Alors que seuls les moustiques de la famille Aedes aegypti étaient réputés de véhiculer Zika, des chercheurs brésiliens auraient trouvé des concentrations de virus parmi des moustiques Culex, beaucoup plus répandus. La communauté scientifique est divisée sur la pertinence des résultats.
Alors que l'épidémie de Zika fait des ravages du Brésil aux États-Unis en passant par l'Europe et que des cas de transmission restent inexpliqués, une étude brésilienne vient semer davantage le doute parmi la communauté scientifique.
Un apport intéressant à la littérature déjà existante
Selon une équipe de la Fondation Oswaldo Cruz (Fiocruz), l'institut public rattaché au ministère de la Santé brésilien, dans la ville de Recife, située à l'extrême est du pays, le virus Zika aurait été transmis par des moustiques Culex. Or, jusqu'ici seuls l'Aedes aegypti, le fameux moustique tigre, et son cousin l'Aedes albopcitus étaient connus pour transmettre le virus.
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont examiné 500 femelles moustiques recueillies et divisées en petits groupes de 1 à 10, dans 80 piscines distinctes. L'équipe de Fiocruz a alors remarqué que dans 3 des 80 piscines, des moustiques avaient été infectés par le virus Zika. Même si cela ne signifie pas que les moustiques Culex, qui ont contracté le virus, en sont des vecteurs,l'Organisation mondiale de la santé (OMS) considère qu'il s'agit tout de même d'un apport intéressant à la littérature déjà existante sur Zika.
#Zika : transmission, symptômes et pays touchés >> https://t.co/YXbJ4Ezp6W pic.twitter.com/TAdbCYt05T
— Le Parisien Infog (@LeParisienInfog) 26 juillet 2016
La population de Culex est 20 fois supérieure
Et l'étude divulguée lors d'une conférence de presse lundi est d'autant plus inquiétante pour les spécialistes du monde entier que la population de moustiques de type Culex est « 20 fois supérieure à la population de Aedes aegypti » dans la région métropolitaine de Recife. En se trompant de cibles, les autorités sanitaires auraient alors précipité la propagation du virus.
Toutefois certains scientifiques restent sur la défensive. « nous avons réalisé la même expérience avec des moustiques Culex du Sud de la France et des tropiques, et nous n'avons pas observé le virus dans la salive du moustique même 21 jours après l'infection », souligne à Pourquoi Docteur Anna-Bella Failloux, entomologiste et responsable de l'unité Arbovirus et Insectes Vecteurs à l'Institut Pasteur.
La spécialiste de l'institut Pasteur insiste également sur le fait que l'étude de l'équipe de Récife n'a pas fait l'objet d'une publication et n'a pu être lue par un collège de scientifiques susceptibles de valider ou non les données de l'expérience.
Contracter le virus, mais pas le transmettre
Quant à l'autre équipe de Fiocruz basée à Rio de Janeiro, qui a étudié des moustiques Culex quinquefasciatus, Aedes albopictus et Aedes aegypti, elle assure que seuls ces derniers étaient porteurs du virus. Une étude américaine arrive a des résultats similaires. Les chercheurs admettent que Culex pipiens et Aedes triseriatus peuvent contracter le virus, mais pas le transmettre.
En attendant des études complémentaires, le Dr. Raman Velayudhan, expert au sein de l'équipe chargée de la réponse à l'épidémie de Zika à l'OMS, indique : « Dès que nous en saurons plus, nos interventions, nos recommandations et nos estimations du risque évolueront pour refléter les nouvelles connaissances sur Zika. »
0 Commentaires
Participer à la Discussion