Soit, on y est déjà habitué, soit l’information est passée inaperçue du fait de la tension politique et de la polémique sur le Ter. Les éléments de la police des frontières de Kédougou (DPAF) ont saisi une importante quantité de boisson énergétique. Cette boisson de marque ‘’24 heures’’ est venue de la Guinée où il fait l’objet d’interdiction.
On est tenté d’applaudir pour cette réussite et de louer la bravoure de ces forces de défenses et de sécurité. Mais il y a un fait qui mérite une attention particulière : la photo qui accompagne l’article. On y voit les policiers dans une posture de héros, la fierté dans les regards. ‘’Nous voici nous les vedettes du jour’’, ont-ils l’air de dire.
Alors que la marchandise saisie occupe à peine 1/5 de la photo et reste donc quasi invisible, les hommes de tenue trônent royalement sur les 4/5 de l’espace. Ainsi donc, les policiers semblent se substituer à la marchandise. Ce qui n’est pas nouveau. Depuis quelque temps, on voit des gendarmes (chien à la main), des douaniers, des agents des eaux et forêts prendre des clichés sur les terrains d’opération. Communication oblige !
Certes les auteurs des réussites méritent respect et considération. Ils doivent être récompensés à la hauteur des efforts et des résultats. Mais cela ne doit pas conduire à cette vedettisation rampante qui pourrait mener à la dérive. S’il doit y avoir ici une star, c’est l’action accomplie par les forces de défenses et de sécurité (Fds), mais pas ces dernières elles-mêmes.
Ce qui est arrivé au journalisme doit à tout prix être évité chez les FDS. Dans cette profession, l’information est censée être la vedette, la star. Mais des journalistes ont progressivement pris la place de l’information. Ils ont mis en avant leur propre personne au détriment de ce qui devait intéresser le public : les faits. Et le résultat malheureux de ce glissement est connu. Une bonne partie des critiques adressées aux journalistes vient de ce fait. On met l’accent sur l’emballage et le produit importe peu.
Terrain d’opération et non Hollywood
Pareil chez les prêcheurs dont l’image a été écornée par certains oustaz vedettes. Il en est de même des chroniqueurs, des jeunes chefs religieux, des intellectuels, des employeurs, des syndicalistes, des ministres, députés, directeurs, activistes... Bref, dans tous les secteurs, il y a une tentative à la vedettisation, y compris chez les éleveurs et voyants sur tik-tok (Samba tik-tok et Kukandé).
Ce virus semble gagner également les hommes de tenues qui ont tendance de plus en plus à se mettre en valeur non pas par le biais de leur réussite sur le terrain, mais en mettant en avant leur personne, leur brigade ou commissariat ou encore leur section. D’ailleurs, dans les articles de presse, on voit que les chefs de brigades ou commissariats sont systématiquement cités par des expressions du genre : ‘’les hommes du commissaire ou commandant X’’.
Il est évident qu’on ne peut pas occulter les auteurs, car les faits portent des signatures. Toutefois, les forces de défenses et de sécurité n’ont pas besoin d’être des stars de Hollywood qui se mettent allègrement face caméra pour sourire aux crépitements des flashs. Ce besoin de communication parfois légitime peut être confondu à une obsession de visibilité qui risque de conduire au voyeurisme. Il est encore temps de prendre les devants avant qu’il ne soit trop tard !
9 Commentaires
Nianthio
En Janvier, 2023 (13:27 PM)Zeuble
En Janvier, 2023 (14:13 PM)Wakh Sa Khalat
En Janvier, 2023 (15:03 PM)Anonyme
En Janvier, 2023 (15:17 PM)au lieu d'observer la reserve et la discretion, certains sont tombés dans le piège de la presse et le besoin de se faire voir; ce corps cherchant à se comparer à l'autre corps.
on verra avec le temps.
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