Atmosphère de rentrée des classes et test grandeur nature pour l'école sénégalaise. Les images d'enseignants décidés, dans un élan patriotique, à retourner dans leurs lieux d'affectation sont à la fois frappantes et saisissantes. Quoi que les conditions dans lesquelles ce retour a été organisé laissent à désirer.
Après deux mois et demie de fermeture, les portes s'ouvrent à nouveau pour accueillir 551 mille élèves en classe d'examen sur une population scolaire totale de 3,5 millions. Un test au sens propre et figuré en cette période de pandémie de Covid-19. Seulement, ici, les signes s'inversent. Selon que le test est positif, les examens de fin d'année se tiendront à bonne date et mieux, l'année sera sauvée sans grande casse. Selon qu'il est négatif, c'est-à-dire une intrusion du virus dans les salles de classe, ce que personne ne souhaite d'ailleurs, bonjour les dégâts.
À compter du 2 juin, on va savoir deux à trois choses : que le risque de présence et de propagation éventuelles du coronavirus en milieu scolaire est élevé ou non ; qu'en conséquence de quoi on pourra généraliser la reprise des enseignements dans les écoles et universités, publiques comme privées ; mais, avant tout et surtout, que l'État, parce qu'ayant pris toutes les mesures sanitaires et sécuritaires, n'a pas imprudemment utilisé les élèves en classe d'examen et leurs enseignants comme cobayes. Taillables et corvéables. Et par conséquent, à la merci d'un virus malicieux et mortel.
Le 2 juin, date fatidique : positif ou négatif, le test de cette rentrée bis va édifier tout le monde. La levée ou le maintien de l'état d'urgence et du couvre-feu, décrétés le 23 mars dernier, en dépendent. Rendez-vous mardi prochain. C'est une question d'heures ou de jours. Dieu protège nos enfants !
S'il est généralement admis par les médecins que les chérubins sont moins exposés, le constat inverse est que les personnes âgées sont les plus vulnérables. Sans oublier ceux qui ont des morbidités chroniques quel que soit leur âge. Alerte donc ! Nos vieux sont en train de mourir. Y a qu'à voir l'âge des personnes décédées dans le décompte quasi-quotidien du ministère de la Santé depuis plusieurs semaines.
Ici comme ailleurs, une question se pose : le troisième âge est-il suffisamment protégé dans nos maisons, nos services et autres lieux de vie ? Face à l'inexistence d'asiles – nos réalités socioculturelles excluant cette forme de confinement avant l'heure et qui ne dit pas son nom, de nos vieillards – l'accent doit davantage être mis sur la sen-si-bi-li-sation. Les vieux doivent eux-mêmes observer la prudence qui sied en respectant les mesures barrières communes à tous et les jeunes doivent être plus attentifs et plus attentionnés à leur endroit.
Certes le virus est virulent. Mais, à coup sûr, il a peu de chance de survivre face à une conjugaison d'efforts des parents, des enfants et des enseignants. Les jeunes sont l'avenir de la nation. Ils constituent, n'en déplaise aux catastrophistes, le secret de la résilience plus forte de l'Afrique devant la pandémie.
Dans le même temps, les anciens sont les gardiens du temple et les enfants les fers de lance. Deux piliers sans lesquels rien de durable ne peut tenir debout. Le futur ou le présent ne se conjuguent que par rapport au passé. Mag matna bayi si reew. En un mot, les patriarches méritent de la nation.
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