Confronté à une grave crise économique et sociale, le Premier ministre tunisien s’efforce de maintenir son pays à flot. Pas évident quand les soutiens se dérobent…
• Bien né
Issu d’une famille de notables, il est le petit-fils de la militante féministe Radhia Haddad et le petit-neveu de Hassib Ben Ammar, cofondateur de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH).
• Agronome
Spécialiste en économie de l’environnement, il était, de 2003 à 2015, régulièrement consulté par la Commission européenne et par le ministère américain de l’Agriculture pour son expertise en matière de politique agricole.
• Poulain
Il fait figure de protégé de Béji Caïd Essebsi, le président, dont il a assuré une partie de la campagne électorale en 2014. Secrétaire d’État chargé de la Pêche puis ministre des Affaires locales, il est devenu en 2016 le plus jeune Premier ministre du monde arabe. Il a aujourd’hui 42 ans.
• Coincé
Chef d’un gouvernement d’union nationale, il doit appliquer l’accord de Carthage : un programme soutenu par neuf partis et trois organisations nationales, dont certains se désolidarisent. Il est aussi contraint de composer avec l’Assemblée.
• « Youyou »
À son arrivée à la primature, il passe pour un homme neuf et les Tunisiens le surnomment affectueusement Youyou, puis Jo (diminutif de Joseph, traduction de son prénom en français). Depuis, le vent a tourné : les experts jugent la loi de finances 2018 mal ficelée, et l’opinion la critique.
• M. Propre
En mai 2017, il lance une guerre contre la corruption. Elle aboutit à une série d’arrestations, dont celle de Chafik Jarraya, un homme d’affaires jusque-là intouchable, qui avait persiflé : « Chahed n’est même pas capable de mettre une chèvre en prison. » Aujourd’hui, cette campagne s’essouffle.
Chahed n’est même pas capable de mettre une chèvre en prison
• Diplomate
Entré en politique en 2011, il rejoint Nidaa Tounes, puis son bureau exécutif en 2013. En 2015, il est chargé de juguler la crise que traverse cette formation. Laquelle n’accorde toutefois pas un franc soutien à son gouvernement. Entre Chahed et Hafedh Caïd Essebsi, patron du parti et fils du chef de l’État, les relations sont en effet compliquées.
• Sous pression…
Mettre en place des réformes structurelles et sortir le pays de la crise socio-économique dans laquelle il se débat… Des objectifs clairs mais difficiles à atteindre en raison de la pression des partis et de l’hostilité d’une partie de la population.
• … mais entouré
À ses côtés, deux groupes de fidèles : ses amis du lycée les Pères-Blancs à Tunis, dont l’homme d’affaires Koraich Ben Salem, et ceux rencontrés à la faveur de son parcours politique, au premier rang desquels les ministres Iyed Dahmani et Mehdi Ben Gharbia.
• Ambitieux ?
Il n’est pour l’instant candidat à rien, mais certains lui prêtent des ambitions pour la présidentielle de 2019. Les derniers sondages lui accordent 13,3 % d’intentions de vote. Reste à savoir quand il franchira le pas et sous quelle bannière.
1 Commentaires
Anonyme
En Février, 2018 (19:37 PM)Participer à la Discussion