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En Allemagne, le parti d’extrême droite AfD placé sous surveillance policière

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Joerg Meuthen, porte-parole fédéral de l'AfD s'exprime lors du Congrès du parti d'extrême droite au Wunderland Kalkar, en Allemagne, le 28 novembre 2020
Les services de renseignement allemands ont décidé de placer sous surveillance le parti d'extrême droite AfD, estimant qu’il avait multiplié les atteintes à l’ordre démocratique. Cette surveillance ne concernera pas ses députés et ses candidats aux élections à venir, régionales ou nationales.

Le renseignement intérieur allemand a mis le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (Alternative für Deutschland,AfD) sous surveillance policière en arguant d'atteintes à l'ordre démocratique, une sanction sévère à quelques mois des élections législatives, jugée "scandaleuse" par la formation.

L'Office de protection de la Constitution a placé l'Alternative pour l'Allemagne parmi les "cas suspects", ce qui lui permet de surveiller ses communications ou encore d'introduire des informateurs dans ses rangs, ont déclaré, mercredi 3 mars, des sources parlementaires à l'AFP, confirmant des informations de presse.

Cette surveillance ne concernera pas ses députés et ses candidats aux élections à venir, régionales ou nationales.

La décision, prise en fin de semaine dernière selon l'édition en ligne du magazine Der Spiegel mais qui n'a filtré que mercredi, est très sensible à sept mois des élections législatives du 26 septembre.

Une infamie généralement réservée à des groupuscules ultra-radicaux

Le placement sous surveillance est marqué du sceau politique de l'infamie en Allemagne car en général réservé à des groupuscules ultra-radicaux. Le parti de la Gauche radicale Die Linke, issu du parti communiste de RDA, en avait lui aussi fait l'objet pendant quelques années après sa création en 2007.

Créée en 2013, l'AfD est entrée en force en 2017 à la chambre des députés et y incarne la première force d'opposition aux conservateurs d'Angela Merkel et aux sociaux-démocrates ensemble au pouvoir.

Le parti, qui a bâti son succès sur ses prises de position contre la politique migratoire de la chancelière, est actuellement déchiré par des querelles internes et en perte de vitesse dans les sondages.

Interrogé par l'AFP, le Renseignement intérieur a refusé de confirmé publiquement la mesure, affirmant "ne pas pouvoir s'exprimer publiquement sur cette affaire" en raison d'une procédure de justice en cours, l'AfD ayant porté plainte en amont.

Les dirigeants de l'AfD ont dénoncé une décision "purement politique", "scandaleuse" et annoncé d'ores et déjà vouloir la combattre en justice.

"Le devoir du Renseignement intérieur devrait être d'éviter un coup d'État violent, et non de réprimer le combat d'idées démocratique", a fustigé le président d'honneur du parti Alexander Gauland, le comparant à la Stasi, la redoutée police secrète de la RDA communiste.

Tino Chrupalla et Jörg Meuthen, les dirigeants du parti, ont eux protesté contre des fuites dans la presse préjudiciables à la formation alors qu'ils ne disposent eux mêmes "d'aucune confirmation" de la part de l'office.

"Jeu dangereux ?"      

La gauche a pour sa part applaudi. Le secrétaire général du parti social-démocrate Lars Klingbeil a jugé la surveillance d'un parti "antidémocratique" comme l'AfD "nécessaire et juste".

Le président de la communauté juive allemande, Josef Schuster, l'a aussi saluée, estimant que ce parti "contribu[ait] à miner nos structures démocratiques (...) avec sa politique destructrice".

L'office s'est fondé sur un rapport de 1 000 pages des services de renseignement où sont cataloguées "les violations présumées par le parti de l'ordre fondamental libre et démocratique". Les enquêteurs ont rassemblé plusieurs centaines de discours ou déclarations de responsables de l'AfD à tous les niveaux.

Un élément clé retenu serait l'influence de la frange la plus radicale de l'AfD, appelée "L'Aile" et proche des néonazis. Placé aussi sous surveillance l'an passé, ce mouvement s'est officiellement dissous mais ses représentants sont toujours dans le parti.

Face à la menace d'une mise sous surveillance, ses dirigeants les moins radicaux ont tenté ces derniers mois d'organiser la contre-attaque en affichant une image plus policée et en adoucissant leur rhétorique sur les migrants.

Au cours d'un congrès en novembre, Jörg Meuthen, considéré comme un modéré, avait vertement critiqué la proximité affichée par des membres du parti avec les opposants aux mesures de restriction prises contre le virus et le langage de plus en plus radical employé pour critiquer le gouvernement.

La décision pourrait toutefois aussi profiter à un parti en berne dans les sondages en lui conférant un statut de martyr, juge le groupe de presse régional RND, qui la qualifie de "jeu très dangereux".


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