Prévues le 17 décembre prochain, les premières élections municipales de l’après-révolution vont être reportées, « probablement en mars 2018 », a annoncé le chef du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi. Une nouvelle date devrait être annoncée ce lundi.
« Nous n’étions pas favorables au report des élections municipales, mais il y a des raisons objectives qui mènent à ce report », a déclaré Rached Ghannouchi sur la radio privée Shems FM, en précisant qu’une nouvelle date devait être communiquée dans la journée de lundi 18 septembre par l’instance chargée des élections (l’Isie). Cela sera « probablement mars 2018 ».
Aucune confirmation officielle n’a, pour l’heure, pu être obtenue. Mais, en tant que parti allié au sein du gouvernement à Nidaa Tounès – le parti fondé par le président Béji Caïd Essebsi -, Ennahdha est régulièrement associé à ce type de décisions.
L’impréparation du scrutin
Reste que le parti islamiste était jusqu’ici perçu comme attaché au maintien de la date du 17 décembre. Pour les observateurs, Ennahdha est d’ailleurs la seule formation réellement préparée à la tenue imminente des municipales.
En septembre, huit partis tunisiens avaient appelé à un report, évoquant l’état d’impréparation du scrutin. Le patron d’Afek Tounes (majorité), Yassine Brahim, avait notamment évoqué les « doutes » de son parti « sur la capacité de l’Isie à organiser ces élections dans des conditions les plus favorables ».
La démission fracassante du président de l’Isie
Des doutes renforcés par la démission fracassante en mai du président de la commission électorale, Chafik Sarsair. Avec deux autres membres de l’Isie, cette personnalité respectée ayant mené à bien les élections de 2014 avait laissé entendre qu’il ne pouvait plus travailler de manière « transparente » et « impartiale ».
Les élections municipales demeurent une échéance très attendue dans le pays, après l’adoption d’une Constitution et le succès des élections – législatives et présidentielle – de 2014. Elles doivent permettre d’ancrer le processus démocratique à l’échelon local, sept ans après la chute de la dictature de Zine el-Abidine Ben Ali. Depuis lors, les municipalités ont été gérées par de simples « délégations spéciales », en charge des affaires courantes.
Contexte tendu
L’annonce du report des élections municipales intervient après les tensions qui ont marqué la plénière consacrée au vote de la loi sur la réconciliation administrative à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) ainsi que la marche organisée, samedi 16 septembre, à l’avenue Habib Bourguiba à Tunis pour demander le retrait de cette loi qui « blanchit les corrompus ».
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