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Chronique

Chronique du lundi : «Yokute» en mode «Njomboor»

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Certaines gens ont un comportement si tortueux et inconstant que c’est cette tortuosité même qui finit par se transformer en une sorte de rectitude à l’envers dont ils font la règle d’or de leur vie. Si bien que sortant de leur bouche, les mêmes mots ont des résonnances et des sens radicalement différents ; selon qu’ils parlent de Jean à Paul, ou de Paul à Jean. Chez ces gens-là, les mots ne sont que des choses, le monde politique qu’une « branloire pérenne », véritable Pétaudière où l’on peut, sans coup férir, insulter aujourd’hui celui qu’on adulait hier.

Tout en prétendant, sans sourciller, être au service exclusif de l’État et de l’intérêt supérieur de la Nation. De fait, pour la plupart de nos hommes politiques, loyauté et traitrise, honneur et déshonneur, vérité et mensonge, vertu et vice… sont des mots de même valence morale et d’égale dignité sémantique. Dans leur logique, le temps est définitivement englué dans une chronologie figée où le passé et le futur ne sont que des épiphénomènes d’un présent absolu.

Mais il s’agit d’un absolu purement circonstanciel et relatif, qui ne tient qu’à la démagogie permettant d’accéder au pouvoir, ainsi qu’aux reniements et autres combines par lesquels ils cherchent à s’y maintenir le plus longtemps possible. De cette race de politiciens, Ousmane Ngom est un véritable étalon. « Si j’avais divulgué un centième des secrets que je détiens, c’est tout l’édifice de notre État, voire du pays, qui allait être ébranlé », se défend-il après avoir divulgué un entretien confidentiel entre le ministre de l’Intérieur qu’il était et le Président Wade, dans des circonstances on ne peut plus décisives pour « tout l’édifice de notre État, voire du pays », qu’il prétend protéger par son silence si assourdissant de révélations. De plus, ces révélations, méticuleusement ciblées, n’ont pour objectif que de célébrer la victoire du Président Macky Sall en lui conférant une dimension épique.

Mais aussi de se présenter, lui le « révélateur », comme le désormais fidèle et dévoué serviteur du nouveau chef de notre État : « (…) on lui a dit que le ministre de l’Intérieur que j’étais pouvait inverser les tendances. Je lui ai dit que ce n’était pas possible et je suis parti. » Cette terrible confidence est en même temps une lapidation d’un Wade « mauvais perdant » et « anti démocrate », mais surtout un clin d’œil à Macky Sall, héros légitime d’une élection exemplaire encadrée par un ministre de l’Intérieur au service exclusif de l’État.

Et qui, après de « bons et loyaux services » aux côtés du chef déchu, attend d’être appelé par le chef élu pour se mettre au service du même État. En attendant le prochain chef… Indéfiniment. Pourtant, en l’occurrence, le véritable responsable du mal n’est pas son auteur, mais celui qui en a créé les conditions de possibilité. En effet, c’est le Président Macky Sall lui-même qui a convaincu Me Ngom que l’Etat avait « besoin de gens comme (lui) », qui figurait en bonne place sur une liste de 25 personnes épinglées par la Crei pour le délit d’enrichissement illicite. Le temps n’était pas alors aux dithyrambes, mais à des coups d’estoc et de taille : « Quand on parle aujourd’hui d’enrichissement illicite ou de délinquance financière, Macky Sall et son gouvernement sont au premier rang. Ce n’est même pas de la délinquance financière, c’est du banditisme financier. (…) Avant de parler de qui que ce soit, il faut d’abord qu’on s’adresse à Macky Sall et à son Premier ministre, qui sont les plus grands blanchisseurs. »

Terribles propos de Me Ngom, qui n’ont pourtant rien d’inédit si on les rapporte aux insultes contre Wade, uniquement pour « mériter » les faveurs du Président Diouf, avant de le célébrer à nouveau comme son père, son Maître, seule constante du pouvoir. Mais Ousmane Ngom a de qui tenir. C’est en effet son Maître qui a érigé la ruse en modèle politique de conquête et de conservation du pouvoir : « Quand je clignote à droite, c’est pour virer à gauche », lançait-il. Et ce n’est certainement pas pour rigoler que Senghor l’avait surnommé Laye Njomboor. À sa suite, les journalistes l’ont abusivement consacré « véritable génie politique », que ses partisans ont élevés au statut de « seule constante ». Sans que personne n’ait songé à relever et condamner le côté pervers et pernicieux du modèle Njomboor. Qui désormais, sert de modèle à la plupart de nos hommes politiques : aujourd’hui, le Président Sall courtise et enrôle des gens comme Djibo Kâ et Ousmane Ngom ; Tanor sacrifie le PS sur l’autel d’un « bennoo » sans « yaakaar » ; Niasse a fait son « jëblu » à Macky, pieds et poings liés ; Souleymane Jules Diop obéit au doigt et à l’œil au même Macky Sall, « incapable, à ses yeux (toujours les mêmes ?), de diriger un quartier. » Finalement, de la première à la deuxième alternance, nos gouvernants nous engagent indéfiniment dans un « yoonu yokute » en mode « njombor », dont l’issue est sans cesse repoussée, rebaptisée, rethéorisée.



5 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Octobre, 2016 (10:16 AM)
    Leur reveil sera brutal, l histoire du futur du Senegal s ecrira sans eux.

    laissons le temps au temps, loudoul deugeu dou yague.
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  2. Auteur

    Analyst

    En Octobre, 2016 (10:49 AM)
    Senghor : Président inutile, bon poète.

    Diouf : Président immobile, sans effet.

    Wade : Président fourbe, le déclencheur.

    Sall : Président dépassé par les événements, sans espoir.
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    Auteur

    Seugnbasd

    En Octobre, 2016 (11:35 AM)
    Pertinente analyse.

    Oui le reveil sera brutal comme ce fut le cas pour le PS et Abdou Diouf, le PDS et Me Wade et demain L'APR et Macky. Les senegalais ne sont pas amnesiques. Ils attendent les prochaines elections pour les balayer. Ni Djibo Ka, ni Ousmane Ngom ne pourront les sauver. Encore moins les 3 vieillards dans le vent (Tanor, Niasse, Dansokho).

    Demain, il fera jour!  :sunugaal:  :sunugaal:  :fbhear:  :sunugaal:  :sunugaal:  :thumbs_up: 
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    Auteur

    Anonyme

    En Octobre, 2016 (12:23 PM)
    Le pouvoir apartient au peuple
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    Auteur

    Anonyme

    En Octobre, 2016 (16:37 PM)
    c'est l'Afrique éternelle : menteuse , voleuse , tricheuse ......
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