Au Zimbabwe, l’industrie du tabac réalise une performance historique cette année, avec des ventes s’élevant à 237 000 tonnes en 2018. Le Zimbabwe est le 7e producteur mondial de tabac, mais il se place dans le top 3 des pays exportateurs de feuilles. Le tabac est la principale source de devises étrangères dans le pays. Secteur stratégique s'il en est. Liza Fabbian a rencontré un producteur, qui s’est spécialisé dans une niche en plein boom : le tabac bio.
Au volant de son 4x4, Adam Howson zigzague entre les nids de poule. Ce matin-là, ce Zimbabwéen blanc va rendre visite aux petits exploitants qui travaillent pour lui.
« Après la réforme agraire, les gros bonnets [ les cadres du parti majoritaire NDLR ] à qui on a donné les exploitations agricoles n’y mettaient jamais les pieds. Ils téléphonaient juste aux fermiers qui cultivaient leurs terres. On les a surnommés les "cell phone farmers" (les "fermiers par téléphone") ». Je fais exactement la même chose qu’eux ».
Adam Howson se gare devant une petite maison aux murs bleus… c’est là que vit Dennis, l’un des fermiers noirs qui cultivent du tabac biologique pour lui...
« Les produits biologiques au Zimbabwe ne sont pas plus chers que les autres, comme c'est le cas en Europe. Notre production est limitée, mais le tabac bio a une grande valeur ajoutée, c’est ça qui m’encourage. Et il y a un potentiel pour faire ça à très grande échelle au Zimbabwe. Mon rêve, c’est de travailler avec plusieurs centaines de petits producteurs. Pour l’instant, j’ai surtout développé ma marque en Afrique du Sud. Cette année, j’ai produit 100 000 paquets de tabac bio de 30 grammes. »
Dennis aussi trouve son intérêt dans cette collaboration
« J’aime travailler comme ça. J’ai signé pour une deuxième saison, et je veux produire plus de tabac bio. On dirait du tabac conventionnel, les plantes poussent bien. Et Adam me paie un prix fixe. Avant, c’était dur de vendre mon tabac conventionnel aux enchères. Parfois les prix étaient si bas par rapport au travail fourni. »
Mais 83 % des fermiers qui cultivent du tabac au Zimbabwe sont aujourd’hui soutenus par les grandes compagnies. Celles-ci ont dû intervenir pour sauver le secteur, mis à mal par la réforme agraire de Robert Mugabe au début des années 2000.
Andrew Matibiri, de l’autorité de régulation de l’industrie du Tabac
« Les grandes firmes du tabac adorent l'arôme des feuilles zimbabwéennes. Depuis 2004, elles ont mis en place un système de contrats. Au lieu d’injecter des devises étrangères au moment de l’achat du tabac, elles interviennent en amont dans le pays, pour que les agriculteurs puissent utiliser ces devises pour acheter leurs engrais et payer leur main-d’oeuvre, etc. En échange, ces fermiers sont obligés de vendre leur production au cigarettier qui les a soutenus. »
Le Zimbabwe compte plus de 130 000 producteurs de tabac. 87 % d’entre eux sont des petits fermiers, qui ne consacrent que 1 ou 2 hectares à cette culture.
1 Commentaires
Anonyme
En Août, 2018 (14:21 PM)Participer à la Discussion