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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Chronique

[ CHRONIQUE ] Il était une fois, Wade

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[ CHRONIQUE ] Il était une fois, Wade

 « La vieillesse est un naufrage et, avec l’âge, 
les défauts deviennent monstrueux »

Charles de GAULLE

L’histoire seule pourra juger de la portée et de l’exactitude de mes propos. Il m’est arrivé, après tout, de faire des projections qui se sont révélées inexactes par la suite. Mais il y en a une qui m’est gravée comme une certitude sur le cœur : Abdoulaye Wade partira et le Sénégal restera. Même à l’âge de pierre, les hommes ont laissé exprimer sur les murs des grottes, leur soif de liberté. Les peuples finissent toujours par se défaire de leurs bourreaux, qui qu’ils soient. S’il faut un survivant, ce sera bien le Sénégal et non Abdoulaye Wade. Aucun homme n’a jamais prétendu être à lui tout seul le Sénégal et le soumettre à sa seule volonté. Lamine Guèye, Mamadou Dia et Senghor étaient des hommes charismatiques. Mais au-dessus d’eux, il y avait le parti et l’Etat. Abdoulaye Wade nourrit l’illusion de la toute puissance parce que pour la première dans notre histoire, des hommes mettent un seul homme au-dessus de leur parti et de leur pays. Abdoulaye Wade est à la fois le parti et l’Etat. C’est pourtant dans la rue qu’a pris naissance cette aventure guignolesque. C’est par la rue qu’elle prendra fin. 
Le Sénégal bienpensant s’est toujours méfié de cet aventurier, quand les banlieues populeuses l’ont adopté. C’est la rue qui a imposé Abdoulaye Wade à la tête de ce pays. Ce n’est pas son électorat, puisqu’il a fallu une agrégation de nombreux partis politiques pour venir à bout du Parti socialiste. Encore moins sa seule détermination, puisqu’il s’était déjà dit convaincu qu’il ne serait jamais président de la République. C’est la rue qui a persuadé Diouf qu’il ne pouvait pas confisquer les suffrages des sénégalais sans plonger le pays dans la guerre civile. 
Le caractère délinquant du pouvoir d’Abdoulaye Wade, son entêtement et son aveuglement sont tels qu’il m’est impossible de voir cet homme organiser des élections transparentes à l’issue desquelles il accepterait sa défaite et partirait de lui-même. C’est un scénario qu’aucun homme sincère ne peut envisager, et ce serait mal connaître Abdoulaye Wade que de le penser. Un homme prêt à se soumettre aux lois de son pays et à la sanction des électeurs n’agit pas avec autant d’impunité. Les scandales se répètent, les preuves d’un dérèglement du Sopi s’accumulent. Mais Abdoulaye Wade n’a jamais varié dans son intention de couvrir les crimes de ses proches. Le fait que Thierno Ousmane Sy soit impliqué dans l’affaire Sudatel devait suffire pour éloigner son père du ministère de la Justice. Mais la protection du clan est au-dessus de toutes les morales.
A tous les échelons de la République se trouvent des sbires acquis à Abdoulaye Wade et à son fils. Le parti est à Farba Senghor, les Affaires étrangères à Madické Niang, les Forces armées à Abdoulaye Baldé, la Justice et l’Intérieur aux deux plus dangereux fascistes de ce pays, Cheikh Tidiane Sy et Bécaye Diop. De sorte que le gouvernement est maintenant réduit aux membres du clan et aux fanfarons qu’ils font bouger comme des pantins. 
C’est ce qui m’a fait dire qu’avant une mobilisation électorale, c’est une mobilisation populaire qu’il faut au pays. Je l’ai exprimé mardi dernier et j’ai été mal compris sur ce point. La réponse qu’il faut contre un homme comme Abdoulaye Wade n’est pas une participation électorale, c’est une mobilisation populaire. 
 
Je le dis avec la même conviction que j’ai exprimée ci-avant, ce pouvoir n’en a plus pour longtemps. Le propre du régime d’Abdoulaye Wade est d’avoir été imposé par les masses pauvres, alors qu’il est d’essence bourgeoise et urbaine. C’est sans doute sa première trahison, c’est de s’être coupé des masses pauvres, pour se mettre au service des riches. Au lieu de réduire son budget de 100 milliards et dissoudre son Sénat inutile, il veut réduire le nombre de fonctionnaires, donc de pères de famille qui ont un revenu. Ce n’est pas tout. Pour payer ses dettes et financer ses gouffres à sous, Karim Wade veut imposer de nouvelles taxes au contribuable. Comme toujours, ils saignent les plus pauvres, au lieu d’inviter les plus riches au sacrifice. Abdoulaye Wade avait justifié les salaires faramineux de ses directeurs d’agence par le fait qu’ils doivent être mis à l’abri du besoin. Mais ces gros salaires touchent à la fin du mois, plus ils volent. J’en connais un, Modibo Diop, qui s’est laissé prendre bêtement. Puisque les dizaines de millions qu’il a tenté de maquiller par une prétendue électrification d’un village ont servi à subventionner Mbagnick Diop, à la demande de Viviane Wade.
Mais comme c’est toujours le cas, les grands brigands s’entendent bien pour organiser un casse, mais ils se querellent toujours quand vient le moment de partager le butin. Le guetteur pense qu’il est le plus méritant, le braqueur trouve qu’il a risqué sa vie, le chauffeur se prend pour le héros du jour. 
Et puisqu’Abdoulaye Wade ne pense qu’à sa progéniture, ses mercenaires d’hier sont ses ennemis d’aujourd’hui. Même Ahmed Niasse le traite de fou.
De sorte que le ralliement massif des marabouts qu’Abdoulaye Wade espérait tant s’est transformé en un fiasco généralisé. Si Karim Wade s’aventurait dans l’une de ces contrées sans ses nombreux gardes du corps, il y serait probablement lynché. Le Pds regarde faire, mais ses alliés n’en peuvent plus d’être sous les ordres de Viviane Wade, Karim Wade et Farba Senghor. S’ils ne le disent pas, ils commencent à prendre leurs distances et se démarquent de plus en plus des sottises d’Abdoulaye Wade. 
Plus personne ne dit du bien d’Abdoulaye Wade, à l’exception notoire de Youssou Ndour et Serigne Mbacké Ndiaye. Les mourides, qui le soutenaient jusqu’ici s’en méfient maintenant comme la gale. Les injures fusent de partout, à l’évocation du nom du président de la République dans les petits cercles maraboutiques. On parle des chantiers de Touba. Mais c’est l’attitude d’Abdoulaye Wade pendant la période d’hospitalisation de Serigne Bara qui choque à Touba. Il avait déjà donné le khalife des mourides pour mort et commencé à courtiser son successeur, Serigne Cheikh Maty Lèye. 
Ce comportement ingrat n’a pas échappé aux enfants du khalife, qui l’ont abreuvé d’injures quand il a voulu se rendre à Touba, malgré les contorsions rhétoriques imposées à Modou Kara, le seul capable de se livrer à ce jeu indigne. Le pouvoir d’Abdoulaye Wade s’est coupé de toutes ses bases, mais aussi de tous les relais qui assuraient sa survie. Tout ceci, pour dire que ce régime n’a jamais été aussi près de la chute. Tous les pouvoirs coupés de leurs soutiens populaires et mis au ban de la communauté internationale sont tombés en déchéance. Ce régime connaîtra le même sort. La séparation radicale du pays entre une masse de pauvres et une caste de riches brigands ne peut pas perdurer.
Il me faut, sur ce point, préciser une opinion que j’ai exprimée ailleurs. J’ai dit que nous sommes à la veille d’une révolution sociale. S’il nous faut l’envisager dans la sérénité, il nous faut prendre en compte un troisième acteur, notre Armée nationale. C’est en cela que j’ai déclaré que cette armée ne peut pas être étrangère aux convulsions de son peuple et que si elle est appelée à se ranger, elle doit le faire du côté du peuple souverain. En cela, je ne fais que reprendre Abdoulaye Wade, qui l’avait déclaré en 1988, avec plus d’éloquence. Pour y arriver, il nous faut rompre avec une certaine vision. Il nous faut nous engager pour des raisons républicaines et non pour des raisons électoralistes. Si l’opposition mettait autant d’efforts pour mobiliser les Sénégalais qu’elle en met pour se trouver un candidat unique, ces libéraux ne seraient pas là à nous narguer. Ce n’est pas Abdoulaye Wade qu’il nous faut combattre, c’est l’immobilisme des sénégalais. Je veux dire qu’il ne sert à rien de combattre un homme déjà battu. A l’intérieur comme à l’extérieur de son pays, ce président ne vaut plus rien. Sous son armure présidentielle ne subsiste qu’un fantôme. Mais il faut un petit effort pour le faire tomber.


SJD



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