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Costumes africains : comptes et mécomptes d'un bon filon

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Costumes africains : comptes et mécomptes d'un bon filon
Les Sénégalais ont le feeling du costume africain. Ils l’enfilent avec bonheur et élégance après commande auprès de plusieurs jeunes qui ont investi le secteur. Aujourd’hui, avec l’intérêt et la forte demande, ces derniers tiennent le bon bout du fil et s’imposent en taille patron dans leurs ambitions taillées sur mesure, avec les réseaux sociaux en renfort. Une machine à sous dans ce contexte de crise. Mais, pas que... Du moins, selon le quotidien national Le Soleil qui a enquêté sur le sujet.

Le commerce est le gagne-pain de beaucoup de Sénégalais. Ousseynou Samb emmagasine une décennie d’expériences. Il a frappé à plusieurs portes, il s’est intéressé à plusieurs produits.

« J’ai même recyclé et vendu des sacs d’oignon », rigole-t-il, faisant référence à son passé de débrouillard. Aujourd’hui, les boubous traditionnels appelés costumes africains constituent l’un de ses plus grands marchés.

À Thiaroye, non loin de la gare du Ter, le longiligne bonhomme, âgé de 39 ans, expose une kyrielle de paquets. La vitrine de la boutique met en valeur une couture taillée sur mesure de plusieurs catégories de tissus.

« Le fil-à-fil simple et le fil-à-fil Getzner sont en vogue actuellement », explique-t-il, parlant de quatre boubous aux couleurs et modèles divers. Il ne coud pas, il expose et vend. C’est une collaboration qui est nouée avec des professionnels de la couture.

« C’est mon business. J’achète des tissus auprès des grossistes de Pikine. Ensuite, le tailleur se charge du reste. Il y a des tailles standards pour les prêts-à-porter et des coutures sur mesure pour les commandes », ajoute-t-il d’une voix forte.

Ainsi, pour chaque habit vendu, il se retrouve avec un bénéfice variant entre 5000 et 7000 FCfa. « Je vends le costume à 20 000 FCfa ; je récolte ainsi un bénéfice d’au minimum 5000 FCfa sur chaque tunique », dit-il.

Dans sa boutique, sise à Thiaroye-sur-Mer, sont accrochées plusieurs tenues. Âgé de 39 ans, Moustapha Samb fait des costumes africains son filon. Et il s’en sort grâce à une clientèle consolidée.

« Je les achète à 20 000 FCfa pour les revendre à 25 000 ou 30 000 si c’est à crédit », dit le commerçant installé en face de la Senelec.

Catalyseur pour l’entrepreneuriat

Dans un contexte où les demandes d’emploi s’accroissent d’année en année, l’entrepreneuriat est en vogue. Il porte l’espoir de beaucoup de jeunes sénégalais.

Momar en fait partie. Le jeune homme s’est mué en expert du costume grâce à son flair. Il en portait et un beau jour, il décide d’en vendre.

« Les gens appréciaient tout le temps les habits que je portais. C’est ainsi que j’ai décidé d’aller à Colobane, d’acheter des tissus, faire le design et s’attacher les services de tailleurs. C’est en 2021 que j’ai créé ma marque « ‘‘Momar business’’ », informe-t-il.

Un an après, le projet a pris son envol. Il collabore avec plusieurs artistes, dont Waly Seck. « Je collabore souvent avec des personnalités. Pas plus tard que le 12 juin, j’ai habillé l’orchestre du chanteur Waly Seck, de même que celui de Viviane », explique-t-il.

Sa mutation est ainsi validée. D’expert en business plan et en création, il est devenu un acteur de la mode.

À Castor, Ousseynou tient une boutique prêt-à-porter. Ses rayons sont garnis de costumes africains pour hommes et femmes.

« L’activité est rentable, car les tenues sont commodes. Quand quelqu’un a une urgence, il est obligé d’acheter immédiatement. La clientèle ne fait pas défaut », rassure-t-il tout en tenant une tenue bleue.

C’est un long parcours qui l’a guidé vers cette entreprise. « J’étais dans le transfert d’argent, puis dans la coiffure. Et c’est ainsi que j’ai décidé d’acheter des tissus, de les coudre et de les revendre. Les costumes sont vendus entre 20 000 et 60 000 selon la qualité des tissus. Le bénéfice varie entre 12 000 et 20 000 FCfa. J’avoue que c’est un marché intéressant. En temps normal, nous pouvons vendre entre 15 et 25 habits en une seule semaine. Pour la période de Korité ou Tabaski, le chiffre peut être doublé ou triplé », souligne Ousseynou.

Avec la réussite de son projet entrepreneurial, il est parvenu à créer trois emplois fixes. « Nous avons démarré avec deux boubous. Et nous sommes actuellement à plus d’une centaine. Et le stock est constamment renforcé. En plus des trois emplois fixes, nous collaborons avec des livreurs et plusieurs tailleurs », ajoute l’homme de grande taille.

Fonctionnaires et particuliers s’y mettent...

C’est le marché et l’espoir de beaucoup de jeunes entrepreneurs, mais aussi une activité secondaire pour Ousmane Bodian. Travaillant dans une banque, le sieur de 39 ans en propose à ses collègues. C’est pour arrondir ses revenus à travers des gains supplémentaires.

« Je dépense 20 000 FCfa pour un boubou et je le revends à 35 000 FCfa payables en deux tranches. Ces tenues sont élégantes et très aimées des Sénégalais », se réjouit-il.

Enseignant, Moussa Niang ne se limite pas à sa solde mensuelle. En collaboration avec des tailleurs, il coud et vend environ huit à dix tenues par mois.

« Tout est parti de la proposition de collaboration venant du tailleur. Et depuis plus d’un an, nous y sommes. Nous vendons les tenues à 40 000 FCfa payables en deux tranches. Et ça marche bien. Les bénéfices sont assez importants. Et nous comptons sur la confiance des clients qui, pour la plupart, sont nos collègues », souffle l’enseignant.

C’est au poste de santé qu’Aïssatou Fall se fait une clientèle. Infirmière, elle profite de son temps libre pour acheter des tissus et confectionner des tenues sur mesure. Huit mois après ses débuts, elle ne nourrit pas de regret.

« Le commerce a toujours été une passion. Donc, je peux l’accompagner avec n’importe quelle activité. Les costumes africains sont à la mode. J’en vends pour toutes les tailles, entre 25 000 et 40 000 FCfa. Et ça marche bien », fait-elle savoir.

Les tailleurs pédalent à fond

D’habitude, la Tabaski et la Korité constituent les périodes fastes pour les tailleurs ; ce qui les expose souvent à une précarité pendant une période de l’année.

Babacar Diouf peut désormais compter sur les sollicitations des boutiquiers. Actuellement, il collabore avec deux structures.

« C’est un partenariat que nous avons noué. Je leur confectionne 25 à 30 costumes africains chaque mois », explique-t-il.

Ce faisant, il peut gagner plus de 150 000 FCfa. Et à l’avenir, il n’exclut pas d’ouvrir sa boutique et travailler pour son propre compte.

À l’intérieur de son atelier, situé à Yarakh, Moussa Guissé pédale à fond. Il est mobilisé par la couture d’un bazin bleu. En cette période de Tabaski, il observe une pause pour les costumes africains.

« C’est un marché rentable qui nous permet de survivre. Pour un boubou confectionné, je gagne entre 8000 et 12 000 FCfa. C’est un partenariat gagnant-gagnant entre tailleurs et commerçants », se réjouit-il.

Chez Dame Diop, c’est également la réjouissance. À l’en croire, cette tenue très prisée des Sénégalais fait des heureux.

« C’est à la mode et nos clients l’ont bien adoptée. C’est de la haute couture qui n’a rien à envier à celle des autres pays. La demande est forte en ce moment. Et d’importants emplois sont créés aussi », dit-il assis devant sa machine électrique.

Si Abdoulaye Fall a exploré et investi ce marché, c’est par passion pour la mode. Imaginant plusieurs designs, il décide de proposer les costumes africains brodés à la main à ses clients. Et depuis lors, il ne cesse d’augmenter son investissement.

« Je conçois et couds moi-même les tenues avant de les proposer à mes clients. J’y travaille depuis 2020. C’est un marché avantageux qui ne prend pas énormément de temps », renseigne-t-il.

Du pain béni pour les vendeurs de tissus

Il faut du tissu pour une belle tenue. Le fil-à-fil fait des émules. Il est utilisé pour la confection des costumes africains.

Dans son magasin situé à Poste Thiaroye, Fatou Kouyaté expose plusieurs qualités de tissus. Elle dispose de wax, de bazin et de tissus fil-à-fil simple ou Getzner. Ces deux dernières variétés, souligne-t-elle, se vendent bien.

« Nous les importons de la Turquie ou de la Chine, mais elles sont très courues actuellement », dit-elle assise sur un tabouret. À l’en croire, les prix varient entre 1500 et 4000 FCfa le mètre.

« Il y en a pour toutes les bourses. Ce n’est pas cher et c’est adapté à tous les types de climats », informe-t-elle.

Contrairement à elle, Ndèye Ndiaye utilise ses bons rapports avec le voisinage pour écouler ses produits. Après s’être approvisionnée au marché de Thiaroye, la dame au teint clair, âgée de 34 ans, les place auprès des connaissances.

« J’applique une marge bénéficiaire de 500 FCfa par mètre si le client paie cash. Si c’est à crédit, on passe à 700, voire 800 FCfa. Avec la couture des costumes africains, l’activité marche bien. Et nous sommes le maillon essentiel de la chaîne. Donc, nous y trouvons notre compte », sourit-elle devant son domicile en face du poste à péage de Thiaroye.

Ismaïla tient également le bon bout du fil. Tenant une mercerie, il s’engage parfois dans le commerce de tissu fil-à-fil après avoir recensé des commandes. Ainsi, il récolte un bénéfice de 2000 FCfa sur le paquet de quatre mètres.

« C’est une belle opportunité que nous saisissons. Cela nous garantit au moins des revenus supplémentaires qu’on peut réinvestir ailleurs », prévoit-il.

Les réseaux sociaux, la vitrine !

Pour vendre, il faut une bonne politique marketing. Les réseaux sociaux constituent le cadre idéal pour beaucoup de commerçants.

Il suffit juste de taper « Costumes africains à Dakar » pour s’en convaincre. Les résultats sont nombreux, présentant des produits savamment confectionnés, des contacts et des adresses.

C’est ainsi que Moustapha Samb s’est fait des clients. Tellement mobilisé par l’achat de tissus et la collaboration avec les tailleurs, il n’a plus le temps d’interagir avec les followers. Du coup, il s’est attaché les services d’un Community manager.

« Nous sommes sur Instagram, TikTok, Snapchat, WhatsApp et Facebook. La plupart des clients qui nous contactent sont tombés sur nos publications. Donc, les réseaux sociaux ont boosté nos activités », se félicite Moustapha.

Avant d’ouvrir sa boutique, Bamba Mbengue s’est constitué un dense réseau de clients via les réseaux sociaux. L’utilisation de ces médias sociaux comme tribune lui a bien servi.

« Nous avons démarré le projet sur WhatsApp. Ensuite, nous avons créé des comptes Facebook et Instagram. Aujourd’hui, nous sommes à plus de 40 000 abonnés nous permettant ainsi de faire la promotion de nos marchandises. Et ces outils sont d’une grande utilité pour nos activités », reconnaît-il. Ainsi, la prochaine étape pour lui est la création d’un site internet.

Par la magie du clic, le tailleur Pape Diagne ne sent pas encore la nécessité d’ouvrir une boutique physique. Son important réseau d’abonnés fait déjà l’affaire : "En un clic, mes abonnés sur Instagram et Facebook peuvent valider leurs commandes. Et dans les six heures qui suivent, la livraison est faite. C’est devenu sans frontières avec Internet".

Le danger de la saturation

Les initiatives poussent comme des champignons. Les boutiques physiques et en ligne émergent.

Momar redoute une saturation du marché qui va réduire les gains des acteurs. « Si tout le monde vend la même chose, qui va acheter ? » s’interroge-t-il.

C’est également le constat d’Ousseynou. Selon lui, les commerçants de costumes africains augmentent de jour en jour. Ceci peut, à son avis, contribuer à la baisse des revenus et impacter la qualité des produits.

« Même si l’offre est importante, la saturation peut être un grand risque pour les tailleurs, les boutiquiers et les commerçants », regrette-t-il. Ainsi, souligne-t-il, la solution est de diversifier ou de présenter quelque chose de différent.

« Il faut innover pour faire face à la concurrence. Sinon, cela risque d’être compliqué. À côté des costumes traditionnels, je propose des chaussures fabriquées ici. Et je réfléchis sur d’autres projets », confirme Ousseynou.


4 Commentaires

  1. Auteur

    Mor

    En Juillet, 2022 (11:56 AM)
    Il faudrait littéralement interdire à tous ces fonctionnaires et autres genre employé banque de l'article de s'imiscer dans un secteur et d'oter le pain de la bouche des véritables ayant droits.
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    • Auteur

      Reply_author

      En Juillet, 2022 (14:48 PM)
      Il a parfaitement raison ! vous êtes salariés et vous allez envahir les métiers des autres. Ou est la morale dans tout ça ?
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  2. Auteur

    Défenseur

    En Juillet, 2022 (12:39 PM)
    C'est bien Mor , encore des efforts.
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    Auteur

    En Mars, 2023 (11:15 AM)
    B­­­o­n­­­j­o­­u­­r, j­­e m'a­p­p­­­e­­­lle Alissia, j'ai 21 ans) Dé­­­bu­t du mo­­­dèle S­­­E­­X­E 18+) J'a­­ime êt­­re photo­­­grap­hiée n­­u­­­e) Veuil­­­lez noter me­­­s phot­­­os à l'adr­­­esse su­­iva­­nte ->>> W­­­W­­W­­­.­­X­­­2­­­1.­F­U­N
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    Auteur

    En Mars, 2023 (12:40 PM)
    B­­o­­n­­j­o­u­r, j­­­e m'a­­p­­p­­­e­lle Alissa, j'ai 21 a­­ns) Dé­bu­­­t du mo­dè­le S­E­­X­­­E 18+) J'a­ime êt­­­re pho­­to­­­grap­­­hi­­ée n­­u­­e) V­e­­u­­i­­­l­lez no­­­ter me­s phot­os à l'adr­esse su­­­i­va­­nte ->> W­­W­­W­­.­­X­­­2­1.­F­U­N id07152136
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