Ils ont obtenu ce qu'ils souhaitaient. Les soldats mutins, qui ont semé le trouble en Côte d'Ivoire pendant quatre jours, ont salué ce mardi l'accord annoncé par le gouvernement et accepté de rentrer dans leurs casernes, permettant à la vie de reprendre son cours dans les deux principales villes du pays, Abidjan et Bouaké. "On a trouvé un terrain d'entente [...] C'est terminé", affirme le sergent Cissé Fousseni, un des porte-parole du mouvement à Bouaké, coeur du mouvement de mutinerie.
Un autre porte-parole mutin, le sergent Sidick, ajoute que l'accord était "secret défense". Mais dans l'entourage des mutins, on indiquait qu'ils avaient obtenu la pleine satisfaction de leurs revendications avec le paiement de cinq millions de FCFA (7500 euros) payés tout de suite et deux millions en juin.
Lundi soir, le ministre de la Défense Alain-Richard Donwahi avait annoncé avoir trouvé "un accord", mais sans en préciser les modalités.
"On est contents, ça fait cinq jours qu'on ne dort pas"
Fidèle à sa ligne de conduite depuis le début d'année, le gouvernement ne devrait pas communiquer sur le contenu de l'accord qui porte sur le paiement de reliquats des primes promises après les premières mutineries de janvier. "On est contents, ça fait cinq jours qu'on ne dort pas", poursuit le sergent Sidick. "Les mutineries, nous-même on n'en veut plus. Les mutineries, ça s'arrête là. Mais on n'avait pas le choix pour se faire entendre".
À Bouaké, les mutins ont abandonné le corridor sud d'entrée de la ville aux policiers qu'ils avaient chassés vendredi. "Ils nous passent le relais avec bon coeur", assure le policier Eugène Koffi, en maniant la herse d'entrée. "On va tenir le corridor comme avant. La sécurité va revenir comme avant". À Abidjan, le quartier des affaires du Plateau était encore loin d'avoir retrouvé son activité habituelle. Beaucoup d'employés et de travailleurs étaient restés à la maison comme le leur avait conseillé leurs employeurs avant l'annonce d'un accord. Les banques ont toutefois décidé de rouvrir à la mi-journée.
"C'est une joie pour les populations"
La vie reprenait aussi à Bouaké où la plupart des boutiques étaient ouvertes et les grands axes étaient pleins de monde, contrastant avec le désert des jours précédents. "C'est une joie pour les populations", affirme Billy Kouassi Kouassi, fermier qui tempérait toutefois ses propos. "Mais ça devient une habitude [les mutineries]. On ne peut pas rester dans ça éternellement".
Cyril Guedé, étudiant, est lui aussi réservé. Satisfait de la fin de la mutinerie, il souligne toutefois: "Ils [les mutins] disent que c'est fini et après ils reviennent. Eux, ils sont à l'aise, ils sont en paix, ils mangent, mais la population souffre énormément".
Cette nouvelle série de mutineries de militaires avait éclaté vendredi au lendemain d'une cérémonie télévisée où un représentant de soldats avait annoncé renoncer aux revendications financières, en présence du président Alassane Ouattara. Loin d'apaiser la situation, cette cérémonie avait déclenché un nouveau mouvement d'humeur dans ce pays d'Afrique de l'Ouest durement touché par l'effondrement des cours du cacao, vital pour son économie.
Les mutins sont environ 8400, essentiellement d'anciens rebelles ayant soutenu Alassane Ouattara pendant la crise électorale de 2010-2011 et qui ont ensuite été intégrés à l'armée. Lors d'un premier soulèvement en janvier, ils avaient exigé un total de 12 millions de FCFA et en avait perçu cinq, le reste devant être payé en mai.
2 Commentaires
Pouye
En Mai, 2017 (00:32 AM)Anonyme
En Mai, 2017 (03:05 AM)Participer à la Discussion