Au moins dix enfants atteints de leucémie sont morts dans un hôpital de Sanaa, la capitale du Yémen en guerre, après avoir reçu des injections de médicaments "contaminés" passés "en contrebande", ont annoncé vendredi les autorités locales.
Frappé par l'une des pires crises humanitaires au monde, le Yémen connaît une grave pénurie de médicaments et de matériel médical en raison de la guerre qui ravage ce pays très pauvre de la péninsule arabique depuis plus de sept ans.
Le conflit oppose les forces loyales au gouvernement, appuyées par une coalition dirigée par la puissante Arabie saoudite voisine, aux Houthis, des rebelles soutenus par l'Iran qui ont pris le contrôle de Sanaa en 2014.
"Dix enfants atteints de leucémie sont morts" au Kuwait Hospital, a annoncé dans un communiqué le ministère de la Santé des rebelles, indiquant qu'ils faisaient partie d'un groupe de 19 patients âgés de trois à 15 ans souffrant de cette maladie et dont l'état s'était détérioré en raison du "manque de disponibilité" des médicaments.
Le rebelles ont précisé qu'une "contamination bactérienne" avait été détectée dans les médicaments passés "en contrebande", ajoutant qu'un autre enfant se trouvait dans "un état très critique".
Les médicaments étaient "périmés" et les enfants sont morts "des suites de l'injection", a indiqué pour sa part à l'AFP une source médicale de Sanaa qui a requis l'anonymat par crainte de représailles.
Selon cette source, le nombre de décès pourrait être supérieur, une cinquantaine d'enfants étant soignés dans la même unité.
La mère d'un enfant décédé, jointe par téléphone par l'AFP, a raconté que l'injection administrée à son fils de 8 ans "était la première de son traitement depuis la découverte de sa maladie".
"Il souffrait de douleurs diverses, alors un médecin lui a prescrit des sédatifs. Mais ses douleurs se sont intensifiées et il a perdu connaissance. Puis il est mort. Je ne peux imaginer ma vie sans lui", a-t-elle ajouté sans divulguer son nom, de peur de représailles des autorités.
Si cette mère ne connaît pas "la cause" du drame, elle affirme avoir entendu des médecins parler d'une "contamination" dans le médicament administré à son fils "ainsi qu'aux autres enfants".
Les rebelles ont fait porter la responsabilité de ce drame au "siège" imposé par la coalition, qui contrôle tout l'espace aérien et maritime du Yémen y compris dans les zones où les rebelles ont pris le pouvoir, comme à Sanaa et une bonne partie du nord du pays.
Les rebelles sont de leurs côtés régulièrement accusés d'entraver ou de compliquer l'acheminement de l'aide humanitaire, dont plus des deux tiers des 30 millions de Yéménites dépendent.
Dans un pays aux infrastructures déjà très fragiles, la guerre au Yémen a fait des centaines de milliers de morts, une grande partie ayant succombé aux conséquences indirectes des combats, comme la faim et les maladies.
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