Grande figure de la vie intellectuelle et culturelle sénégalaise, Professeur Aram Fal a été de tous les combats pour la promotion des langues nationales.
Tout son temps et son énergie, elle les a consacrés à vulgariser les langues nationales. Son seul objectif, connecter les intellectuels et le reste de la population pour annihiler la distance imposée par la langue du colon. Aram Fal a compris très tôt que le français a créé un hiatus entre l’élite intellectuelle censée indiquer la voie et le peuple qui devrait lui accorder sa confiance.
A la retraite depuis 2002 et aujourd’hui âgée de 85 ans, celle que les intimes appellent affectueusement Tata Aram reste toujours active dans le milieu intellectuel et universitaire. Sa flamme et son ambition pour son pays ignorent ce que retraite veut dire. Aujourd’hui encore, elle emploie toute son énergie à vulgariser et à susciter des vocations auprès de la jeunesse sénégalaise et africaine.
Il ne pouvait en être autrement au vu de son parcours. Née à Saint-Louis en 1936, Aram Fal est arrivée à Dakar après le baccalauréat. Après une licence en lettres classiques et un Diplôme d’études supérieures en linguistique à l’université de Dakar, elle intègre l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN) en 1967 dans un contexte où les recherches dans le département de linguistique étaient essentiellement axées sur les langues nationales. Elle soutient sa thèse (Les nominaux en sereer siin) en 1973 à l’université de Paris III.
Les différentes publications
En fait, c’est surtout l’influence du savant Cheikh Anta Diop qui sera décisive dans l’orientation de sa carrière. « Sans ma volonté de contribuer à la mise en œuvre des idées du savant, je n’aurais certainement pas étudié la linguistique, je me serais destinée à une carrière d’enseignant », a-t-elle confié un jour à Ndèye Codou Fall qui a rapporté les propos à l’occasion d’un hommage rendu à cette icône en 2017.
Dans cette recherche de vulgarisation des langues nationales, le wolof en particulier, Aram Fal a écrit et traduit plusieurs ouvrages. Parmi ses publications, un précis de grammaire en wolof intitulé Nëwu làmmiñu wolof terminé en 2017, un Dictionnaire wolof-français écrit avec Rosine Santos et Jean Léonce Donneux et qui reste une référence ou encore Grammaire fonctionnelle de la langue wolof. Toujours connectée à son temps, elle s’est penchée sur les technologies de l’information et de la communication avec un « Lexique informatique - Baatukaayu x@mtéef - décliné en français, en anglais et en wolof ».
S’agissant des œuvres traduites, on peut en citer le célèbre roman de Mariama Ba, Une si longue lettre (Bataaxal bu gudde nii), la Constitution du Sénégal avec le magistrat Ameth Diouf ainsi que le Code des marchés publics (Sàrtu Jawi Nguur gi) traduit également en collaboration avec Ameth Diouf et Mamadou Ndiaye. Elle a également créé une maison d’édition : OSAD (Organisation Sénégalaise d’Appui au Développement).
« Si on continue à faire des décrets… »
Pionnière de la linguistique au Sénégal et en Afrique, elle a été de toutes les batailles pour la promotion des langues nationales. Depuis 40 ans environ, elle est dans le combat pour la codification du wolof. Ça fait plus de 3 décennies qu’elle travaille avec d’autres sur le décret d’écriture du wolof. Aujourd’hui, elle pense que le moment est venu de passer à l’essentiel.
« Depuis 1985, nous travaillons sur ce décret. Après on a dit que ce n’est pas bon. On a travaillé sur le décret de 2005, on a dit que ce n’est pas bon. Si on continue comme ça à faire des décrets, on risque de ne pas avoir le temps de faire les travaux pour les élèves, les élus locaux… », s’inquiétait-elle en 2019, lors d’un hommage qui lui a été rendu.
La chercheuse entend ainsi pousser ses collègues à avancer vers la production de documents qui vont servir l’école, l’administration et la population de façon générale. « Les 85% de la population qui ne parlent pas français doivent être au même niveau d’information que les autres », déclare-t-elle.
C’est à cette dame, « grande figure de la vie intellectuelle et culturelle sénégalaise », que l’IFAN compte rendre hommage en tant que « l’un des acteurs les plus importants du combat pour la promotion des langues nationales de l’ère post-coloniale ».
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6 Commentaires
Sidy Bara
En Juin, 2021 (18:58 PM)Senenmouth
En Juin, 2021 (19:11 PM)Sen Janx
En Juin, 2021 (20:14 PM)Remercions-la pour l'immense travail accompli durant toutes ces années.
Diop Fari
En Juin, 2021 (21:16 PM)Deug
En Juin, 2021 (22:50 PM)Participer à la Discussion