Une application web par laquelle des malades atteints d'un cancer avancé peuvent en temps réel signaler leurs symptômes a produit des effets bénéfiques substantiels, dont une espérance de vie allongée, a révélé un essai clinique présenté dimanche.
Cette étude menée avec 766 patients, dont 86% de Blancs et d'une moyenne d'âge de 61 ans, tous diagnostiqués de différents cancers métastasés du poumon, du sein et de la prostate, montre que les utilisateurs de l'application disponible sur tablette ou smartphone pour communiquer les effets secondaires de la chimiothérapie à leur médecin ont vécu en moyenne cinq mois de plus que ceux du groupe témoin. Ces derniers attendaient leur visite mensuelle chez le cancérologue pour mentionner ces problèmes.
L'espérance de vie grappillée représente un gain de 20% (31 mois comparés à 26 mois) et ce avec une meilleure qualité de vie, a précisé le Dr Ethan Basch, professeur de médecine au centre du cancer Lineberger de l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, principal auteur. Il en a présenté les résultats à la conférence de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO), le plus grand colloque mondial sur le cancer avec plus de 30.000 participants réunis ce week-end à Chicago.
L'étude, menée de septembre 2007 à janvier 2011 et qui comptait 58% de femmes, est également publiée en ligne dans le Journal of the American Medical Association (JAMA). Les calculs ont été effectués en juin 2016 après que 67% des participants furent morts, mois marquant une durée de suivie de sept ans.
Système d'alerte
"Le gain de survie pourrait paraître modeste mais en fait il est supérieur à ce qui est obtenu avec de nombreux médicaments très coûteux qui ciblent les cancers avancés", pointe le Dr Basch. On ne compte que quatre essais cliniques présentés cette année à la conférence de l'ASCO dont les résultats montrent un plus grand effet thérapeutique potentiel pour ce groupe de patients, relève-t-il également.
"Les malades qui suivent une chimiothérapie ont souvent des symptômes sévères – nausées, douleurs, fatigue, difficultés respiratoires – et les médecins comme les infirmières n'en sont informés que la moitié du temps", explique le chercheur. "Nous avons constaté que le système d'application web pour signaler ces symptômes en temps réel alerte l'équipe soignante qui peut agir sans attendre pour soulager les malades", poursuit-il.
La fréquence des alertes était en général d'au moins une fois par semaine. En cas d'aggravation, ils correspondaient avec les infirmières par courriel, quand les malades du groupe témoin devaient en informer celles-ci par téléphone. Ce système d'alerte par l'application "Symptom Tracking and Reporting" a permis de nettement réduire les visites aux urgences pour ces patients qui ont aussi mieux toléré la chimiothérapie sur la durée, restant ainsi plus actifs. Tous ces facteurs ont contribué à l'allongement de leur vie.
Rendre plus accessible
Parmi les difficultés pour généraliser cette application – qui n'est pas commercialisée -, les chercheurs citent la conception des dossiers médicaux électroniques et le fait que les médecins ne seraient pas payés par les assurances dans le système actuel. Mais, souligne le professeur Basch, ce système est "prometteur" à la fois pour soulager les souffrances des malades et améliorer la qualité de leur existence pendant les derniers mois de vie tout en permettant d'économiser des millions de dollars.
Il dirige actuellement une étude clinique sur l'ensemble des Etats-Unis avec mille patients, atteints d'un cancer métastatique, traités par des cabinets de cancérologues. "Je pense que nous allons bientôt voir de plus en plus de centres de cancer et des cabinets médicaux adopter ce modèle", a prédit le Dr Harold Burstein, un cancérologue du Dana-Farber Cancer Institute à New York, qui n'a pas participé à cette étude.
"C'est tout simplement impressionnant que quelque chose d'aussi simple puisse non seulement améliorer la qualité de vie des malades mais aussi dans ce cas les aider à vivre plus longtemps", a-t-il dit dimanche lors d'une conférence de presse. "Nous devons maintenant trouver la manière de rendre ce système plus accessible et plus mobile pour les patients… et voir aussi comment l'intégrer dans notre pratique médicale", a ajouté le Dr Burstein.
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