La décision du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) est malheureuse. Inopportune dans le sens où elle dénature la noblesse de la mission de régulation à lui confiée, le faisant passer pour le « bras armé » d’un pouvoir qui a cherché à monopoliser l'espace médiatique à des heures de grande audience. Mais il faut reconnaître que la chaîne de télé mise en cause est fautive, en dépit de la solidarité de corps à laquelle elle pourrait s’attendre.
Il est à se demander si le terme responsabilité revêt un sens notamment chez certains acteurs de média au plus haut niveau. La publicité des produits de dépigmentation ne saurait trouver sa place dans un programme audiovisuel qui se respecte. Sauf que quand il est question d'argent, tout est prenable, peu importent les effets futurs et immédiats d’un matraquage médiatique sur la population, notamment la gent féminine déconsidérée voire insultée à travers ces annonces intempestives et destinées à leur faire croire que le ‘xessal’ est incontournable même pour une femme de teint clair ! Annonces destinées à une population souvent analphabète et pas suffisamment éduquée pour pouvoir extraire le bon grain de l'ivraie médiatique que sert l’audiovisuel sénégalais à longueur de journée, dans un tapage assourdissant. Par conséquent, si une autorité de régulation des médias tire la sonnette d'alarme une fois, elle devrait faire l'objet de plus d'attention et de considération. Est-il le lieu de regretter, pour des soucis d’équité, que la chaîne incriminée soit la seule à faire l’objet d’une suspension de son signal.
Que dire des concepteurs et promoteurs de ces produits devenus une question de santé publique car contribuant à dégrader la santé de nos sœurs et de nos mères ? Si ces produits de promotion du ‘xeesal’ sont aussi dangereux au point de mériter une censure immédiate du Cnra, pourquoi l’Etat ne prend pas des mesures en vue de l'interdiction de leur entrée sur le territoire national ? Quid de la responsabilité de ces animateurs et journalistes de renom qui prêtent leur voix ou leur image à ces annonceurs ? Cela doit cesser aussi, immédiatement. Mais au-delà de toutes ces considérations de fond, la forme du message du Cnra pose problème aussi bien que la personne à la tête de cette haute autorité de régulation des médias. Le fait de couper le signal d'une chaîne de télévision dans les circonstances que l'on connaît, a fini de jeter la suspicion sur le Cnra dont la décision radicale a eu pour effet de positionner nos confrères en victimes du régime en place. Un raccourci sans doute trop simpliste, mais motivé par le passé problématique du patron du Cnra, une personne contestée et loin d'être un modèle dans le milieu des médias. Lui confier la tête du Cnra, c’est poser les jalons d’un déséquilibre dans la régulation de l'audiovisuel sénégalais.
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