour Djigui Sembé d’aller à la rencontre des leaders d’opinion pour faire un plaidoyer, ils notent cependant que ‘’tout n’est pas rose’’ et que ‘’le combat continue’’. Preuve qu’il y a encore du chemin à faire, rares sont les personnes vivant avec le VIH qui sont prêtes à s’adresser, à visage découvert aux médias, par peur des conséquences que cela peut avoir sur leur entourage. Au niveau national, ‘’sur des centaines, des milliers de personnes vivant avec le VIH, il n’y a que deux qui sont visibles’’, note le point focal.
ADI/ASG/DND
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