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« L’infertilité ne doit plus être vue comme une affaire exclusivement féminine. Une meilleure information et une prise en charge précoce sont essentielles pour optimiser les chances de conception », insiste la docteure Ndèye Awa Diagne, gynécologue-obstétricienne et cheffe de la division de la planification familiale à la Direction de la Santé de la mère et de l’Enfant. Elle recommande aux couples de consulter des spécialistes sans tarder après un an de vie conjugale sans grossesse, afin d’améliorer leurs perspectives de succès. Changer les mentalités et adopter une approche inclusive deviennent des impératifs.
L’infertilité touche aussi bien les hommes que les femmes. Lors d’un atelier tenu à Thiès les 19 et 20 février 2025, organisé pour les membres de l’Association des journalistes en santé, population et développement, la docteure Diagne a souligné l’importance d’une consultation rapide. « Après plus d’un an sans grossesse, il est impératif de se rendre dans une structure de santé. L’infertilité concerne les deux partenaires, pas seulement la femme », a-t-elle rappelé. Cet événement portait sur les plans stratégiques 2024-2028 pour la Santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile, des adolescents et des jeunes et de la nutrition (SRMNIA-N), ainsi que sur le Plan d’action national budgétisé pour la planification familiale (Panbpf).
Quand l’homme est aussi en cause
Selon la docteure Diagne, l’infertilité est trop souvent attribuée aux femmes, alors que les hommes peuvent également être concernés. « Dans de nombreux cas, le problème vient de l’homme, mais la société accuse systématiquement la femme », déplore-t-elle. Elle regrette que certaines femmes perdent un temps précieux en se tournant vers des tradipraticiens, au lieu de consulter rapidement des structures médicales spécialisées. Le Plan d’action national budgétisé 2024-2025, élaboré par la Direction de la Santé de la mère et de l’Enfant en collaboration avec divers partenaires, vise à renforcer la prise en charge de l’infertilité tout en réduisant la mortalité maternelle, néonatale et infantile.
Des solutions médicales accessibles
Face à la hausse du taux d’infertilité, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a mis en place une unité de procréation médicalement assistée (PMA) à l’hôpital Dalal Jamm. « D’autres unités sont déjà opérationnelles à Kaolack, et de nouvelles verront bientôt le jour à Mbour, Touba, Ziguinchor et Saint-Louis », annonce la docteure Diagne. L’objectif est de rendre ces services plus accessibles aux populations. Toutefois, elle met en garde : « Plus un couple tarde à consulter, plus les traitements deviennent coûteux et moins les résultats sont probants. » Elle encourage ainsi les couples à agir rapidement en se rendant dans les centres spécialisés.
Les hommes, acteurs clés de la planification familiale
La docteure Diagne insiste sur l’importance de l’implication masculine dans la santé reproductive. « Sensibiliser les hommes à leur rôle dans la fertilité du couple est essentiel », affirme-t-elle. Le plan stratégique repose sur trois axes majeurs : l’espacement des naissances, la lutte contre les infections sexuellement transmissibles, et la prise en charge de l’infertilité et de l’infécondité. Des efforts sont également menés pour inclure toutes les catégories de la population, notamment en mobilisant les autorités religieuses et coutumières dans les campagnes de sensibilisation.
Des chiffres révélateurs
Le taux de prévalence contraceptive a légèrement baissé, passant de 26,3 % en 2017 à 25,6 % en 2023. Des disparités régionales persistent : Dakar (36 %) et Thiès (33 %) affichent des taux élevés, tandis que Tambacounda et Matam restent en retard. Les besoins non satisfaits en planification familiale, estimés à 19,1 %, demeurent préoccupants, particulièrement à Saint-Louis et Louga. Sédhiou, Kolda et Matam enregistrent les taux les plus élevés dans ce domaine.
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