Au Sénégal, les voix féminines résonnent de plus en plus fort dans le paysage économique du pays. Que ce soit grâce à des structures étatiques ou des ONG, les femmes ont presque qu’à tendre la main pour bénéficier d’aides à l’entrepreneuriat ou à l’insertion professionnelle.
Avec une population nationale estimée à plus de 18 millions d’habitants, les femmes représentent près de 50 %, soit plus de 8 900 000. Conscient des difficultés de ces dernières à participer à l’essor économique du pays, l’État sénégalais a mis en place un ensemble de politiques et de mécanismes d’inclusion des femmes. L’une de ces initiatives est la délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes, plus connue sous l’acronyme de la DER-FJ. Depuis sa création, cet organisme a alloué des financements à hauteur de 73 milliards F CFA à plus de 206 000 initiatives féminines dans le pays grâce à son programme d’autonomisation économique. Fatou Niasse, responsable du département autonomisation économique à DER-FJ :« Juste en prenant l’exemple du nanocrédit de la Der-FJ a financé plus de 130 000 femmes à hauteur de 39 milliards à travers tout le pays. Plus de 10 000 de ces bénéficiaires étaient également formées en éducation financière». Au-delà de l’aspect financier, ce système permet la mise en place des écosystèmes favorables à l’inclusion financière et socio-économique.
Avec son triptyque « Formalisation, formation et financement », la Der-FJ propose un accompagnement financier et technique. Un procédé qui semble porter ses fruits d’après une étude effectuée sur le produit phare de l’institution : le nanocrédit. « Les résultats de l’étude démontrent que plus de 79% des bénéficiaires disent avoir augmenté leurs revenus et amélioré leur participation aux dépenses courantes. Plus de 27% parmi les bénéficiaires disent avoir des revenus mensuels qui ont augmenté de 60 000 F CFA. Et 44% déclarent avoir atteint leur autonomie financière grâce au nanocrédit. Aussi, 43% des bénéficiaires ont développé une capacité à épargner », nous livre la responsable à la DER.
Le FESTIC et le plaidoyer pour l’inclusion des femmes dans le numérique
Le Sénégal a pris le train de la transformation numérique. Une transition à laquelle l’association des femmes sénégalaises des TIC souhaite faire participer les femmes. Le FESTIC est né du constat de la sous-représentativité des femmes dans le secteur. Ainsi, les axes d’intervention de l’organisation s’articulent autour de la transformation numérique, du plaidoyer pour l’accès des femmes aux postes de responsabilité et du networking. Rokhaya Solange Mendy, présidente de l’institution : « Parmi nos plus belles réalisations nous avons le programme de formation dédié à de l’inclusion numéro pour les femmes qui nous a permis depuis le début de nos activités de former près de 400 femmes dans ce domaine. Et ce, quel que soit leur niveau de compétence. Nous avons également un programme de mentorat dont l’objectif est d’accompagner des jeunes filles à s’insérer dans le monde du numérique et du digital ». Le Festic souhaite par cette dernière initiative inspirer la nouvelle génération à travers des modèles de femmes issues du secteur du numérique.
Et le moins que l’on puisse dire est que cette offre de formation fait des heureuses. À l’image de Hawa Keïta, transformatrice de produits locaux qui a bénéficié d’une formation sur le renforcement de la présence numérique et l’amélioration de l’usage des outils digitaux : « Avant on travaillait avec des matériaux manuels. C’est-à-dire les registres, les carnets de dépenses, les carnets journaliers et ça nous prenait beaucoup de temps. Mais avec la formation, en un clique, on a acquis beaucoup d’expériences dans le domaine des TIC ».
Africa’s Business Heroes, une vitrine des « role model » féminins
Branche du groupe Haskè, Ignite.E s’investit dans le développement du secteur privé en Afrique et plus particulièrement au Sénégal en apportant des solutions résilientes et adaptées au marché. Dans ses actions, l’institution met un point d’honneur à l’autonomisation des femmes. Carine Vavasseur, CIO de Ignite.E : « On reconnaît le leadership féminin comme étant un leadership particulier qui s’exprime notamment à travers même les initiatives qui sont portées par elles. Elles ont cette tendance à aller vers de l’entrepreneuriat à impact. Donc, nous avons besoin de pouvoir non seulement accompagner les entrepreneurs à pérenniser leurs actions, mais en particulier les femmes entrepreneurs à prendre la parole à mettre en œuvre des projets à impact social, environnemental et durable».
L’une des illustrations de la montée en puissance du leadership féminin en Afrique est la forte représentativité des femmes dans les concours réservés aux entrepreneurs. C’est le cas de l’Africa’s Business Heroes qui a noté au cours de ces dernières années la présence massive de finalistes féminines. Selon la figure de proue de ce concours en Afrique Francophone, Carine Vavasseur, ce constat pourrait avoir un effet positif sur certaines femmes en leur permettant de briser le plafond de verre de l’action. L’autre objectif, selon elle, est que ce genre de concours puisse permettre de faire émerger des « role model » pour les femmes.
Des activités génératrices de revenus à la transformation numérique, le leadership féminin sénégalais s'épanouit progressivement. Une nouvelle ère où le destin économique du pays se forge inéluctablement avec les femmes.
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